Retrouvé par Frédéric de Stoop, cet article dans le journal Le Matin qui sortait un numéro spécial pour son cinquantième anniversaire : il reprend l’histoire du Beerschot. Cet article se trouvait aux pages 200 et 201 du numéro spécial.
Le Beerschot H.C
L’origine de la section de hockey du Beerschot est intimement liée aux débuts du hockey en Belgique. C’est en effet à Anvers en 1902 que se placent les premiers balbutiements de ce sport, ou plutôt de son ancêtre. Car c’est en réalité le “bandy”, en honneur à cette époque en Hollande, qui fut le premier pratiqué par un petit groupe de sportifs anversois qui s’exerçaient sur le terrain du vélodrome de Zurenborg. Il y avait là, notamment, Rob. Gevers, A. Maus, J. Meeus, et c’était un négociant hollandaise établi à Anvers, Baron, qui leur avait donné l’idée de jouer et qui leur apprit les rudiments du nouveau sport. Le bandy se distinguait du hockey tel qu’il était pratiqué en Angleterre, par l’emploi d’une balle plus grande et d’un stick autrement conformé qui permettait de frapper la balle des deux côtés.
Nos pionniers étant tous membres du Beerschot, club de football et de tennis, y transportèrent leur nouvelle activité dès la saison suivante, faisant en même temps de nouveaux adeptes tels que F. de Montigny, M. Berré, M. Verhoustraeten. Quelques joueurs britanniques vinrent compléter l’équipe qui, faute d’adversaires en Belgique, ne rencontra pendant la première saison que des formations hollandaises. C’est vers cette époque que, une équipe anglaise se formant à Bruxelles, nos Beerschotmen, certains cette fois de trouver des adversaires, abandonnèrent le bandy pour le hockey proprement dit.
On peut considérer que c’est en 1904 que commença la première saison de hockey du B.H.C. et le tout premier match fut perdu par la marque de 1 à 6, le 30-11-04, contre le Amsterdam Bandy en Hockey Club. Quatre autres parties furent livrées contre des équipes étrangères, se soldant toutes par des défaites, et une contre le Collège de Bruges, nouveau venu au hockey. Les rencontres mixtes furent déjà en honneur et Mlles Tonnelier, Stevens, Young, Fitzgerald et Mrs. Evan Thomas vinrent parfois s’aligner dans nos teams.
Au cours des saisons 1905/6, le Beerschot disputa la plupart de ses matches contre des équipes hollandaises et contre le Brussels H.C., et parvint plus d’une fois à venger ses échecs de la période héroïque. Pâques 1908 voit le jeune club se lancer dans l’organisation d’un grand tournoi international : des invitations sont lancés en Angleterre, en Hollande, en Allemagne et en France. Cette initiative est couronnée de succès, les résultats le prouvent. De nouvelles vedettes commencent à percer : Guiette, P. Tinchant, A. Verhoustraeten. Le club s’étoffe, on voit apparaître de nouveaux noms tells que W. Grisar, Guyot, Bernard, Y. Maquinay, Gerling, André Gevers. Ce dernier exerce les fonctions de secrétaire et sera l’âme du club jusqu’après la guerre.
En 1909, le hockey a définitivement acquis droit de cité en Belgique, et est pratiqué par le B.H.C., le Brussels, le Léo, l’Excelsior de Bruxelles, le Collège de Bruges, le Van Neste Hockey Genootschap (Ostende)
et le Ostend H.C. Le Beerschot affiche une supériorité marquée et remporte cette année la coupe de Noël et celle de Pâques, cette dernière organisée à Ostende.
Au cours des saisons qui suivent, il partagera du reste avec le Brussels la suprématie sur les autres équipes belges, fournissant notamment de nombreux joueurs à l’équipe nationale qui débute en 1910 par une défaite (0-13) contre l’Angleterre et une victoire par (5-3) sur l’Allemagne. Quatre Beerschotmen font partie de l’équipe nationale qui, en 1912, bat par 6-2 la France, à Bruxelles : ce sont P. Tinchant (back), Ch. Guiette (centre-half), Robert Gevers (centre-avant) et F. de Montigny (extérieur). Pleine d’allant, l’équipe anversoise, non contente de faire en province de nombreux déplacements et de jouer des rencontres de propagande, ne craint pas de se rendre à l’étranger, notamment à Paris et en Angleterre. Il est piquant de constater qu’étant à ce moment la meilleure équipe belge, le Beerschot encaisse en 1913, à Richmond, Cambridge et Beckenham, trois contestés, mais quelle bonne leçon pour les élèves… et que de bons souvenirs on rapporte de ces voyages!
La grande tourmente de 1914-18 interrompt en Belgique l’activité sportive et fait des ravages dans les rangs des hockeyeurs du Beerschot : Max Karcher, Fr. Et R. Maquinay et A. Verhoustraeten tombent au service de la patrie. Cependant, dès l’armistice, de nombreux jeunes Beerschotmen sont prêts à reprendre le flambeau et la section de hockey ne tarde pas à repartir avec enthousiasme. C’est en profondeur que le club se développe pendant cette période de renouveau et les efforts déployés par les anciens pour former des jeunes porteront des fruits magnifiques quelques années plus tard.
Les Jeux Olympiques d’Anvers en 1920 constituent un merveilleux stimulant pour les jeunes sportifs anversois. L’organisation de l’épreuve de hockey est confiée au Beerschot qui s’en acquitte à son honneur.
C’est à cette occasion que l’on voit apparaître pour la première fois dans l’équipe nationale belge les noms de trois jeunes du B.H.C. qui marqueront de leur sceau toute la période qui suivra. Ce sont Maurice Van d’en Bemden, Louis Diercksens et Delelienne. Trois anciens sont toujours présents : Guiette, F. De Montigny et Robert Gevers.
Les trois premiers contribueront à faire définitivement du Beerschot un “Grand Club” et le mèneront de 1923 à 1928 à la conquête de plus d’un titre. Pendant ce laps de temps, L. Diercxsens représentera 14 fois la Belgique – ce qui constitue le record de l’époque-, Delelienne 13 fois et M. van den Bemden, X. Peten et Gibbon qui, lui, deviendra un peu plus tard l’étoile de l’attaque. Le Beerschot compte alors deux équipes messieurs et une équipe “dames” qui toutes, se classent en bonne place dans leurs divisions respectives. D’un grand éclectisme dans le choix de ses adversaires, il déplace souvent ses équipes en province ou à l’étranger. Ainsi, par exemple, depuis 1920, l’équipe mixte va chaque année rencontrer, le 11 novembre, à Malmédy, l’équipe locale messieurs.
La saison 1924-25 voit la consécration officielle du Club du Kiel qui remporte son premier championnat de Supérieure devant le Racing de Bruxelles, sans perdre un seul match et avec un goal average de 56-4! En outre, il gagne la première Coupe de Belgique à Namur en battant le Racing par 2-1, ainsi que la Coupe Gyselinck (division II) et la Coupe des Espoirs. Enfin, des déplacements à La Haye et Lille lui valent encore des succès. En 1926, ne terminant que 3ee en championnat, nos beerschotmen remportent cependant une nouvelle fois la Coupe de Belgique, qu’ils s’adjugent définitivement la saison suivante en la gagnant pour la troisième fois consécutivement. En cette même année 1927, ils font un nouveau doublé en gagnant le championnat devant le Racing et la Rasante.
L’année 1928 voit une vigoureuse poussée de jeunes sous l’impulsion enthousiaste de J. Schul qui fait un recrutement intensif. De la troisième qu’il commande, sortiront les Geelhand, Croonenberghs, Wouters, etc. Ces années sont cependant difficiles, car les anciens ne sont plus à leur apogée et les jeunes n’ont pas encore complètement percé; aussi, en 1931, est-ce presque la culbute ! Robert Marsily reprend heureusement le secrétariat et va insuffler à la section son magnifique dynamisme, à tel point que l’année suivante, c’est le gain du championnat grâce à la forme extraordinaire des J. Williams, Gibbon, P. Geelhand, De Deken et Van Reyschoot. Cette année-là, quoique champion de Belgique, le Beerschot n’a pas un seul représentant dans l’équipe nationale qu’il bat du reste à l’entraînement, au cours d’un match mémorable disputé au Kiel! En 1934, année où Robert Marsily cède ses fonctions à Charles Dykmans, le B.H.C. remporte une nouvelle victoire en championnat de Belgique. Le comité s’attaque de front au problème des jeunes et les scolaires sont particulièrement soignés, grâce à la prospection active de P. van Doosselaere et à l’entraînement réfléchi et assidu que leur impose P. Geelhand. Il n’est pas rare à cette époque de voir, le samedi après-midi, sur le terrain B, une trentaine de jeunes faire des “ronds” et des passes redoubles, sous la direction de leur coach dévoué. La culture physique n’est pas non plus négligée. C’est cette année que Louis De Deken termine en beauté contre l’Angleterre sa brillante carrière d’international (17 fois) comme centre-demi et capitaine de l’équipe belge. A partir de ce moment, le Beerschot sera régulièrement représenté dans l’équipe nationale par J. de Bom, R. Croonenberghs (14 fois) et Pierre Geelhand (17). Ce dernier reprend la succession de Diercxsens – qui représenta 32 fois la Belgique – comme le joueur le plus scientifique et le plus intelligent de Belgique. De mémorables déplacements à l’étranger illustrent cette période: Lille, Paris à Pâques 1937 et enfin Hambourg. Et puis, c’est la mobilisation qui amenuise les effectifs, et la guerre. Le club a la chance d’être épargné et ne souffre pas dans ses effectifs. Cependant, peu après, Jean de Bom est tué dans des circonstances tragiques. Pour perpétuer la mémoire de ce charmant ami et brillant joueur, le Beerschot crée le Challenge qui porte son nom, et qui sera disputé la première fois en 1941. Sous la présidence de Manu Wauters, qui occupe ce poste depuis de nombreuses années déjà et le secrétariat du bouillant Et. Havenith, le Beerschot connaîtra de beaux succès en 1942, année où une nouvelle fois il est champion, et surtout en 1944, saison qui le voit remporter à la fois les championnats de messieurs Supérieure et Division II et des dames Div. I. Quel Beerschotman ne se souvient encore du dernier match de la saison 1944, véritable finale du championnat de Supérieure gagné à la Rasante après une lutte épique, grâce surtout au brio des deux anciens P. Geelhand et R. Croonenberghs ?
Hélas! si la campagne de 1950 l’a épargné, celles de 1944 et 45 vont toucher le Club du Kiel avec une sévérité exceptionnelle. Une véritable hécatombe ravage ses effectifs en frappant le meilleur de ses joueurs. Un ancien chargé de gloire est enlevé, et avec lui une cohorte de neuf joueurs de moins de 25 ans. L’ancien, c’est Louis De Deken, membre du Comité central, capitaine de l’équipe belge, celui qui partout où il a promené son stick était considéré comme le modèle de la loyauté sportive. Et parmi tous ces jeunes, avenir du club, qui tombent les uns au champ d’honneur, les autres victimes de la barbarie allemande, il y a Mlle A.-M. Raymakers, Michel Gerling, Jack van den Bemden, Tito Uietta, Paul et Bill Kreglinger, Othon Geelhand, Philippe Speth et Philippe Morren. En outre, Jack Delbeke, jeune et brillant centre-demi de Supérieure, qui avait mené l’équipe à la victoire en 1944, est grièvement blesse en service commandé.
Quel est le club belge qui a payé un aussi lourd tribut à la guerre ? Et quel est celui qui , après une pareille saignée, parviendrait à se maintenir au sommet de la catégorie d’élite ? Durement touché, le Beerschot a cependant repris courageusement le collier et sait bien qu’il trouvera dans ses jeunes joueurs ceux qui à nouveau, un jour, feront monter ses couleurs au pavois. Si le début de la saison 1945-1946 a été franchement pénible, quelques résultats sensationnels ont insufflé un dynamisme tout neuf à la jeune équipe et font augurer de l’avenir avec confiance.
Fier de son passé, jaloux de ses privilèges de doyen des clubs belges de hockey, le Beerschot ne croit pas pouvoir mieux faire, pour rester digne de ses fondateurs et de ses vieilles glores, que de demeurer ce qu’il est devenu grâce à leurs efforts: un “Grand Club” dans le vrai sens sportif du mot.
Très bel article, merci !
Anversoise, j’ai joué au hockey de fin 1945 à 1952 et au Beerschot !
Que de chouettes souvenirs ….