Publié aux éditions Héraly en 1942, ce livre recueil intitulé « cent vedettes sportives belges » est une pépite. Ecrites par Camille-Jean Fichefet et Jacques Lecocq, deux journalistes que les anciens ont bien connu (Camille Fichefet et Luc Varenne étaient les stars du week-end sportif de la RTB, et Jacques Lecocq célèbre journaliste du journal Les Sports), ces nouvelles donnent sa place à tout ce qui se faisait de meilleur dans les années 40 et en activité au moment de la parution du livre.
Un peu de tout
Les différentes branches du sport y sont présentes. Athlétisme 9 dont Gaston Reif, Aviron 2, Jeu de balle 10, Basket-Ball 2, Boxe 11, Cyclisme 15 dont Jef Scherens et Sylvère Maes, Football 16 dont Arsène Vaillant, Hockey 7 dont Jean Enderlé, Lutte 1, Natation 6, Patinage 2, Poids & Haltères 1, Sports multiples 1, Tennis 15 dont Philippe Washer et Tennis de table 2 dont Max Kahn.
Cette liste reprend 100 noms qui sont venus sous les plumes des deux journalistes sans tenir compte des plus anciens qui ont fait l’histoire sportive de la Belgique. Les auteurs soulignent bien qu’il ne s’agit que d’une photographie instantanée de ce temps-là, sans valeur historique absolue. On remarquera le vocabulaire d’alors, parfois typique.
Pour nous hockeyeurs, voilà 7 noms qui « sortent » dans ce libre et sur lesquels nous venons un peu plus en détail. Nous reprenons des extraits de la présentation de chacun, sans autre commentaire. Vous verrez que ces sportifs sont plutôt polyvalents, et également des figures de notre sport. Cela reste un témoignage très précieux.
Jean Couteau
Couteau était gardien de but de l’équipe nationale belge, gardien, arrière ou extérieur du Daring. S’il n’était pas une vedette sportive, il se trouverait dans un recueil folklorique des plus joyeux types de Bruxellois. Portier pendant plus de 5 ans de l’équipe belge, il garde avec le même brio le but et le moral du Daring. Dans cette équipe, il a trouvé un solide groupe de confrères-larrons de la même trempe. Il ne suit pas à la lettre les prescriptions-types les plus sévères de l’entraînement sportif et défie avec une insolence magistrale les lois rigoureuses de la tempérance. Il emmenait d’ailleurs l’équipe nationale (qui réussissait de très beaux résultats) dans des randonnées mémorables. Son surnom : « Canif ».
Raymond Distave
Demi-centre de La Gantoise et international. Esprit cultivé, passionné de lettres et critique averti, bilingue distingué affublé d’un accent verviétois -ses origines-, Distave était à la Gantoise un excellent footballeur. Comme le championnat de foot était trop court à son goût, il alla alors sur le terrain d’à côté et déversait sa turbulence sur le hockey. A 17 ans, il devenait hockeyeur, passant de division 3 en Supérieure. Il fut sélectionné en équipe nationale B et 3 fois en A. Mais comme Gand était loin et que les sélectionneurs d’alors n’appréciaient pas tout ce qui venait de loin, il ne fut pas plus repris. Il joua 11 ans au hockey en faisant tout pour ramener La Gantoise en Supérieure. (ndlr : Raymond Distave participait aux JO de Berlin et fut président de l’ARBH.)
Jean Enderlé
Enderlé fut international et demi-centre de la Rasante. Il avait des aptitudes sportives exceptionnelles et dès ses 12-13 ans, il étonnait pour ses dispositions pour le tennis. Qu’il abandonnait pour le hockey, un peu par dilettantisme. Il débutait à 16 ans en Supérieure. A 18 ans, il était sélectionné en équipe nationale. En même temps, il poursuivait ses études de médecine. Il devint en même temps l’un des plus jeunes chauves de Belgique. Costaud de taille moyenne, il alliait puissance et souplesse. Il maîtrisait avec aisance les balles les plus vagabondes. Il possédait un flick puissant et habile. Il savait freiner à temps sa turbulence pour une attitude, une correction et une sportivité totale.
Jacques Putz
Demi-gauche du Racing et de l’équipe nationale, 48 fois international et capitaine du onze de Belgique. Putz est un homme de taille moyenne, plutôt petite, aux proportions joyeusement athlétiques, au corps sec et vigoureux. Il joue au hockey depuis 1926 et connaît à fond les ficelles du métier. Il avait débuté le hokey à l’athénée d’Ixelles; cela ne faisait pas plaisir à ses professeurs qui considéraient le sport comme une manifestation de turbulence insolite; Jacques Putz n’en avait cure et prouva à ses professeurs qu’on pouvait jouer au hockey et devenir plus tard chirurgien-dentiste de renom. Deux ans après son arrivée au hockey, en 1928, il était sélectionné en équipe nationale. Au Racing, il mène l’équipe des « rats » et est reconnu comme leur chef-mécanicien.
Georges Vallez
Vallez est un quadri-sportif. Arrière de l’équipe de Supérieure d’Uccle Sport, il est aussi vedette de l’équipe première de Basket du Racing, tête de série B en tennis et tête de série B de tennis de table. Vallez est un épicurien; sous des dehors costauds, de Bruxellois dodu et un peu empâté, il est un pur-sang nerveux. Au hockey, les compétences s’accordent à dire qu’il a une valeur voisine de la classe internationale. L’agenda de Vallez est infernal : samedi 15.00hr match de coupe du hockey à Anvers, 18.30hr Interclub de tennis à Energeia Bruxelles, dimanche à 9.30hr, interclub de tennis à Bruxelles, 11.30hr match de basket avec le Racing, à 16.00hr finale de coupe du hockey au Beerschot avec Uccle. En dehors de cela, il est un épicurien qui est restaurateur et qui adore les petits plats et le Bourgogne ou la Gueuze. Et il se soucie bien peu qu’on salue en lui un champion.
Pierre Verheyleweghen
Demo-droit et international, Verheyleweghen est un athlète de taille moyenne, blond au masque ferme, au geste résolu et au regard un peu dur. Il adore discuter le coup, parce qu’il sait que le hockey est un jeu d’équipe: il le fait avec passion. A 20 ans, il fiat partie de l’équipe nationale. A Uccle, on l’utilise un peu à tous les postes pour redynamiser l’équipe; mais c’est au demi-droit qu’il excelle. A 22 ans (en 1942), il devrait encore progresser.
André Waterkeyn
Avant-centre de la Rasante et de l’équipe nationale, il est, à 25 ans, occupé à terminer ses études d’ingénieur civil (ndlr : il construira l’Atomium). Il est un dribbleur virtuose, brillant dans l’art de la feinte et son sens du démarquage. Il a un shot sec et précis. Il aime le hockey mais de manière très peu démonstrative; il a l’air de jouer à contre-coeur. Détail caractéristique : il ne joue jamais de match amicaux, il estime que c’est ennuyeux et inintéressant. Waterkeyn est tellement connu et craint par ses adversaires qu’il est suivi et tenu de près; et quand il est accroché et bousculé, il n’a aucune réaction : il est imperturbable.
Le livre
Ce livre ne se trouve quasiment plus, si ce n’est chez des collectionneurs.Merci à mon brillant donateur.