Suite et fin de l’entretien avec Gilles Van Lembergen.
Les articles précédents : Au revoir Louvain et l’apport des étrangères
L’ex-manager du club parle de budget.
Crise financière
Les alertes de ce mois de février ont mis en avant une crise financière dans certains clubs. « Tout d’abord, il faut cesser de croire que le mécénat qui se pratiquait dans le temps est terminé, il existe toujours mais est devenu transparent et légal. Payer en noir, cela n’existe plus. Il y a actuellement des difficultés mais historiquement, il y a toujours eu des clubs qui étaient à la limite. Avec ce qui se passe aujourd’hui, il y a effectivement un danger avec une vision axée sur la croissance. On peut être en déficit et compter sur une croissance du nombre de membres la saison suivante. Aujourd’hui, il y a eu deux années sans bar qui, à Louvain, apporte beaucoup en termes de budget. »
La Licence entre en jeu : « Cette commission fait du bon boulot. Il n’y a eu à ce jour aucun club qui a reçu une red flag, c’est bon signe. Les réviseurs qui ont vu les comptes n’ont pas relevé de souci. L’ambition et la croissance demande du cash. Il faut voir comment on aborde la chose. Comme manager des équipes, on me donne un budget et depuis des années, je les ai toujours respectés; heureusement, je ne m’occupais pas des finances du club (sourire). »
500.000 pour le titre
Les chiffres du hockey ont tout doucement fait surface et il est normalement admis que pour jouer dans le ventre mou de la DH Messieurs, il faut 300 milles euros comme budget de l’équipe, 400 milles pour un top 4 et 500 milles pour le titre. « Oui, ça me semble des chiffres réalistes quand on voit le staff qu’il faut rémunérer, les joueurs et toute la logistique autour. Il faut se dire ce que l’on veut; il faut payer des professionnels. Et comme on a une charge fiscale de 56% en Belgique, on voit ce que les prestataires auront réellement en poche et ce que coûte la professionnalisation. Dans le temps, on avait des membres qui assuraient l’encadrement; aujourd’hui avec la croissance, il faut de l’encadrement ‘pro’ pour compléter ce manque de membres autrefois bénévoles et compétents. D’où l’intérêt de recruter des étrangers qui jouent en première et qui assurent le cadre chez les jeunes. »
Le village d’Astérix
Tous les clubs de DH n’ont pas les budgets annoncés plus haut. Namur et l’Old Club (il y a 3 ans, pour prendre deux exemples intéressants) étaient ces clubs sans budget pour les joueurs. « L’Old Club, c’est comme le village d’Astérix. Ils ont une potion magique qui fait qu’ils amènent une équipe compétitive en DH sans budget. Ce doit être au mental qu’ils s’imposent. C’est justement l’ardeur des Liégeois, je ne sais pas comment ils font mais chapeau. Quant à Namur qui est redescendu et se trouve assez bas, ça c’est une situation logique, mais je ne dis pas qu’ils méritent cela. C’est pour ça que je dis de l’Old Club que c’est le village d’Astérix. » Van Lembergen rappelle aussi que Louvain a connu aussi des passes moins brillantes. « Nous avons aussi eu des situations plus compliquées avec des gros départs. Mais on est revenu avec une vision et des budgets. »
Un magnifique projet
La THL est un projet qui rencontre les idées de notre interlocuteur. « Il faut dans chaque club quelqu’un qui représente les idées des clubs de DH auprès de l’ARBH. La Fédé fait bien ce qu’elle doit faire au niveau des équipe nationales : on voit le résultat. Certes, ce seraient les Ligues qui devraient défendre les clubs en mettant la pression sur la Fédé. Le championnat national était devenu une période de deux fois deux ou trois mois et pour les clubs, c’était devenu une aberration. La THL a bien débuté mais elle doit encore aller plus loin. ION, le nouveau sponsor de la THL, a fait une affaire en or en soutenant le championnat de Belgique; cette société est maintenant connue partout en Belgique, en partie au travers du hockey. La THL doit aller vers d’autres partenaires possibles en montrant le succès remporté par ION qui a décroché un Award avec son partenariat. Au sein des clubs, il faut un délégué THL pour aider leur travail : il y a un potentiel énorme. Et puis attention, la THL ne défend que le championnat de division Honneur ! Pour les autres clubs, il n’y a plus rien. Précédemment, on avait les délégués de division qui siégeaient au sein du conseil d’administration de la Fédé. Aujourd’hui, ils ont tout juste le droit de lever la main une fois par an pour voter à l’assemblée générale; c’est tout. Les clubs versent chaque année une somme considérable à la Fédé pour donner leur avis une fois par an. Il faut leur donner ‘value for money’. Que reçoivent-ils de leur cotisation : le calendrier, c’est tout. C’est peu! J’entends que, depuis de début du mandat de Patrick Keusters, des initiatives voient le jour pour trouver des solutions à cette réalité. Il faudra encore un peu de temps pour voir et sentir des résultats concrets. »
Et d’autres domaines
Il y a également d’autres problématiques. Les arbitres, les médias : « On paye autant un arbitre officiant au niveau le plus bas des championnats qu’un arbitre en DH. Un arbitre n’est pas réellement évalué: s’il passe à côté de son match, il peut même revenir le week-end suivant sans arbitrer un des 2 clubs du la semaine précédente. Les arbitres nationaux ne devraient pas être affiliés à des clubs. Ils devraient constituer une cellule autonome comme dans d’autres sports d’équipe. Au niveau des médias, il est indispensable de se développer au niveau de la presse flamande. On parle parfois plus d’un match de division 4 du FC Poelkapelle que d’un match des champions olympique de hockey. Il y a là des sujets qui doivent être pris en main. »
Partir à temps
Gilles Van Lembergen ne voulait pas rester plus de 20 ans dans la fonction qu’il a occupée; finalement, cela aura duré 22 ans et demi. « Je voulais partir en laissant une situation préparée pour la suite. Cela ne s’est pas déroulé ainsi car la passation s’est passée un peu plus vite que prévu. .Il y a également un groupe d’anciens qui s’est doucement désengagé ces mois de la gestion du club. Ce groupe, que j’appellerais les dinosaures du club (les Larcier, Van Kerckhove, Georgis, Lechat et moi ), étaient un peu là pour transmettre les valeurs et l’ADN du club, notamment avec le comité. Je souhaite le meilleur à la nouvelle génération et que ce club continue à rencontrer le succès auquel mon père et moi avons donné une grande partie de notre vie. »
Echange intéressant, comme celui avec Philippe Clément.
C’est génial d’avoir ces articles « backstage » avec des dirigeants, merci pour ça.