Archives du 6 mai 2016
C’est le 6 mai 1976 que je voyais publiée la première photo de hockey que j’apportais à la rédaction de la Libre Belgique.
Oui, ça fait déjà un petit temps que j’arpente les terrains de hockey. Tout avait démarré presqu’en même temps. J’ai touché mon premier stick avec la Mineures 5 de la Rasante lors d’un match sur le terrain en boue et déchets de construction du RWDM, sous-loué par le Daring.
Fana de photo, j’avais pris quelques photos de la réserve du Relais qui jouait le samedi après-midi. Jacques Van Strydonck, le grand-père d’Elliott, avait vu les photos et m’a demandé de l’aider à développer et porter les photos à la rédaction qui se trouvait encore Boulevard Emile Jacqmain. Ce fut le début de l’aventure.
Au début, je recevais le film noir et blanc de Jacques et je plongeais dans la cave à charbon transformée en labo photo. Développement du film, fixation, séchage rapide et sélection des 10 meilleures photos à reproduire en format 18x24cm. Papier normal si le film ou la photo était bien exposé, papier dur pour du sur-exposé, papier doux pour du sous-exposé. Travail à l’agrandisseur durant une grosse heure. Puis galopade vers le centre pour affronter les choix des journalistes.
Celui qui était craint de tous, c’était Albert Le Maire, un jeune homme de 70 ans, loden vert, plume alerte et parfois acide, qui ne ratait jamais un arbitre qui sifflait mal. Il fut d’ailleurs président du comité d’arbitrage de l’ARBH et aura laissé des traces. Il ne fallait pas avoir peur de lui et tout se passait bien. Le choix se faisait entre lui et Bernard Van Rode, la cheville ouvrière de la rédaction sportive pour ce qui concerne le hockey. Avec Emile Bullens, il tenait à jour tous les classements à la main, sur des fiches papier qu’il fallait mettre à jour chaque semaine. Les deux compères tenaient également tous les résultats des tournois de tennis. De ce temps-là, la saison de hockey se terminait au moment où commençait celle de tennis. Internet n’existait pas et il y avait un centre des résultats tenu par un organe central, le tout fonctionnant par téléphone ou fax.
Pendant que Jacques faisait le match le plus important du week-end, j’allais voir un autre match et il arrivait que deux photos soit publiées sur la page hockey de La Libre, une page qui, elle, existait depuis des décennies.
Mon premier appareil version sport était un Nikon FM avec un 135mm 2.8. Le tout en manuel (on ne parlera d’autofocus que 10 à 15 ans plus tard). J’avais droit à 36 photos (quelques-unes de plus lorsque je roulais moi-même mes cartouches) et il s’agissait de bien viser; pas le droit à l’erreur. Le 135mm ne permettait pas d’être proche des phases de jeu et je me souviens avoir beaucoup couru le long des terrains pour tenter de ne rien rater.
La première photo parue avec mon aide fut une phase de jeu avec Jean-Claude Moraux ; malheureusement, le premier cahier avec ces photos s’est perdu et la première coupure de presse date d’un an plus tard, un match Belgique-France avec le papa Durchon et Philippe Verdussen (photo de tête de cet article). Très peu de dames dans la Libre, mais tout de même une dizaine de photos par an, dont celle des 90 matches sans défaites d’Uccle Sport (ci-dessus).
Ma première photo pour le journal de l’étage du dessus date du 13 novembre 1978 ; c’était le sommet Léopold-Uccle qui est paru dans le journal Les Sports, le supplément de la Dernière Heure.
J’ai connu un nombre respectable de journalistes qui ont fait leurs premières armes en passant par la rubrique hockey. Avec Albert Le Maire, il y avait donc Bernard Van Rode, mais aussi Jean-Claude Matgen, Jean-Claude Crustin, puis plus tard Patrice Goldberg, Patrick Haumont, Jean-François Jourdain, Laurent Bruvier, Fabrice Voogt, Martin Buxant, Renaud Hermal ou encore Olivier Schoonejans. Ils sont plusieurs dizaines à être passé par le hockey et j’en ai donc oublié beaucoup…
L’évolution du hockey dans la Libre a été constante et les autres médias s’en sont inspiré. En 2000, le passage au digital signifiait la fin de mon travail en chambre noire et le début d’une aventure bien plus confortable avec la transmission digitale des photos. Mais il ne faudra jamais oublier le travail de ces gens qui composaient encore les pages sur le marbre, en flashant les photos qui ne pouvaient être retouchées. C’était hier… enfin presque !
De ce temps-là, on commençait seulement à indiquer le nom du photographe (aujourd’hui, c’est obligatoire). A la rédaction des Sports, on savait que c’était quelqu’un d’en bas.. mais qui ? : X
Merci Philippe d’avoir réveillé tant de souvenirs. Mes parents étaient abonnés au Soir mais tous les lundis je me jetais sur La.Libre dont je ne partageais absolument pas les convictions mais sa rubrique hockey était parfaite. C’est aussi le premier quotidien qui s’est intéressé au hockey féminin et notamment à la Couoe de Belgique. Ton site okey.be a superbement pris la relève!
« un match sur le terrain en boue et déchets de construction du RWDM, sous-loué par le Daring » . J’imagine que ce terrain était également radioactif et que des poubelles servaient de goal? Ce dénigrement n’est pas nécessaire.
Il s’agit de l’état du terrain de Molenbeek en 1975…