Suite à l’article paru sur lalibre.be ce mercredi 27 décembre et que nous commentions dans cet autre article, des réactions sont venues pour compléter les informations parues au sein de ce rappel à l’histoire du club de la Rasante.
Le sportif explosé
Dans l’article de la DH et sur lalibre.be, l’histoire couvre les 100 ans d’histoire de la Rasante, mais qu’il faut bien couper en deux avec la fin de l’aventure fantastique à la rue Sombre. Il faut distinguer deux approches de la première histoire du club avec les volets sportifs et immobiliers. Au niveau sportif, la grosse scission qui est survenue en 1991 avec le départ de toute l’équipe première, lequel a signifié la mort rapide du club. Nous reviendrons ultérieurement sur ce drame sportif qui a explosé l’un des clubs mythiques de notre hockey belge. Au sortir d’un 17e titre chez les Messieurs et d’un 13e titre chez les Dames, d’une 11e coupe de Belgique chez les Messieurs et les Dames, les noyaux fanions ne supportaient plus le diktat du président d’alors. Mais c’est bien aussi la revente du club qui signifiait la perte du club.
Deux familles fondatrices
C’est en 1923, après une vingtaine d’années d’existence que la Rasante s’installait à la Ferme du Noyer à Woluwé-saint-Lambert. Marcel Campion et Paul Enderlé y mettaient de leur poche pour acheter la ferme et son terrain, lequel couvrait le bâtiment (une vraie ferme construite en 1776) jusqu’au terrain du bas tel qu’il fut connu jusqu’en mi-90. Campion et Enderlé rajoutaient ainsi un investissement à la société coopérative de la Rasante représentant 75% et 25% pour l’achat de la ferme.
Les deux compères avaient conclu un pacte de ne pas vendre les actions sans avoir consulté l’autre : un pacte qui assurait la pérennité du club. Le club allait se transformer au fil des années, s’étendant vers le haut avec deux nouveaux terrains qui appartenaient au CPAS de la Ville de Bruxelles. Marcel Campion décédait en 1957 et cédait ses parts à sa fille Claire, épouse de William Curtis ; leurs parts allaient plus tard à leur fils Daniel qui fut joueur de première dans les années 70-80. Quant aux parts de Paul Enderlé, elles allaient à ses fils Jean et Jacques, puis plus tard aux fils de Jean : Michel, Philippe et Yves Enderlé. Jean Enderlé fut sportif émérite, international -recordman des sélections- et capitaine de l’équipe belge et plus tard président de la section hockey du club.
Développement du club
Outre les parts initiales de Marcel Campion et Paul Enderlé, plusieurs mécènes continuèrent à apporter des fonds pour développer le club. Fin des années 1950, un apport de plus de 100.000 francs belges fut nécessaire pour construire le fameux tennis couvert adossé au corps de la ferme. La Rasante connut ses heures de gloire en organisant au milieu des années 60 un grand tournoi de tennis dont une des éditions fut remportée par Roy Emerson (n°1 mondial) face à Tom Okker : le gratin du tennis mondial était présent à la Rue Sombre. Ce tournoi était monté de toutes pièces par Lulu Rocher, une grande figure du club ; la compétition trouvait sa place entre Roland-Garros et Wimbledon.
L’arrivée de Max Kahn
Début des années 1980, Max Kahn Jr arrivait au club. Il était le fils de Max Kahn père, grand sportif, qui fut champion de tennis de table et champion de Belgique de hockey en 1962 avec le Victory. La seconde épouse de Max Sr, Michèle fut Stick d’Or en 1964. Max Kahn Jr apportait certains fonds et rachetait des parts de la coopérative qui étaient quelque peu dispersées après tous les investissements faits pour développer le site ; des noms très connus comme ceux de Georges Monard ou Guy Demeffe apparaissaient dans la liste des coopérateurs, garantissant la continuité du club. Devenu président de la Rasante, Max Kahn allait s’occuper de la gestion de la coopérative. Il s’apercevait de la valeur du club au niveau foncier alors que les actions de la coopérative affichaient une valeur de 500 francs belges. Quelle fut sa motivation lorsqu’il allait racheter les parts à plusieurs coopérateurs ? Lui seul peut répondre. Toujours est-il que ce fut la stupeur lorsque la famille Curtis (descendant de la famille Campion) lui revendit ses parts, lesquelles équivalaient à 40% du total de la coopérative : elles lui furent rachetées à une valeur de 1.500 francs belges. « Nous avons été très surpris de voir la promesse, le pacte, entre mon grand-père et Marcel Campion trahi. Et même surpris lorsque nous avons vu Max Kahn revendre ces actions à Aspria quelques semaines plus tard à une valeur de 5.000 francs belges », explique Yves Enderlé, un des héritiers de Paul Enderlé.
L’héritage Rasante
Le club de la Rasante était ainsi cédé à la chaîne anglaise Aspria et la Rasante était « fermée » en 1999 en attendant d’énormes travaux pour amener le club dans les normes de la fameuse société privée. Le club, tout en préservant la ferme, allait subir une transformation fondamentale. La section hockey pouvait-elle être sauvée ? Des tentatives allaient être entreprises. « Nous avons imaginé un partenariat et un accès aux terrains mais Aspria nous a expliqué que l’accès au club devait se faire via une carte de membre, que l’ambiance hockey était difficilement compatible avec celle du club plus « modérée », et nous sommes arrivés à la conclusion que l’entente entre les deux était impossible. »
En attendant, le club fermé en 99 allait être squatté pendant plusieurs mois et tout ce qui s’y trouvait a été pillé. Où sont partis les trophées et souvenirs du club ? Mystère. La commune de Woluwé-saint-Lambert, avec son échevine des sports Claudine Peeters et Eric Bott qui gérait le stade Fallon, ont trouvé une solution pour accueillir le club de hockey. Aspria a ouvert son club dénommé Aspria Royal La Rasante le vendredi 24 avril 2005. Le terrain synthétique numéro 3 qui existait toujours a vu un stage débuter à Pâques 2006. « C’était un stage pour les U12 ; dès le premier jour, on a arrêté car le terrain, tout à fait usé, était excessivement dangereux. » C’était la fin du hockey à l’ancienne Rasante, même si, ultérieurement, des rencontres de Ladies ont été jouées sur ce qui s’apparentait plus à un terrain en carton, tant il n’y avait plus un poil de vert sur la célèbre surface.
En 2007, Aspria revendait ses terrains à Cofinimmo, ainsi que le relevait La Libre dans cet article où un des points à l’ordre du jour de l’AG de la Rasante SA avait notamment à l’ordre du jour un changement de son objet social, qui était en résumé le « développement du goût du sport », et a été remplacé par « promotion immobilière ». Le bel héritage des Campion et Enderlé était bien loin d’une coopérative familiale imaginée par les deux familles et leurs amis.
Merci à Yves Enderlé pour ses souvenirs reconstitués.
Quel dommage,quel gâchis et quelle tristesse par rapport à mon club natif!
Très bonne année à tous néanmoins.
Daniel Frère
J’ai lu ton article intéressant sur la Rasante étant un habitant de Woluwe Saint Lambert depuis ma naissance 1958 jusqu’a 2020 ou j’ai déménagé a W.ST Pierre.
Pour en revenir a la rasante je n’ai jamais mis les pieds dans les infrastructures quand j’étais jeune, mais je sais (ma mère (enseignante a WST L) connaissais toutes les instances communale) que la commune avec le ou les bourgmestres Orban, Fallon, Jonnart, ou même Désir cette « vente d’une ASBL a une société privé » a fait grand bruit. Mais d’autres lieu appartenant a la commune son parti aux oubliettes comme le site d’Overijse (centre de plein air) fermé et abandonné pendant longtemps pour raison linguistique ou le centre qui ce trouvait au Coq lui aussi fermé pour des raisons financière.
Pour la Rasante c’est le problème de la mutation d’un sport amateur vers des financiers, changement de nom du stade…quand l’on voit ce qui ce passe avec l’Union St Gilloise ou le RWDM,? Le hockey a la chance qu’il n’existe pas un vivier important de bon joueur souvent mal utilisé ou en temps de jeu dans d’autres championnat qui viennent dans un autre championnat pour ce relancer
Bien dommage…