« Suivez l’exemple du rugby ! » entend-on souvent, quand on parle de la propension du monde du hockey à rouspéter contre les arbitres.
Un match de hockey, c’est souvent un rapport de force entre joueurs et équipe, et quand il y a une faute, un autre rapport entre le joueur et l’arbitre; et même une négociation.
« Pas question de ça au rugby ! » Guillaume Mundele, ancien international de rugby et ex-coach national de rugby à 7, est catégorique. « L’arbitre ne tolère pas qu’on lui parle. On peut discuter mais on en paie le prix : les conséquences sont souvent directes. Si un joueur veut parler à l’arbitre, c’est non; seul le capitaine peut le faire : il lui demande l’autorisation et si l’arbitre la lui accorde, alors seulement, il peut lui adresser la parole. Autrement, n’importe qui parle à l’arbitre peut se voir proposer un petit tour sur le banc pour une dizaine de minutes, surtout s’il a reçu un avertissement au préalable. »
Le corps des arbitres vient des clubs et fonctionne à peu près comme au hockey. Ce corps est indépendant. Quand un joueur est sanctionné, il passe devant des comités juridictionnels qui sont impitoyables. Un match de haut niveau est sifflé par un arbitre principal, deux juges de ligne et pour les matchs importants par un arbitre vidéo. « Si un arbitre fait une erreur, ou hésite, il peut être appelé par ses assistants. Et cela peut même aller loin puisqu’une intervention de la vidéo peut arriver même un certain temps après la faute. Ainsi, pour un essai, il arrive parfois, alors que le joueur de l’équipe qui a marqué l’essai est occupé à préparer sa transformation, que l’arbitre lui dise que finalement l’essai est invalidé et qu’il ne doit plus tirer; entre les deux , il peut se passer 1 à 2 minutes. Et puis ce qui se passe aussi, c’est que l’arbitre peut revenir, même après la fin du match, sur une faute et sanctionner un joueur. Et si on a la vidéo, on peut encore revenir plus tard sur une faute commise par un joueur. Plus encore, si une équipe désire se plaindre pour une faute, il peut rentrer une réclamation sur base des images et la sanction peut venir plus tard dans la semaine. » Guillaume Mundele explique aussi qu’un arbitre peut aussi revenir sur sa décision. « Si un arbitre a un doute, ou sur chaque fois qu’un événement important arrive, il consulte automatiquement ses collègues. il y a une révision permanente des décisions de l’arbitre. Ainsi, après match, un arbitre peut revenir sur des décisions qu’il a prises pendant le match. » Le rugby est, semble-t-il, aussi compliqué que le hockey quant aux fautes et à leur interprétation. « On a simplifié les règles pour en faciliter la compréhension et leur application, notamment au niveau du public. Il faut absolument que le rugby soit accessible par tous, il en va de sa popularité et de son développement. Il faut que cela soit facile à arbitrer. Le rugby à XV a été aux JO, mais la finale a dégénéré. C’est via le rugby à VII, moins violent que le rugby est revenu aux JO en 2016. Si l’arbitre est bon et bien renseigné, il réagit très vite; s’il est moyen, la partie peut dégénérer. C’est un sport de contact, cela peut devenir un combat. Notre sport est clean, veut le rester et pour qu’il le reste, il faut un respect des règles… et des arbitres. »
Gentleman
Le rugby est considéré comme un sport de brutes disputé par des gentlemen. « Oui, on peut le dire. On monte sur le terrain pour y aller à fond. Mais après le match, on prend un verre avec l’adversaire. Notre 3e mi-temps est connue. Mais attention, si sur le terrain, il y a des dérives, tout le monde est là pour rectifier le tir. Les joueurs des deux camps sont là pour écarter ceux qui ne respectent pas les règles et l’esprit du jeu. Les sanctions peuvent être graves, jusqu’au bannissement à vie. Et il en va de même pour le public. Il arrive très souvent que les supporters du club adverse applaudissent les actions des joueurs d’en face. Et quand un spectateur commence à siffler l’adversaire, il y a tout de suite des voisins qui interviennent pour faire cesser les sifflets. Pendant un tir de transformation d’un essai de l’adversaire, tout le monde essaie que soit respecté au maximum un grand silence. »
Au vu de la structure du jeu, notre interlocuteur estime que le respect de l’arbitre est inéluctable. Et le Fair-Play fait partie du jeu. « Il y a un challenge Fair-Play et à chaque match sont attribués des points qui font l’objet d’un Trophée en fin de saison. C’est aussi le cas avec les parents qui sont au bord du terrain. Dès qu’un parent déborde un peu verbalement, il est souvent recadré par un autre parent. C’est une question d’éducation et de formation des parents. »