Alerté par les avis trouvés dans divers articles sur notre site, le président d’Uccle Sport Luc Depré nous a fait part de ses idées sur le fair-play financier qu’il souhaite voir établi entre les clubs pour éviter des situations comme celles vécues aujourd’hui dans le monde du ballon rond. Il partage quelques idées qu’il veut constructives et qui sont autant de pièces à classer pour animer la réflexion.
Un problème institutionnel
Tous les clubs ne sont pas mis sur le même pied . Cette inégalité structurelle tire nécessairement certains clubs vers le haut, d’autres vers le bas. « Nous avons tous les mêmes objectifs : former la jeunesse au travers d’un sport et créer des équipes performantes. Mais selon que le club soit en Flandres, à Bruxelles ou en Wallonie, il ne part pas sur les mêmes bases financières. Certains clubs débutent l’année en devant payer 125.000 euros pour honorer les emprunts contractés pour les grandes infrastructures ; d’autres pas. Cela signifie que certains clubs ne peuvent pas affecter ces montants importants à la formation des jeunes et de leurs équipes. Je pense que l’ARBH doit mettre en œuvre une campagne auprès des responsables politiques régionaux, communautaires ou communaux pour que le sport soit soutenu de manière égalitaire dans chaque région ou communauté du pays. C’est un problème institutionnel qui dépasse les clubs. A terme, on pourrait voir se développer un hockey « à deux vitesses » à raison de cette inégalité institutionnelle. Or, notre sport a besoin d’un beau championnat avec des équipes vraiment concurrentielles entre elles d’où qu’elles viennent. »
Ne pas copier le foot
Luc Depré souligne la différence fondamentale qu’il y a entre le football, sport professionnel, et le hockey, sport amateur. « Un joueur de foot, c’est un actif. Il représente une somme d’argent qui se négocie. Au hockey, le joueur est un passif : il représente une dépense ; on le recrute à fonds perdu. On tente de nous mettre dans ce modèle foot « professionnel » alors qu’on y est pas du tout. Il n’y a pas ou peu de droits télé, il n’y a pas d’entrée payantes aux matchs dominicaux, les spectateurs ne participent pas aux frais du spectacle proposé alors que je suis assez persuadé qu’ils sont prêts à soutenir leur club de cette façon. »
A l’instar du foot, le décalage grandissant entre la DH et le reste des clubs devient une réalité que le président ucclois soulève. « Des clubs ont un budget d’équipe première de 500.000 euros, d’autres de 50.000 seulement. C’est un décalage qui interpelle. Faut-il mettre une limite au budget des équipes comme on le fait aux USA dans certains sports ? Faut-il limiter le nombre de joueurs étrangers pour mieux récompenser les clubs formateurs ? Si on laisse une complète liberté financière aux clubs, c’est la loi du plus fort financièrement qui va jouer et c’est dangereux, à terme, pour l’équilibre et la beauté de notre sport. »
Le support des sponsors
Une des voies de soutien des clubs, c’est le sponsoring. « C’est vrai, il faut que la société civile s’investisse dans notre sport, mais n’oublions pas que cela peut vite tourner et qu’un partenaire peut disparaître. Et c’est encore pire avec le mécénat. Dans de nombreux sports amateurs, on a trop d’exemples actuels de clubs qui sont construits sur des bases soit-disant solides et qui s’écroulent du jour au lendemain. L’image positive de notre sport devrait aider davantage les clubs à pérenniser leurs partenariats commerciaux à long terme mais la vraie richesse qui doit encore être valorisée, c’est la découverte des talents. Les pépites des écoles de jeunes, étoiles de demain, sont sur le terrain. »
Quel rôle pour la THL ?
La question que se pose Luc Depré concerne le statut du hockey. Doit-il rester amateur, ou va-t-il devenir professionnel ? « L’arrivée de la THL indique qu’une partie de ce notre sport se dirige vers le professionnalisme avec ses sources de revenus. Clairement, cette association a été créée parce qu’elle a un point de vue et des intérêts propres à faire valoir, différents des autres clubs. Le championnat actuel est organisé comme un championnat amateur. Mais en réalité, notre sport se trouve déjà dans une situation hybride. La THL va-t-elle créer un championnat « réservé » où les revenus seront partagés entre ses seuls associés ? Il est encore temps pour que l’ARBH, qui représente tous les clubs, ait cette réflexion permettant notamment aux clubs formateurs, non membres de la THL, de bénéficier aussi d’une partie de ces revenus. Agréger la majorité des moyens financiers entre les mains de quelques élus va déséquilibrer le marché. Cela ne sert à rien d’organiser un championnat avec quelques super-équipes et rien à côté. Va-t-on vivre au hockey les mêmes dérives que dans d’autres sports collectifs ? La question est posée peut-être à tort, peut-être à raison.»
La fameuse charte
L’ARBH a établi une charte pour les encadrements des équipes nationales. Justement pour défendre les petits clubs. « J’ai le sentiment que ce document a le bénéfice d’exister mais n’a pas modifié en profondeur le débauchage des jeunes. Faut-il protéger les clubs par une indemnité de formation ? C’est une question à se poser à nouveau au regard de ce qui vient d’être dit plus haut. S’il y a une concentration de moyens, ça déséquilibre le marché. Le hockey est dans une période de transition avec encore une majorité de clubs amateurs. Essayons de réussir un modèle sain propre à notre sport.»
Cher Monsieur Depré,
Je comprends parfaitement vos inquiétudes et vos interrogations.
Mais je pense que la situation actuelle découle d’un choix, à savoir nos ambitions au niveau international.
Le top 5 mondial a un prix.
Aujourd’hui, je pense qu’il n’est pas réaliste de croire que le hockey puisse être un sport amateur au niveau du championnat belge, tout en ambitionnant l’élite mondiale au niveau international.
Choix peu évident, en effet.
Le débat levé par le président d’Uccle est évident et le trou entre les clubs qui peuvent mettre de l’argent dans leur équipe première et le reste, soit entre 15 équipes messieurs et 10 équipes dames, et le reste des clubs est une évidence. Si bien sûr le hockey belge est entraîné par la fédération de hockey vers le top européen et mondial, il s’agit d’un choix de quelques-uns mais pas de tous. Il faut respecter ce choix et accepter le professionnalisme et l’impact de l’argent. Mais il faut aussi que l’ARBH n’oublie pas les autres clubs qui réalisent un travail tout aussi utile et que ce travail soit respecté et valorisé. On ne peut pas accepter que les petits clubs soient pillés par les grands.
Bravo pour la qualité de cet article. Vous levez un débat utile et j’espère lire plus tard une suite de la part de la fédé et des autres clubs
le football est passé par le fair play financier Le hockey doit y passer aussi.
Les sanctions de cette année en football sont exemplaires.
Il serait aussi intéressant de jeter un coup d’œil sur les caisses noires qui continuent à l’aise dans beaucoup de clubs.
Nombre de mécénat ne sont jamais enregistrés dans les comptabilités des clubs.
Tout cela fausse évidemment les compétitions.
Uccle Sport soulève des questions qui existent depuis bien trop longtemps et sur lesquelles personne n’ose se pencher …de peur du résultat.