Son retour annoncé il y a plus de deux mois avait fait gros effet dans le monde du hockey belge. Agustin Corradini avait déjà joué en Belgique il y a une dizaine d’année et entretemps, l’Argentin s’était forgé un joli palmarès de coach. Il avait déjà quitté la Belgique en offrant son premier titre de championnes aux Dames du Wellington.
Comme joueur
Il était arrivé des Pays-Bas pour quatre saisons au Wellington, puis pour jouer une dernière année au Léopold juste avant les JO de Londres. Il eut alors l’opportunité de travailler pour la Fédé argentine et il prit la balle au bond, s’occupant pendant 7 ans des équipes nationales jeunes jusqu’aux Dames A. « J’ai décidé de couper ma carrière même si on était qualifiés pour la première EHL avec le Léo. Je voulais coacher. »
Comme coach
Il débutait comme assistant-coach de Carlos Retegui en Messieurs, puis des U18 et U21 Boys et Girls. Il prenait ensuite la place de Retegui avec les Leonas pendant un an et demi.
Il fut champion du Monde U21 avec les Girls. « C’était une expérience extraordinaire. J’ai aussi retrouvé tous les gars avec qui on avait été champions du Monde en 2005 et que vous avez pu voir en Belgique : Rossi, Brunet, Vila, Ibarra Lopez, Bergner, lequel est d’ailleurs parrain de mon fils. » En 2019, il s’écartait du coaching pour devenir directeur du développement sportif de la province de Buenos Aires. « Un superbe poste, avec beaucoup de valeur. Et qui visait tous les sports. Mais le terrain me manquait et lorsque j’ai reçu un coup de fil du Léopold, j’ai réfléchi. J’en ai parlé avec mon chef et il a approuvé mon choix. »
Un projet de vie
Corradini est venu en Belgique bien plus que pour coacher : « C’est un projet de vie, m’installer avec ma famille, mon épouse (qui fut gardienne au hockey) et mon fils. Pour leur offrir de nouvelles perspectives, une autre culture. Je suis ici en Belgique pour 3 ans. Mon fils va débuter à l’école. Ils vont apprendre le français; on s’adapte très vite. Quand je suis arrivé en 2008, j’ai mis 3 mois à pouvoir parler un français de base. »
Le choix du Léo
Corradini a passé une année brillante au Léopold, il n’y a laissé que de bons souvenirs. Avant de venir en Belgique, il a étudié toutes les vidéos du dernier championnat afin d’apprendre à connaître l’équipe et chacun des joueurs. « Je voulais les connaître avant d’arriver. J’ai pris rendez-vous avec Robin Geens et on a longuement parlé de l’équipe. J’ai également la chance de pouvoir compter sur Thomas Van Den Balck qui continue comme T2. Je le connais pour avoir joué contre lui alors qu’il était au Watducks. De l’équipe actuelle, j’ai joué avec Arthur Verdu, Jojo (John Verdussen), Max (Plennevaux) et Dimi (Cuvelier). Bon, je les adore, mais il va falloir qu’ils oublient ça. Je vais avoir une position de professeur : et ils doivent pouvoir faire mieux que moi… »
Corradini a reçu une formation de coach mental et en a retenu ce côté encadrement mental indispensable pour une équipe.
Trois internationaux : Boon, Englebert et Vander Borght
Un des points d’achoppement entre le championnat et les équipes nationales est la disponibilité des joueurs. Le Léo a 3 « internationaux », moins que d’autres équipes. Cela n’ennuie pas Corradini qui est tourné vers les internationaux. « Il faut aider les équipes nationales. En Argentine, quand il y a un match de l’équipe nationale, le championnat continue, sans ses internationaux. C’est autre chose là-bas; ici, il y a interruption. Il faut y voir les avantages. Même si les joueurs reviennent blessés, il faut aussi voir que c’est un joueur du top et qui est d’un top niveau. » Corradini a déjà rencontré Jeroen Baart, le responsable des U21: « Le contact était très bon. »
Le nouveau coach du Léo pousse beaucoup à avoir des joueurs modèles dont les jeunes s’inspirent. « Les enfants cherchent ces modèles. »
Parler la même langue
Corradini souhaite parler la même langue que son équipe. « Je veux que moi et chacun des joueurs aillent dans la même direction au niveau du jeu. D’où la nécessité de beaucoup parler au début pour bien se comprendre. »
Le jeu devient plus physique : le minimum en la matière s’est fort élevé au cours des années. « Tout le monde s’est entraîné de plus en plus au cours des dernières années. Il faut que ton équipe suive le mouvement des autres équipes pour pouvoir rivaliser. Ca c’est le minimum. Après, il faut que la technique parle. Là où la différence va se faire, c’est au niveau du concept de jeu. » Le stratège argentin explique alors la différence entre tactique et concept de jeu : une explication très subtile. « La tactique, c’est où se placer, le concept, c’est comment on récupère la balle. Si j’avais mon pc, je pourrais t’expliquer. » Le mystère restera dans le PC et la tête d’Agus. « Thomas et moi, on a vu la faiblesse de l’équipe : on était tous les deux d’accord sur nos conclusions. Exemple : un joueur adverse ne peut pas rester plus de 3 ou 4 secondes seul. Ca veut dire que physiquement, tu dois être au minimum au niveau de l’autre équipe. »
Et de parler alors du talent pur du joueur : « Le talent ne suffit plus, il faut aussi le travail. »