Chaque fin de saison est l’occasion du déchirement pour deux équipes par division. Deux formations qui ont sans doute raté une année, par manque de suffisamment de ressources. Ces équipes sont souvent les mêmes qui font l’ascenseur depuis des années. « Trop faibles pour la DH, top fortes pour la D1 » : c’est en quelque sorte le résumé d’un problème qui coûte cher au hockey belge, dans son ensemble.
Cela fait des années que le problème est connu. Cela fait des années qu’on cherche des solutions. Et cela fait des années que certains clubs perdent de l’argent à tenter de se renforcer pour se maintenir ; cela fait des années que des joueurs et des joueuses perdent leur rythme en descendant dans une division qui est notoirement beaucoup plus faible que sa grande sœur.
Nous avons fait un petit tour de la question avec quelques acteurs, concernés ou pas, par la question.
Patrick Goldberg, responsable sportif du Beerschot, a connu la descente de son équipe Messieurs il y a quelques années. « Il a suffi de la poisse, de blessures, de piquets, de faits de jeu. Le soir même où nous sommes descendus, nous nous sommes tous réunis dans une des réunions les plus importantes da la vie du club. On a tout évalué, on s’est donné un an pour remonter en intégrant des jeunes ; si on ne remonte pas, on libère alors les joueurs – pas avant-. On n’était pas trop faible pour cette DH et on n’était pas trop faibles pour remonter illico ; cela s’est vérifié. » Qu’a fait le Bee ? Un maximum de matches d’entraînement contre des équipes de division Honneur. Et également renouveler l’équipe en intégrant des jeunes qui auront plus de possibilité de s’intégrer à une division plus facile d’accès. « Il fallait éviter la perte du rythme de DH. On a gardé le budget pour l’équipe, ça c’était important. Le fait de descendre en nationale 1, il y a moins de public, moins d’ambiance. Il y a une perte financière. »
En Dames, le trou est encore plus grand. « On a un noyau de 5 équipes qui se distingue des autres. Pour monter en division Honneur, on devrait effectuer 5 gros transferts pour avoir une chance de maintien ; là, on se dit que mettre dehors les filles qui ont joué toute la saison pour arriver à monter, c’est moche. » Ce que ne dit pas Patrick Goldberg, c’est qu’il faut également de l’argent pour attirer ces transferts et là, on atteint les limites du budget du club. Au Léopold, le constat est identique. L’équipe première Dames s’était bien renforcée et est redescendue pour un seul but de différence d’avec Louvain. Elle va remonter illico avec un boulevard d’avance sur le reste. Cédric Deleuze n’a pas de solution : « Il n’y a rien à faire d’autre que de demander aux filles de s’entraîner plus. C’est déjà un premier pas. Et peut-être remettre en place des barrages. Car effectivement la différence de rythme entre les deux divisions est énorme. »
La Nationale 1 constitue un bel exemple cette année pour illustrer l’objet de cet article. On est à peine aux trois-quarts de la compétition et les montants sont connus mathématiquement, aussi bien en Messieurs qu’en Dames. Ils étaient déjà connus logiquement depuis la moitié de la compétition.
Gaëtan Defalque craignait pourtant sa descente : « J’avais entendu que les équipes s’étaient toutes renforcées. Nous avions enregistré quelques départs que nous avons compensés par des jeunes du cru : cela a suffi. Et les autres équipes se sont avérées plus faibles que craint. Par contre, pour le maintien la saison prochaine, sans renforts sérieux, on ne se maintiendra pas. On a un très beau groupe, très jeune (21 ans de moyenne si en enlève les trois ‘vieux’). Oui, c’est une question de budget. Le budget du club est celui d’une équipe première du bas de classement DH. On n’est pas dans la même cour. Je me demande d’ailleurs comment ils font… »
Que faire ? Jouer sans les internationaux comme ça se fait dans certains pays ? Supprimer un descendant et rejouer des barrages ? Passer à 14 ? Defalque veut maintenir l’essence du sportif : « Il est logique d’avoir des descendants et des montants. Avoir moins d’équipes, certainement pas ; plus, oui sans doute. Pour nous jouer contre le Dragons, c’est positif. Il faut demander au Dragons si c’est pour eux du temps perdu que de jouer contre nous ; pas mal d’équipes du top ont perdu des plumes chez nous. A 8, donc avec 14 matches, une équipe du top pourrait rapidement se retrouver dans le bas. » On ne peut que donner raison au Nivellois : sur base des championnats passés, même le Dragons ou le Léopold auraient pu descendre en Nationale 1. « Il faudra voir ce que donne l’Open League et comment les joueurs vont se répartir. Il faudra voir aussi comment on protégera les jeunes qui ont été formés dans les grosses écoles de jeune et qui sont piqué par les autres clubs. »
Jeroen Baart risque de faire partie de ces clubs qui ont accumulé les malchances et qui devraient faire un stage en nationale 1. « On doit prendre exemple sur les Pays-Bas. Il y a un descendant et pour le reste, on fait un barrage à trois équipes : 11 contre 2 et 10 contre 3, en trois matches gagnants. Ainsi, on est sûr d’avoir de bonnes équipes en DH. Aujourd’hui, on a le Well qui est en –dessous du niveau mais pour le reste, toutes les équipes ont le niveau pour rester en DH. Il faut aussi protéger les bons joueurs des équipes qui descendent. A l’Antwerp, on a une équipe de joueurs de DH et donc il faut préserver ces noyaux. Passer à 14, oui éventuellement. Je suis pour jouer plus et même sur des périodes plus concentrées ; jouer vendredi et dimanche pourquoi pas, même si ce serait une perte pour le club house. Il faut juste éviter le problème des déplacements en semaine. Pour les petites équipes, il ne faut pas oublier qu’elles ont battu les grosses. Jouer des play-down avec deux ou trois matches gagnants, cela donnera des super-suspenses et comme aux Pays-Bas, il est possible que des équipes de nationale 1 qui se renforcent bien puissent créer la surprise. » On se souviendra effectivement des gros matches de barrages qui se déroulaient devant plus de 1.5000 spectateurs.
Alors : passer à 14 dès aujourd’hui ? La question est plus que jamais posée alors que le calendrier international exerce une pression en sens inverse. A suivre.
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