A presque 54 ans, ce multi-entrepreneur vient de dire au revoir à sa fonction de responsable des équipes premières de Louvain. Le changement de direction du club a mis fin au mois de décembre à sa longue aventure à la tête du club d’Heverlee. En début de saison, il avait déjà annoncé son intention de passer la main et les circonstances ont fait que les choses se sont accélérées fin 2022.
Entraîneur physique
Le fils d’Etienne Van Lembergen suivait son papa T1 au Racing lors des entraînements de l’équipe Messieurs les mardi et jeudi soir. Il a donc été bercé par le hockey de ses 8 ans jusqu’à l’âge de 16 ans où il se dirige vers l’athlétisme. Il se fait remarquer rapidement en course où il courre le 100 mètres en 11 »1 : pour un scolaire, c’est prometteur. Malheureusement, il se blesse et est soigné très mal soigné avec des surdoses de cortisone. A l’âge de 19 ans, il doit abandonner le sport de compétition. Il revient au hockey en entraînant les jeunes et à 20 ans (en 1989), il devient T1 de l’équipe première Dames du Racing. Après 2 ans, il coache les Dames du Mechelse pendant 3 ans.« Quand tu restes le coach d’une équipe Dames pendant 5 ans, tu as mérité ton paradis (sans aucun sentiment sexiste, c’est juste plus complexe de coacher des dames); je passe alors chez les Messieurs de Woluwé en Div 2 avec des Simar, Magdaleyns, etc. En 2000, mon père changeait de club (on avait déménagé vers Louvain) et il a repris les Messieurs de Louvain; je devenais alors leur entraîneur physique avec l’expérience que j’ai eu de l’athlétisme de haut niveau. On s’entraînait à l’Ecole Européenne et à l’Oranje. J’avais un contrat assez bien payé. »
T2 puis T1
Un bon départ pour Gilles Van Lembergen qui après deux années dans le club, change de philosophie. « L’ambiance, le contexte fait que j’ai décidé de continuer dans le club à titre de bénévole. Je le faisais pour mon plaisir. » Il progresse alors dans la hiérarchie et devient T2 de Michel van den Boer puis de Norbert Nederlof; il coache même l’équipe lors de la première manche de la finale des play-offs alors que van den Boer est retenu à Kazan par le qualificatif Olympique Dames. « J’ai toujours été un homme de terrain. J’ai coaché également les Dames de Louvain lorsqu’elles sont remontées en DH. C’est alors que le club souhaite se doter d’un directeur sportif, concept qui n’était pas encore appliqué de manière spécifique. Mon père s’occupait de cela, notamment au niveau recrutement. C’était limité aux joueurs belges qu’il connaissait : il a attiré et fait exploser des joueurs comme Renaud Pangrazio ou Fabrice Bourdeaud’hui qui venaient de D2 (ce qui correspond à la Div 1 actuelle). »
Les étrangers de Louvain
Le club du président Jacques Lechat s’est fait remarquer dans le paysage des transferts en attirant des joueurs étrangers de renom. Le premier fut Blunk, un Allemand du top mondial qui est venu pour renforcer l’équipe uniquement pour le tour final (1998). Puis arrivée de la saga des Singh. « Oui, je m’en souviens, ils étaient arrivés en décembre et le terrain était recouvert de neige ; ils n’avait jamais vu de la neige. On est allé leur acheter des sous-vêtements thermiques. Avant ça, il y avait eu Juane Garreta qui était un transfert très réussi au niveau de son intégration dans la vie et la culture du club à côté de son apport au niveau sportif . Ces arrivées d’étrangers (Blunk et ensuite les Indiens) sont à la base de règlements qui ont été mis en vigueur pour encadrer ce phénomène. Pour ce qui me concerne, je suis arrivé après ces premiers appels à l’étranger; j’ai développé un réseau et j’ai introduit des étrangers dans nos équipes pour ne pas avoir à aller puiser dans les clubs belges. J’ai passé énormément de temps à visionner des cassettes vidéos, à contacter des clubs pour attirer des joueurs; c’était essentiellement des joueurs à potentiel quasi inconnus. On peut toujours à aller chercher des joueurs de renom et très chers. J’ai plutôt été chercher des joueurs qui se sont révélés. J’ai commencé avec des Polonais (les Mikula), des Français (Genestet, Deront); récemment, un Sam Lane s’est révélé chez nous-il est aujourd’hui à Oranje Rood et à été à mes yeux le meilleur joueur Néo-zélandais à la Coupe du Monde-. J’ai misé sur Pau Quemada qui se morfondait en Div 2 hollandaise et qui n’y était pas du tout: chez nous, il est devenu l’un des meilleurs au monde. Aujourd’hui, le croate Mucic se révèle. Trouver ces joueurs, cela demande énormément de temps : j’ai passé des nuits à visionner, au grand dam de mon épouse qui essayait de dormir (rires). Le seul joueur confirmé qu’on est allé chercher, c’est Simon Gougnard. »
Les souvenirs
En plus de 20 années à Leuven, Gilles Van Lembergen a accumulé les bons souvenirs. « J’ai en mémoire les PO et finales perdues, 9 au total, qui sont autant de bons souvenirs; on pensait que notre équipe allait descendre après les départs des Beunen, Collin, Dewamme etc. et finalement on est arrivés aux portes du top 4, puis dans ce top 4 pour finalement remporter le titre en 2008. Mais au-delà de ces succès en championnat, il y a le top 4 en EHL où Louvain a été le premier club belge à atteindre ce niveau : jouer devant un stade de 8.000 spectateurs est exceptionnel. » Gilles revient sur ses relations avec son père Etienne, récemment disparu. « Je pense que j’ai vu mon père 10 fois plus que la moyenne des gens. Mais c’était une relation particulière, en tant qu’assistant, responsable sportif, pas vraiment comme fils; c’était assez spécial. Sans le sport je n’aurais jamais eu ce privilège. Et puis je retiens aussi mon expérience humaine, avec des coachs comme Michel van den Boer ( stratège avant la période des analyses vidéo), Norbert Nederlof (une toute grand personnalité) et récemment Xavi Trenchs (un passionné sans retenue dans toute sa spécificité d’ancien gardien). Je dois aussi parler de Jacques Lechat : c’est une personne qui m’a fortement inspirée. Le sport, c’est mon projet social; j’ai sacrifié beaucoup de choses pour le hockey. Ca a été un mi-temps : l’humain a été important et j’ai gardé beaucoup d’amis dans le hockey, avec par exemple un Fabrice (Bourdeaud’hui). »
Dans les mauvais souvenirs, il garde la descente des Messieurs en Nat 1 : « On avait une équipe pour ne jamais descendre. Mais ce n’était pas une équipe : il y avait des bons joueurs qui jouaient pour le nom imprimé sur leur dos, pas pour le club et l’équipe; je pense porter une bonne part de responsabilité dans cet échec. L’année suivante, on remontait avec une bonne partie de U19 et un nombre limité de joueurs expérimentés : un vraiment bon souvenir, ça. »
A suivre…
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