A 22 ans, en 3e Bac de gestion d’entreprise, Alexandre Peron a sauté sur l’occasion pour faire un Erasmus à l’étranger : une expérience inoubliable pour tous ceux qui sont passés par ce type de stage étudiant. Février 22, en route pour la Corée du Sud. Et tant pis pour cette année hockey qui avait bien commencé pour le jeune arbitre du Léopold, avec l’entrée en Nationale 1 Messieurs et en DH Dames comme arbitre national.
Ce qui l’attendait à Séoul.
« J’ai reçu les coordonnées de personnes du hockey via Laurine Delforge et arrivé là-bas, dans une communauté de 60 étudiants de toutes nationalités, je suis rentré en contact avec le monde du hockey coréen. »
Le contact, ou plutôt les contacts, se sont avérés très efficaces. Si bien que le jeune belge a sifflé des rencontres de championnat avec ni plus ni moins que l’arbitre Pro League Hyun Yung Kang, sifflet d’Or FIH en 2014 déjà et qui a donc une énorme carrière et expérience.
« J’ai été reçu et chapeauté par Shin Young Hi qui est très impliquée dans le sport; elle est ex-arbitre, vice-présidente du hockey coréen, vice-présidente pour l’Asie du comité hockey féminin, et vice-présidente au comité olympique de son pays. Elle m’a pris sous son aile. C’est génial. Et ça m’aide bien pour les langues car ici, leur anglais est loin d’être top; et mon coréen se limite à quelques mots. »
Un championnat limité
Le hockey coréen, s’il est bien placé au niveau mondial, n’est pas un grand sport dans ce pays. Il y a au total 5 clubs pour toute la Corée. Par contre, le hockey fait partie des sports pratiqués en université ; d’ailleurs le sport en général fait partie des études. Le hockey est très particulier. Les jeunes commencent le hockey à 18 ans et arrêtent à 30 ans. Il n’y a pas d’autres catégories telles que nous les connaissons ici en Europe. Tous les deux mois, les 5 clubs organisent un tournoi de 2 semaines duquel sort un champion. « C’est ce tournoi que j’arbitre. Le niveau est physiquement élevé et vaut une D2 de chez nous. Ces jeunes s’entraînent toute la journée. Leur hockey est rude; c’est leur mentalité. Mais quel respect et discipline. Ici pas de discussion, ça ne crie pas. J’ai dû adapter ma manière de siffler : je sifflais comme en Belgique et ça les a surpris plusieurs fois. Ils viennent vers moi, me demande respectueusement pourquoi j’ai sifflé et avec des gestes, je leur explique le pourquoi : ils acceptent bien sûr, et sans broncher. Ils sont interloqués de notre sévérité; eux sont très engagés, font de grosses fautes. Tout cela dans une discipline incroyable. Quand leur coach monte sur le terrain, ils s’arrêtent et le saluent. Les entraînements sont assez rythmés, avec des cris d’encouragements et des commandements qui viennent à tous les instants, en mode motivation. » Alexandre Peron a dû se mettre à leur niveau de sanction des fautes, en adaptant son arbitrage. Du côté de Hyun qui arbitre en Pro League, elle comprend l’arbitrage belge; les autres arbitres sifflent à la coréenne. « Les arbitres sont discrets, ils ne théâtralisent pas. Ils n’interrompent pas le jeu pour une carte et la montre discrètement au joueur qui s’en va sur la chaise. Les joueurs étaient fiers de se voir arbitrer par un Belge (sourire). »
Des stars
La vie à Séoul est assez libérale. La Covid n’a pas bouleversé les habitudes. Si le masque est de rigueur, le reste est bien géré. La Corée est un grand pays du hockey puisqu’il a remporté la coupe d’Asie récemment. « Cela a été une grande surprise pour tout le monde, alors que l’Inde aurait dû l’emporter. J’ai rencontré quelques stars ici, dont un joueur prénommé Young qui a joué en Hoofdklasse à Laren et qui connaît le Léopold. Dans mes arbitrages, j’ai sifflé quelques vedettes, dont le capitaine de l’équipe de Corée. Ils ont vu ma veste d’arbitre et du coup étaient impressionnés d’avoir un arbitre du pays champion du monde. Ils ont du respect pour nous. Au niveau langue, c’est plutôt limité mais ils connaissent tous les mots tactiques du hockey : full press, haf court, pressure…marrant ! »
Le sport est important pour la Corée. Peron est allé siffler le dernier championnat dans un énorme complexe sportif qui comprend de nombreux terrains, des salles, des stades, des piscines, etc. Il reviendra de son Erasmus avec des étoiles coréennes plein les yeux.