Archive 23-12-12
Paul Prick est décédé subitement le 12 décembre passé. C’est un monument du hockey et de l’arbitrage qui nous quitte. Voici le discours d’adieu du président du comité d’arbitrage Daniel Jourde qui décrit bien les sentiments du monde du hockey à l’égard de Paul.
C’est choqué, incrédule et avec une tristesse non dissimulable que la famille des arbitres a appris ce mercredi ton décès.
Paul, tu étais un Monsieur du hockey et plus particulièrement de l’arbitrage.
Tu étais un vrai dinosaure, non pas pour des raisons physiques, évidemment, mais parce que tu étais toujours là et qu’il était tellement évident que cela n’allait jamais prendre fin. C’est simple, aujourd’hui après tant d’années au service de l’arbitrage … nous sommes incapables de compter le nombre de rencontres que tu as sifflées, de désignations faites, de replâtrages résolus, de coachings donnés et surtout de coups de gueule justifiés que tu as tirés.
Tutoyant dirigeants comme débutants, joueurs, comme arbitres, officiels, comme amateurs, tu as arpenté tous les clubs de Belgique pour obtenir ce que tu voulais pour les arbitres. Tes arbitres. Et ça marchait ! De toute façon, si on te refusait quoi que ce soit, tu nous sortais un bon vieux » tu vas voir comment je m’appelle « .
Paul, tu étais un arbitre hors pair
Joueurs, coachs, spectateurs …personne ne peut oublier ton coup de sifflet légendaire, ton autorité naturelle. Quel joueur ou joueuse ne se souvient pas de ta phrase favorite : « Monsieur, Mademoiselle, je suis assez grand pour arbitrer tout seul ! »
Pour les joueurs, tu étais bien plus qu’un simple arbitre. Tu étais une personnalité. Forte, attachante, complète. Tu étais Paul. Le Paul.
Paul, tu étais l’encyclopédie de l’arbitrage
Dans ce siècle numérique, où chaque chose, chaque arbitre est catégorisé, numérisé, enregistré, il y en avait un qui n’avait pas besoin d’artifice électronique pour connaître chaque siffleur belge sur le bout des doigts. Tu étais notre archiviste, notre banque de données, notre ordinateur : bref, une encyclopédie à laquelle aucun détail n’échappait !
Tu ne t’occupais pas que des arbitres élites mais bien de TOUS les arbitres, à commencer par les plus jeunes et débutants pour qui tu incarnais un véritable guide. Tu étais le confident de bons nombres d’entre nous. Tu nous défendais corps et âmes. Tu étais au courant de tout avant tout le monde.
Paul, tu étais un coach phénoménal. En tant qu’arbitres, lorsqu’on découvrait que tu assistais à l’un de nos matchs, une série d’adjectifs nous venait naturellement à l’esprit. Nous savions que nous allions avoir droit à un coaching dur mais honnête, exigeant mais juste, encourageant tout en poussant au dépassement de soi. Tant de valeurs à l’image de ton caractère !
Ton plus grand défi ces dernières années aura été de mener l’arbitrage féminin d’un vide abyssal vers des sommets mondiaux. Partant de rien, tu as construit ce projet quasiment seul. Tu peux être fier d’avoir vu trois de tes jeunes arbitres dames officier avec succès en division messieurs honneur, comme l’avant fait auparavant Christiane. Christiane, qui t’a surement accueilli avec un grand sourire là-haut. Nulle doute que vous aurez tous deux un regard ému lorsque vous verrez l’une d’entre elle rentrer dans le stade olympique à Rio, et ce, grâce à votre soutien de départ.
Paul, tu avais un style légendaire
Qui ne souvient pas de tes sous-pulls qui dépassaient ta chemise, de ton polo qui n’était pas dans ton pantalon, de ta casquette à la taille non compatible, de ton pull en laine véritable, de tes cigarettes Belga … et de ton superbe sac en plastique pour y insérer ton carnet de notes. Ton style était inimitable.
Paul, tu étais au service des autres et de l’arbitrage tout particulièrement
Quel que soit le président … tu étais là pour servir l’arbitrage. On pouvait t’appeler à n’importe quelle heure pour un problème, une question, une suggestion. Grâce à tes connaissances, ton expérience et ton réseau, tu trouvais toujours la solution. Pendant des décennies, tu as rendu des services à l’arbitrage belge, sans attendre ni espérer un merci. C’était normal à tes yeux.
Pourtant, récemment, lors de la réunion de reprise, alors que nous te remercions pour ton travail de secrétaire du CA, l’ensemble des arbitres belges s’est levé comme un seul homme. Tu as eu droit à un long standing ovation pour tout ce que tu avais apporté à l’arbitrage et aussi pour tout ce que tu allais encore lui apporter. Ce jour-là, tu n’avais pu cacher ton émotion. Ce n’était qu’un juste retour des choses tant tu nous avais déjà apporté. Et Dieu sait avec le recul, que nous sommes heureux d’avoir fait de ton vivant cet hommage tant mérité.
Paul, après de nombreuses années de bons et loyaux services, tu as décidé de tirer ta révérence à un moment où personne ne s’y attendait. Tu avais encore tellement d’énergie à donner que tu nous as tous pris par surprise. Tu resteras gravé dans nos mémoires à tous. Chacun d’entre nous, avons non pas une mais une multitude d’anecdotes à ton propos que nous ne nous lasserons pas de raconter lors de troisième mi-temps auxquelles, sache-le bien, tu resteras associé !
Tu laisses dès aujourd’hui un grand vide aux bords des terrains et auprès de tous ceux que tu as côtoyés. Nous pensons bien sur en premier lieu à tes enfants, tout particulièrement à Catherine, ainsi qu’à tous tes proches. Mais ces derniers nous pardonnerons certainement de nous sentir, nous arbitres, aussi orphelin de toi, Paul.
Merci pour tout ce que tu as donné.
Daniel Jourde
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