La fin de la saison 2020-2021 n’est pas ressentie de la même manière si l’on est un Red Lion, un U10 ou un joueur de Mineure 4. Ou une Red Panther, une U12 ou une Ladies.
Les premiers ont joué toute l’année et ont d’ailleurs du prester d’une manière bien plus intense à cause des conditions de travail. Les jeunes de U7 à U12 ont pu jouer plusieurs rencontres de compétition et n’ont pas connu d’arrêt dans les entraînements, si ce n’est par les conditions hivernales. Par contre, les autres jeunes jusque U19 ont vu leur saison amputée d’une bonne moitié du temps. Mais que dire alors des Seniors?
Une saison quasi nulle
Les Nationales 1 à 3, les Régionales, les Mineures, les Masters, les Ladies n’ont eux eu que quelques occasions de fouler les terrains. Suivant la catégorie à laquelle ils appartiennent, ils ont en général moins d’entraînement que le tophockey ou les jeunes. Ou juste une heure par semaine… Au niveau journée de compétition, là, c’est vraiment le désert. En Nat 2 Messieurs, le Vivier d’Oie détient le pompon avec 3 rencontres devant le Parc, la Rasante et Linkebeek 4; en Dames, ce sont La Louvière (3 rencontres) et Huy (4) qui mènent le peloton des malheureuses. La moyenne générale semble être proche des 6 rencontres sur cette saison, soit un quart de ce à quoi une équipe doit s’attendre à prester. Pour la saison précédentes, la palette disponible pour pratiquer le hockey a été un peu plus élevée et on peut estimer que les Nationales, Régionales ou Mineures (qui regroupent ces Seniors qui s’estiment les plus touchés par le manque de hockey) ont pu bénéficier d’un premier tour quasi complet et d’une embryon de second tour.
Les clubs ont été sondés par l’ARBH et il en est sorti qu’ils ne désiraient pas prolonger la saison en juin, eu égard aux examens des étudiants. « N’empêche, c’est tout de même la Fédé qui fait le calendrier et qui est coincée par le calendrier des équipes nationales. Elle a donc une responsabilité dans cette organisation ; c’est bien elle qui stoppe ces championnats ! » Un argument un peu léger de la part de nos interlocuteurs mais qui souligne un certain manque de clarté dans la communication, les résultats de ces sondages n’ayant pas été rendus public.
Mal considérés
Pas mal de clubs ont fait le maximum possible en fonction des règles pour offrir à leur membres du hockey. Certains ont fait même plus en faisant preuve d’une énorme inventivité. Comme le disait le président de la THL, pour nos jeunes, nous aurons offert aux jeunes toutes les heures de hockey -du moins d’entraînement- qu’il nous était possible de donner (ce qui a entraîné un surcroit d’heures pour nos entraîneurs vu la restriction en nombre de jeunes sur le terrain) de manière à couvrir le montant de la cotisation et les heures de service qu’elle couvrait. »
Pour ce qui est des Seniors, malheureusement, ce n’est pas le cas. « Tu comprends bien que pour moi qui a joué 4 matchs cette saison, cela me la fait mal de débourser 600 euros de coti ! Avec quelques heures d’entraînement en plus et pas de vie de club… » Certains de nos interlocuteurs comprennent la situation mais regrettent la communication avec leur club : « Nous recevons à des moments fort malvenus (deux fois juste au reconfinement) des rappels de cotisation sans aucune explication. Nous voulons savoir à quoi correspondent ces sommes assez importantes alors que nous n’avons pas pu profiter de la vie de club. On nous dit que ce sont des coûts fixes, mais aucuns chiffres. Et pendant ce temps, nous payons les transferts de l’équipe première. » Tous les clubs n’ont pas ces réactions « cotisationelles » et certains offrent ou ont offert des réductions, notamment pour les Seniors de 18 à 28 ou 30 ans; d’autres ont prévu d’offrir des réductions sur deux ans. « Peut-être, mais pas dans notre club : on est vraiment très mal considérés, que des machine à fric pour la gloire du club. Et aucun effort de communication de leur part : ils s’en foutent. » D’un autre club est même venu la menace d’une black list, in extenso dans le mail : « Ils vont nous bloquer tant qu’on a pas tout payé, et nous empêcher de se désaffilier pour nous interdire d’aller dans un club plus accueillant et compréhensif. »
La solidarité prônée
C’est la fédération et les Ligues qui ont exhorté les membres à faire preuve de solidarité en les invitant à s’acquitter des cotisations. Les clubs francophones ont obtenu des aides du Ministre Glatigny à hauteur de 208.180,94 euros et de la LFH pour 150.000 euros; ce qui fait une somme de 13,80 euros par membre; cette somme sera rétrocédée au moment du règlement par les clubs du paiement des tranches de leur cotisation annuelle. Du côté néerlandophone, c’est similaire. Les clubs également demandent une solidarité sans laquelle ils risquent de se trouver dans de graves problèmes. Du côté de la Wallonie (mais cette somme d’argent devrait être également disponible en Flandres), le Ministre Crucke a trouvé un budget pour aider les clubs dans leur financement des infrastructures à raison de 40 euros par membre. Par contre, pour Bruxelles, c’est 0 euro, ce qui rend furieux les clubs bruxellois qui parlent clairement de « hockey à deux vitesses. » On relira avec intérêt la lettre ouverte du président du Léopold à ce sujet.
Rembourser ou pas ?
Certains nous ont fait part de l’intention de tout de même demander le remboursement de la cotisation, ou du moins d’une part de celle-ci, en estimant que le club n’a pas rempli sa mission ou n’a pas rendu les services auquel le membre s’attendait. « Cet argent est important pour moi car j’ai investi dans d’autres sports alternatifs autorisés. Je ne suis pas riche et cet effort financier est significatif dans mon budget annuel. » Les clubs n’ont pas envisagé de rembourser. Ce président précise que s’il doit rembourser ses membres, il fait faillite : « Nous n’avons plus de cash ! » Et il ne doit pas être le seul.
Les fameux frais fixes
Certains club ont fait l’effort de communiquer avec des chiffres. Notamment sur les frais fixes. De quoi s’agit-il ? Tout d’abord des frais d’entretien des clubs house, installations, entraineurs et personnel administratif, et des remboursements de prêts. Pour ce dernier poste, on peut compter logiquement sur un chiffre de 150.000 euros par an par terrain. Il est donc acquis que le simple fait de s’inscrire dans un club comporte une part qui est réservée au paiement du club lui-même. La participation aux entraînements, à la compétition, à l’encadrement est à compter en sus de ces frais fixes. Il y a lieu de faire une balance et de dissocier le simple fait d’être membre et d’être joueur. « Oui, mais ça jamais notre club ne nous l’a expliqué. Et lorsque j’entends parler d’un budget de 400.000 euros pour l’équipe première Messieurs, je ne suis pas sûr que ce financement ne se fait pas avec ma coti de Mineure. »
Pédagogie
L’appel des membres Seniors non élite est justifié et certains clubs l’ont compris. L’enjeu est important. Le nombre de Seniors non élite est d’environ 16.000; en comptant une cotisation de 450 euros, on arrive à un pot financier de 7,2 millions qui pourrait ou non faire l’objet d’un rabotage. Pour un club comme Louvain-la-Neuve, cela ferait une somme en jeu de 225.000 euros pour 500 membres seniors. Cela vaut le coup de faire preuve de pédagogie et de communiquer vers les membres la répartition des budgets et des différents postes dans la vie du club. La pilule serait plus facile à faire avaler.
Appel au politique
La Fédé dans son ensemble a déjà pu bénéficier de sommes appréciables pour aider à passer cette crise. Mais, et l’ensemble du monde sportif n’a pas manqué de crier au secours, ces montants sont trop léger pour constituer une aide correcte. Il n’est pas pensable que les clubs partent en faillite : tout comme pour le médical, il serait acceptable que les affiliés puissent bénéficier d’une aide, par exemple fiscale (déduction complète de la cotisation), pour permettre la pérennité de la pratique sportive, elle-même gage de santé.
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