Georges Collignon montrait la jaune à un tout petit : ce jeune se reconnaît-il ? On a retrouvé le petit garçon à qui Georges Collignon donne la carte jaune : il s’agit de Philippe Simar Jr, l’Oréen et international U21. Le temps passe ! Retour sur une remarquable carrière d’un de nos plus grands arbitres, Georges Collignon.
Archive du 20 janvier 2017
Retour sur une remarquable carrière d’un de nos plus grands arbitres, Georges Collignon.
Il vient de fêter son anniversaire loin des terrains mais toujours très attentif à ce qui s’y passe. Né avant la moitié du siècle passé, Georges Collignon a officié près de 30 années en division 1 en y laissant une trace inoubliable.
Entre 1975 et 2004, il a baladé son imposante stature sur tous les terrains de Belgique en y laissant à chaque fois le meilleur de lui-même. Son autorité naturelle et la précision de ses décisions ont toujours été un de ses marques de fabrique. Georges Collignon a toujours su faire accepter ses décisions : « En 30 ans, je n’ai donné que 6 cartes rouges », se souvient-il. Les joueurs le respectaient il savait également se faire respecter. Collignon était un de ces hommes qui possédait une autorité naturelle, tout en ayant un sens aigu du contact humain. Il était d’ailleurs négociateur dans une grande entreprise belge et était un habitué des contacts avec les gens, les autorités, etc.
« Je ne pense pas qu’il soit utile de discuter l’arbitrage pendant un match. Avant ou après d’accord. Mais pas pendant. Je me souviens avoir accordé un but au Dragons contre le White Star. Coco Coudron me poursuivit alors pour réclamer une faute préalable ; je consulte mon collègue qui me signale n’avoir rien vu. J’accorde le but. Coco continue à rouspéter et je m’approche de lui pour lui dire que s’il continue, je le mets dehors. Il s’est alors retourné, s’est excusé et m’a serré la main. Ca c’est top ! On m’a toujours respecté et j’en suis reconnaissant aux joueurs. Oui, une fois à Louvain, ça s’est mal passé : Louvain recevait le Beerschot. C’était 1-1 et on était dans la dernière minute. J’ai laissé jouer une phase et le Bee avait marqué à la dernière seconde. J’ai quitté le terrain sous escorte. C’est le seul souvenir un peu chaud «
J’ai adoré l’arbitrage
Entamer une discussion avec Georges Collignon sur ses souvenirs de près de 600 rencontres en division 1 (l’actuelle Honneur), c’est ouvrir un grand album bourré d’anecdotes toutes aussi amusantes les unes que les autres. Collignon est l’arbitre qui a sifflé le plus grand nombre de finales du championnat de Belgique. Il a côtoyé des grands noms de l’histoire du sifflet : « Oui, les plus emblématiques se nommaient Van Beneden, Speleers, Dochy et Denis. On m’a sollicité à trois reprises pour me mettre sur la liste des arbitres coupe du Monde et Jeux Olympiques. J’ai dû refuser car je ne pouvais pas me libérer de mes obligations professionnelles. J’ai tout de même arbitré 54 matches internationaux en 10 ans. J’ai sifflé de Moscou à Barcelone. J’ai d’ailleurs reçu des Russes cette caricature avec mon sifflet en bouche : ils avaient remarqué que je courais toujours ainsi ! »
Si de ce temps-là, le Sifflet d’Or n’existait pas, Georges Collignon a pourtant été récompensé par le hockey belge : » Un soir, on m’a invité au Bois de la Cambre : tout le monde était là pour une fête et on m’a déclaré meilleur arbitre belge. »
« L’arbitrage a été une des passions de ma vie. Avec la pêche en mer que je pratique encore aujourd’hui », rajoute ce passionné qui suite encore le hockey via la télévision.
Des souvenirs en pagaille
Georges a de nombreux bons souvenirs à raconter. Comme ce fameux Uccle – Léopold. Le Léo était invaincu depuis belle lurette. » J’ai l’attaque de Uccle et sur le deuxième but d’Uccle, j’ai un souvenir d’une grande marque de Fair-Play. La balle arrive de la gauche et un joueur ucclois dévie la balle qui roule sur la ligne de but; selon moi, elle rentre de 5 centimètres et à ce moment-là, Daufresnes la retire du bout du stick. Je donne goal et ça fait 2-0 pour Uccle. » Douf » se retourne vers moi et me dit : tu as raison ! Un grand Monsieur !
Un de mes multiples bons souvenirs est cette finale de la coupe de Belgique au terme ma deuxième année d’arbitrage. J’ai eu l’honneur d’arbitrer à Uccle sport la finale Uccle – Beerschot avec un tout grand arbitre de l’époque « Georges Vandenberg » que je ne connaissais que de nom. Nous avons fait connaissance avant le match et je me demande toujours qui était le plus nerveux des deux avant la rencontre ? Moi, qui sifflait une grande première ou Georges VDB qui sifflait une finale avec (pour lui) un illustre inconnu. Cela s’est passé merveilleusement bien et ce match a vraiment lancé ma carrière. «
Quand on demande à Georges de raconter son plus mauvais souvenir, il doit chercher : » C’était en début de carrière, un match en nocturne au Dragons par une pluie horizontale et par vent de tempête, avec un éclairage faiblard à l’époque. Tant mon collègue que moi-même avons essayé de voir la balle durant 70 minutes. Il est je pense inutile d’énumérer les noms d’oiseaux lancés à notre égard. Au coup de sifflet final en rentrant au club house, j’ai convoqué les coaches des deux équipes et présenté nos excuses pour notre misérable prestation. Et miracle, le match s’étant terminé sur le score de un partout, les coaches respectifs ont accepté ceux-ci et nous avons bu le pot de l’amitié avec les deux équipes et les supporters. «
L’arbitrage aujourd’hui
Quand on le confronte avec l’arbitrage d’aujourd’hui, et le manque d’anciens dans la fonction, il constate : « Il est dommage qu’il y ait un manque d’anciens à ce jour dans notre championnat, car quand on aime l’arbitrage on continue, quitte à se faire jeter un moment donné. Quant aux jeunes, il faut les protéger. S’ils sont doués, il faut les faire accompagner par un coach qui les protège en cas de besoin. »
Un conseil aux jeunes : « Restez vous-mêmes ! » Un arbitre doit toujours être lui même et rester honnête. Ne jamais polémiquer avec les joueurs et ne jamais compenser.
Georges Collignon a vu arriver avec satisfaction (et regret de ne pas avoir pu en bénéficier) les oreillettes : « C’est vraiment bien ! C’est d’une grande utilité Quant à la vidéo, il faut voir… Oui, aujourd’hui tout va beaucoup plus vite, mais je ne crois pas que ce soit plus compliqué : il faut pouvoir s’adapter. »
Un souvenir formidable
Georges Collignon a également joué au hockey. Il fit partie d’une équipe de Mineures 1 de l’Herakles. Dont le nom fut les Dikkenekken … ça ne s’invente pas !
« J’étais gardien. J’ai connu des grands noms comme Wally De Laet, Philippe Hens, Fernand Raymakers, Roger De Bruyne, Olivier Ducarme ou Jacky De Vos. J’en garde un souvenir formidable. C’était une fameuse équipe. »