Suite de l’entretien avec Gilles van Lembergen.
L’article précédent : Au revoir Louvain
L’ex-manager du club revient sur le développement du club de Louvain.
L’essor du club
« Il faut savoir qu’en 2008, on était un petit club avec 380 membres. Le club qui avait été au Sportkot, se trouvait à Kessel-Lo, et Norbert Nederlof disait que Louvain, c’était pas un club de hockey, c’était un terrain avec un grillage autour. Il fallait développer ce club avec une école de jeunes. Quand on a amené des étrangers, c’était bien sûr pour renforcer les équipes premières mais aussi pour encadrer les jeunes du club. Attention, aujourd’hui, on a bien sûr des étrangers expérimentés, mais on a aussi des jeunes. Mais il ne faut pas les intégrer trop vite car jouer au plus haut niveau, c’est très exigeant. Si on veut aller trop vite un nombre de jeunes talents décrochent . »
L’apport des étrangers
L’arrivée des Canadiennes en Belgique a apporté une souffle nouveau à l’équipe Dames de Louvain. « Ces joueuses venaient en Belgique pour se consacrer entièrement au hockey. Pour un jeune belge qui doit mener ses études en parallèle, lui demander de consacrer 20 ou 30 heures à entraîner, ce n’est pas possible. Aux étrangers, le leur demander, c’est du pain béni. D’abord pour eux, ensuite pour nos jeunes qui se voient encadrés par des top joueurs et joueuses, qui forment un lien avec les équipes premières. J’ai défendu cela comme un must. C’est vrai que cela demande des budgets mais, de tout façon, on devait prévoir ces budgets. Alors oui, il faut expliquer et c’est parfois lassant, fatigant de défendre cette position. »
L’arrivée du KHCL au top belge a permis de donner au club de la crédibilité au niveau de la Ville : « On arrivait avec une image de sérieux et cela nous a aidé pour entrer sur un nouveau site avec des installations de haut niveau. On voit aujourd’hui comme le site de Heverlee est splendide. »
On va vers une anémie
Gilles van Lembergen a vécu la croissance de son club qui frôle aujourd’hui les 1.200 membres. « Je pense que les grands clubs ne vont plus progresser et que l’augmentation du nombre de membres va passer par les petits et les nouveaux clubs. Je crois au contraire que les grands clubs vont vers une anémie et une perte de membres. C’est la proximité qui va permettre de recruter des membres mais pour les autres endroits où il y a une forte présence, on va vers une stabilisation ou vers une décroissance. Et il faut voir si les clubs sont prêts à cela : la politique actuelle est de se baser sur la croissance, pas sur une décroissance. Les cotisations aident à mettre les clubs plus à l’aise : que se passera-t-il si ce nombre de cotisations diminue ? Il y a là une grosse question à se poser. »
Des clients
Autre souci que met sur la table le dirigeant : le hockey comme offre de service et non comme club. « Auparavant, on venait au hockey en sachant que ce n’était pas seulement le jeune qui pratiquait un sport, mais aussi les parents qui participaient à la vie de l’équipe et de leur enfant. Aujourd’hui, avec le développement du hockey, on voit arriver des gens qui se considèrent comme des clients d’une association sportive et qui déposent leur enfant sans participer de manière active à la vie du club. Ils sont clients et paient pour un service. Notre hockey, ce n’est pas cela. En Hollande, la culture est très « verenigingsleven ». Chez nous c’est un peu différent; membre d’un club, ça veut dire participer, ça veut dire volontariat, faire des choses. Il y a un ADN du hockey qui se dilue avec l’arrivée de nouveaux membres qui n’ont pas cette culture. On voit tout doucement arriver dans les directions des gens qui n’ont pas connu tout ce cheminement. Parmi les dirigeants, il y en a qui ont commencé très tard, en Gents ou en Ladies, et qui n’ont pas connu toute la formation pour construire un hockeyeur ou une hockeyeuse. » La réduction du nombre de Belges dans nos championnats élites (remplacés par des étrangers qui ont contribué à l’augmentation sensible de la qualité du championnat Belge) constitue pour Van Lembergen une disparition du nombre de possibles dirigeants ayant connu le top « Je suis d’avis d’avoir dans la direction d’un club un ou des dirigeants qui connaissent le haut niveau car il faut pourvoir offrir des perspectives à tous les niveaux. Il y a des clubs de Nat 1 qui tentent depuis 20 ans, avec de très gros budgets, de monter en DH et qui n’y arrivent pas. Je suis pour construire une école de jeunes forte, mais il faut en même temps pouvoir proposer des équipes première de haut niveau. Sans quoi, les bons jeunes partent ailleurs. Et cela se passe de plus en plus tôt. » Il nomme des noms de club (sans les citer) qui jouent aujourd’hui ‘formateurs‘ mais se font piller par les autres gros cadors du championnat. « Diriger un club sportif, ce n’est pas la même chose que diriger des entreprises. »
Suite et fin de l’entretien demain…