Tout est parti d’un fait de jeu assez inédit. Notre héros du jour, plutôt dégarni, arbitrait une rencontre de division supérieure lorsqu’un pigeon lui lâchait ce que vous pensez sur le sommet du crâne. La rencontre était télévisée et la séquence fut désormais un des clous des bêtisiers de l’année. Paul Prick, jamais en retard d’une occasion, sortait alors ce qu’il a appelé un don divin et désormais Alain Dochy s’appellerait Dieu.
« Paul, qui était un peu plus âgé que moi, était un vrai ami. Si j’ai fait une carrière comme vous la connaissez, c’est à lui que je la dois. » Né en 1947, Alain Dochy faisait ses premiers pas comme arbitre en 1969 après avoir fait en parallèle une carrière de gardien au Primerose : « Beaucoup de grands arbitres ont fait une carrière de gardien; ils voient mieux le jeu de l’arrière. Jacky Manneback (lui aussi gardien) m’a fait passer mon examen en 1969 et j’arbitrais mon premier match en Nationale 4 : c’était Banque Nationale-Avia au terrain de la Basilique. A la fin de la saison, je sifflais Pays-Bas – Allemagne. Je n’ai jamais compris ce qui m’arrivait. »
Alain Dochy avait donc franchi les portes de l’arbitrage international à toute vitesse. Il allait siffler une coupe du Monde, 2 coupe d’Europe, 2 coupes Intercontinentales, les Jeux de l’Amitié (tournoi international des pays de l’Est). « J’ai des souvenirs extraordinaires de ce tournoi. J’ai arbitré Pologne-Russie et ce fut hallucinant. Par contre les équipes de Cuba et de l’Allemagne de l’Est étaient composées de joueurs extrêmement gentils. J’ai gardé des contacts avec eux. » Dochy a sifflé plus d’une centaine de rencontres internationales (102) et a obtenu le Sifflet d’Or FIH : « Je l’ai offert à la présidente du comité olympique espagnol. Je n’aime pas trop ces distinctions. » Dochy a également sifflé hors du championnat belge : « Avec Paul Prick, nous allions régulièrement siffler en France. On formait une belle paire. J’ai aussi sifflé avec Georges Collignon, un arbitre génial. Nous avions une complicité extraordinaire. Je me souviens encore de ce France-Pakistan : fabuleux. »
Pour le plaisir
Alain Dochy était admiré ou craint. « J’ai eu des chouette contacts avec la majorité des joueurs et des clubs. J’aimais beaucoup -au hasard- le Léo, l’Herakles, la Gantoise; à Gand, j’ai connu des circonstances homériques avec Cisse Meyvaert. J’aimais bien ce club, on y mangeait très bien. J’ai toujours arbitré pour le plaisir. On m’a désigné pendant 20 ans pour les rencontres au sommet Uccle-Léopold et Léopold-Uccle. Mais j’aimais bien aussi siffler des rencontres plus bas; le jour où je suis allé à Temse avec Georges van den Bergh pour arbitrer Tamise-Indiana, ça a été la surprise pour eux, mais moi je me suis amusé. »
Responsable financier à la BBL, devenue ING, puis travaillant à la communauté européenne et finalement à la Région bruxelloise, il a toujours négocié pour pouvoir être libéré pour arbitrer. « Si je ne peux pas aller à un tournoi, je m’en vais. Ca s’est toujours bien passé. »
Arbitrer, c’est oser
Si Alain Dochy était aussi craint, c’est parce qu’il osait. Sa facilité à accorder un stroke était légendaire. « Oui et non. Une faute doit être sifflée. Je ne suis pas d’accord avec ces commentateurs du foot qui déclarent que si ce contact se passait au centre du terrain, il faut siffler faute, mais si c’est dans le rectangle, alors il n’y a pas penalty. S’il y a faute, il y a stroke, un point c’est tout. Est-ce parce que j’étais plus courageux que les autres, je ne sais pas. En arbitrage, il faut oser. » Du temps d’Alain Dochy, les arbitrés étaient plus âgés ; on voyait facilement la moyenne d’âge monter vers les 40 ans. « Je ne sais pas comment font les jeunes aujourd’hui. Il faut du temps; quand je rentrai du boulot, je me changeais et allais courir 5 km tous les soirs. J’ai une crainte que ces jeunes qui doivent beaucoup donner ne puissent pas durer. Pourront-ils combiner avec un métier, une famille, des enfants ? » Et Alain Dochy d’encore insister sur le plaisir qu’il prenait à arbitrer : « Je me suis toujours amusé, c’était le plus important. »
Effectivement, un arbitre comme il y en a eu trop peu …
Quand Alain ou Georges nous arbitrait, on était sûr de passer un bon moment et de pouvoir jouer au hockey.
Il ne manquait pas d’humour en plus, !!!
comme « Jacky »
Les prestations de Dieu comme gardien du Parc Woluwe sont passées à la trappe ?
Mon Dieu , c’est vrai !
J’ai eu le plaisir d’arbitrer un match de coupe du monde en 1986 avec Alain. Il en imposait par sa stature, son calme et sa détermination.
Alain Renaud
Que d’anecdotes et de bons souvenirs d’arbitrage avec Alain, dont mon premier match de D1 (la DH d’alors) au DRAGONS
Alain était juste et élégant dans son arbitrage.
Il appliquait aussi à merveille la règle de l’arbitrage.
Avec lui,on a aussi très vite compris qu’il ne fallait toucher le stick de l’adversaire dans le cercle!
Bravo pour ta carrière et fier d’avoir été arbitré par toi.
Je rappelle que tu étais « aussi » un peu hutois. 😏
Bien amicalement.
Albert Lecrenier.