« Superbe, extraordinaire. Quelle joie ! Nous sommes vraiment heureux des résultats obtenus. » Le hockey est-il tombé sur la tête ?
Aussi bien en Belgique, mais surtout aux Pays-Bas, tout le monde se félicitait du succès obtenu par les équipes Dames et Messieurs lors des championnats d’Europe. Quatre médaille d’or pour les Néerlandais, 4 en argent pour les Belges, trois en bronze pour les Anglais. Lors des demi-finales des World League, victoire des Néerlandais, des Anglaises et des Belges. Super ! Bien joué !
Mais quelle catastrophe en terme d’universalité du hockey. Le hockey n’est-il réservé qu’à 3 pays ? Si on continue sur une telle voie, on en sera réduit à la notoriété du cyclo-cross qui, il y a quelques années, a vu le championnat du monde se terminer par le classement des 7 Belges engagés aux 7 premières places. Moralité : adieu TV, adieu JO, adieu développement du sport qui ne couvre finalement qu’un très petit nombre de pratiquants au niveau mondial.
Comment peut-on imaginer un sport mondial sans les grands pays de ce monde que sont la Russie, les USA, la France, la Chine. Et sans qu’aucun pays africain n’y ait une place.
La fédération européenne invite 8 pays par « division » à ses compétitions. Les matches Belgique-Allemagne se répète à l’envi, devenant lassants. Jouer entre grandes personnes ne laissera jamais l’occasion à un nouveau de venir goûter à ces jeux de grandes personnes. On rétorquera que si c’est pour obtenir des victoires par 12-0, autant rester à la maison : ne dramatisons pas ce genres de scores. Par contre, voir des pays qui font de gros efforts pour construire des équipes de bon niveau renvoyées un étage plus bas est dramatique. On en revient à la même problématique de ce qui était le sujet de l’article « il ne sert à rien de monter, ni de descendre« . Quand on organise une compétition, on pense bien sûr à la qualité mais aussi à la beauté du sport et à sa promotion. Et sur ce dernier plan, il y a un gros problème. Rappelons-nous de la Corée du Sud qui fut une des nations du top mondial mais dont la fédération ne comptait que 700 membres : bel exemple d’une bulle qui est en train d’éclater.
En quoi cela nous concerne-t-il ?
C’est l’avenir du hockey au niveau mondial qui se joue. Les fédérations organisent de plus en plus de compétitions internationales, poussant les pays à se professionnaliser. C’est ce qui se passe en Belgique. Avec comme conséquence d’exiger de plus en plus de moyens. De 3 à 4 millions d’Euros sont consacrés aux équipes nationales : la fédé est riche. Les clubs ne le sont pas, mais ils sont entraînés dans une folie dépensière. Mettre sur pied un grand événement coûte au minimum 1,5 à 2 millions d’Euros. Les clubs sont étouffés et ils sont obligés de créer une ligue professionnelle pour défendre leurs intérêts.
Les « petits » pays (donc, tous ceux qui en sont pas dans les 12 de la Pro League) viennent visiter les gros événements et repartent en disant : tout ça, c’est pas pour nous !
Le danger est que nous nous retrouvions dans une structure d’une dizaine de participants à la grande fête du hockey et que cette fête devienne tellement confidentielle qu’elle devienne un trou noir. Qui disparaîtra comme tous les trous noirs.
Génial votre article
Ceci est aussi valable au niveau des compétitions de jeunes et les résultats à Valencia des Juniors (U21) filles et garçons sont là pour nous le confirmer.
C’est aussi vrai en U16 et U18 au point que, si je ne me trompe pas, il n’y a plus désormais de Championnats d’Europe en U16 et que c’est remplacé par du Hockey 5 auquel ne participent ni les hollandais, allemands et britanniques.
Considérations plutôt pertinentes. Il n’en reste pas moins vrai que le hockey a une dimension culturelle forte. C’est un sport fortement anglo-saxon, discipline scolaire dans nombre de pays du common wealth, et finalement pas très latin. On aurait pu voir les pays scandinaves mais, réputés froids, ceux-ci ont développé le hockey sur glace. C’est vrai qu’il faut aussi des conditions climatiques particulières : difficile d’arroser un terrain mouillé là où l’on manque d’eau et hors de prix de s’acheter un synthétique de bon niveau dans des pays d’économie moyenne. Car le hockey nécessite des infrastructures très chères que beaucoup de clubs européens ne pourraient pas se permettre alors que le foot se joue sur une simple prairie. Bref, culture, climat et moyens financiers font que le hockey ne risque pas de se développer de sitôt au niveau planétaire. Ca ne l’empêchera pas de vivre – comme le rugby – dans un cercle limité de nations
C’est déjà la constatation que l’on faisait il y a 20 ans, en assistant de loin aux Champions Trophy et aux JO, « réservés » aux seules nations dite « grandes » du hockey.(Australie, Inde, Pakistan, Allemagne,…..) Les petits Belges étaient le nez à la fenêtre et ramassaient les casquettes dans les compétitions régionales. Maintenant que nous sommes sur la « grande » scène, comment tendre la main à ceux qui sont derrière la vitre (France, Suisse, Autriche, ….)?
D’une autre manière, le même fossé entre la DH et le reste des clubs…
Bravo Philippe, un édito sur un sujet de fond qui mérite une réflexion profonde pour l’avenir du hockey. Le Hockey Belge est sur un nuage mais où va le hockey mondial ?
Cher Philippe,
Il ne faut pas confondre les choses. Tu parles d’abord d’un championnat européen pour te plaindre que les pays Africains, l’ Etats Unis et la Chine ne sont pas là?
Si tu regardes que les championnats européens messieurs et Moins 21de ce siècle je crois qu’on a 6 pays medaillés. Pas si mal que ça, non?
Si tu regardes au niveau mondial il n’y a pas tellement de sports qui ont des pays dans le top mondial venant des 5 continents. Combien de sports peuvent dire, comme le hockey, que les pays du top 20 viennent de touts les continents. Ou si tu veux 4 continents dans le top 10 mondial. Au foot ce n’est que 2 continents…
Et il ne faut que regarder notre parcours à nous ici en Belgique pour constater que c’est tout à fait possible de « grandir » et prendre sa place parmi les top pays dans notre sport. Ou si tu veux regarde l’Irlande, médaille de bronze lors des championnats européens de 2015 et puis la participation aux Jeux…
Bien sûr le tout n’est pas idéal, on sait toujours faire mieux… mais ce n’est pas si mal que ça non plus!
Tu nous dit que les « petits » pays » du hockey viennent voir les grands tournois en disant : « tout ça, c’est pas pour nous »…
Et bien, moi je te dis que ces pays doivent choisir d’autres personnes pour parler de notre sport. Car un vrai sportif ne dirai jamais « c’est pas pour nous ». Un vrai sportif dirait « c’est ça mon rêve » et « que peux-je faire pour atteindre ce-niveau là »
Donc, c’était juste pour te dire que moi je suis plutôt optimiste !