Cela fait déjà un certain temps que de nombreuses sportives ont publié une lettre pour défendre les dérives qui se passent dans leur monde, avec des différences incroyables entre les Hommes et les Femmes.
Parmi les signataires, on retrouve des hockeyeuses comme Jill Boon, Sofie Gierts, Laurine Delforge ou Joy Jouret. Cette dernière avait reçu un prix « Personnalité » aux Fair Play Awards pour avoir osé casser les codes et relever le défi d’entraîner l’équipe masculine du RHC Namur.
Balance ton sport
Jill Boon a participé à cette action ; elle retrace la démarche : « Ce sont Charline Van Snick et Lola Mansour qui avaient lancé le mouvement en relevant les différences de traitement que subissent les athlètes Femmes par rapport aux Hommes. Il était venu le moment de dire stop à cette différence. » Tous les domaines sont touchés et la plate-forme a pour ambition de défendre les sportives dans les discriminations qui leur sont faites.
« Toutes les athlètes ont subi un jour des agressions, des discriminations. Il y a des tas d’exemples comme Simone Biles en gym. La presse agit parfois de manière sexiste. Il y a malheureusement beaucoup de travail pour faire changer les mentalités. Le récent exemple du Paris-Roubaix cycliste est frappant : le vainqueur Sonny Colbrelli a touché 30.000 euros, alors que de son côté Lizzie Deignan, gagnante la veille en femmes, n’a touché que 1.535 euros. »
Le hockey aussi
Le hockey est considéré comme un bon élève. Avec ses valeurs de fair-play et de respect, sûr que nous sommes à l’abri de ces inégalités. « Le hockey n’est pas un si bon élève que cela. Prenons les Red Panthers. Les garçons ont bien plus facile que les filles. Tout est plus facile pour eux, même si je trouve que les Red Lions pourraient encore être bien mieux considérés. Chez les Red Panthers, les jeunes qui arrivent doivent payer leurs frais de déplacement. On lutte depuis des années pour faire changer cela. Cela coûte à ces jeunes, qui viennent par exemple des U21, un bon 250 euros par mois. On peut dire ce qu’on veut, mais les filles passent au second plan. Les budgets ne sont pas les mêmes. Prenons l’arbitrage. Les meilleurs arbitres sont d’office désignés pour les matchs de DH. Les seconds meilleurs sont aussi dirigés vers les Messieurs, les troisièmes meilleurs vont en DH Dames. C’est une question de priorité et on pousse nos arbitres élites vers les Messieurs, pas vers les Dames. »
Jill Boon souligne qu’il faut une volonté pour faire grandir notre hockey féminin. Elle n’est pas assez marquée : il y a moins de budget, il y a différence de priorité. « ll passe au second plan. Le mouvement lancé par la Fédé United Girl Power va dans le sens d’une reconnaissance mais il faut que tout le monde s’y mette. Au Racing, chaque équipe a un coach/entraîneur du top et pas un parent de passage. Il faut que tous les clubs fassent de même. »
Ouvrez la Libre
Jill Boon soutient qu’il y a un public pour le sport féminin. « Regardez le foot, le basket (les Belgian Cats sont un exemple frappant), le tennis. Le sport féminin, c’est 45% du monde du sport. Sa représentation : seulement 4%. Si le sport féminin ne vient pas dans les médias, on ne peut pas s’en sortir. Pas de visibilité, pas de soutien, pas de sponsors. » La Libre a soutenu le hockey féminin et est le seul média qui lui accorde une place tous les lundis. « Ouvrez les pages hockey et voyez la place qu’on lui donne. Ne parlons pas des autres médias. Ca résume tout. La petite fille qui débute le sport a besoin de référente pour progresser ; il faut des sportives de haut niveau qui puisse lui montrer l’exemple. »
Une personne de confiance
Pour lutter contre ces inégalités, pour représenter les joueuses, Jill Boon préconise une personne de confiance qui soit présente dans chaque club. « Pour les joueuses et les joueurs. Il faut les défendre contre ces inégalités, ces injustices. Ce sera une personne à qui l’on peut se confier et être représenté. Il y a du travail… »
Combien Jill a raison. Il faut que cela change vraiment.