« Lorsqu’elles ont subi leurs deux première défaites de la saison face au White Star et au Racing, il fallait stopper cette spirale négative et les réflexions entendues dans l’entourage des Dames du Léopold : ça y est, c’est de nouveau la défaite, c’est du n’importe quoi, c’est encore une équipe battue d’avance… » Celle qui parle, c’est la coach mentale des Uccloises : Isabelle Dumont. « Je les ai réunies et j’ai fait en sorte qu’elles se rendent compte qu’elles devaient oublier ce sentiment de défaite : ça peut aussi nous arriver qu’on gagne ! Il faut oublier le passé, dépasser ce blocage qui paralyse, défaire ce frein vers le positif. J’ai senti alors un déclic, un changement d’attitude. » A partir de ce moment-là, les Dames du Léo sont parties dans une série de 4 victoires qui leur ont fait un bien fou et qui les a amenées pas loin du top 8.
Trois années de développement
Isabelle Dumont est Kinésithérapeute du Sport et coach mentale certifiée du Mentally Fit Institute. Elle connaît bien le hockey et c’est tout naturellement qu’elle prenait il y a 3 saisons la fonction de coach mentale du Léo. « La première année était pour moi et pour l’équipe celle de la découverte. C’était une discipline nouvelle pour les filles et il y a eu quelques résistances de la part de certaines filles, ce qui était naturel. J’ai pratiqué l’écoute, l’observation et noté les besoins de l’équipe. Comme dans tout groupe, il y avait des petits conflits, des clans, beaucoup de non-dits. D’ailleurs en les relevant, des choses ont éclaté et les problèmes sont remontés à la surface. Cela a permis de les régler et de retrouver un certain équilibre dans l’équipe. Cela a fait beaucoup de bien à certaines, a renforcé la cohésion et a permis de se concentrer sur le chemin encore à parcourir plutôt qu’immédiatement sur le résultat. » Comme le souligne Isabelle Dumont, le coaching mental se construit dans le temps et provoque des déclics à l’un ou l’autre moment.
« La deuxième année, les filles ont mieux compris ma présence et les bénéfices qu’elles pouvaient trouver dans mes interventions. Nous avons pu commencer un travail sur la confiance : en soi et entre elles. En parlant le même langage, on limite les frustrations, on crée l’esprit d’équipe, ce que j’aime appeler « l’esprit de tribu ». Faire comprendre que chacune influence le potentiel de l’équipe et que chacune a sa part dans le processus est essentiel. Et cela dans les victoires comme dans les défaites : cela peut aider à surmonter les échecs et à se relever. »
Cette saison interrompue est la troisième comme coach et Isabelle Dumont a dû faire face au changement de staff. « Il y a pour les staffs des cycles et on était arrivé à la nécessité de créer un nouveau souffle. Le passage s’est fait harmonieusement et il n’a pas été compliqué de faire confiance à la nouvelle équipe. De mon côté, l’expérience acquise au fil des années m’a permis de travailler sur l’alliance entre les anciennes et les plus jeunes et de travailler certains comportements. Je réunis les filles une fois par mois, en début de saison et lorsqu’il le faut : ce fut le cas après les deux premières défaites. »
Plus émotionnelles
Coacher les Dames est différent de coacher les Messieurs. « Les filles sont plus émotionnelles et doivent être plus écoutées. Les garçons sont plus dans l’action et dans la confiance. Les filles n’ont pas toujours la possibilité de développer leur potentiel et même ne connaissent pas quelles sont leurs limites. Il y a un travail à faire sur ce plan qui permet aussi de mettre à jour les frustrations et de les guider vers plus de confiance. « Ce coaching se fait en équipe, en groupe plus restreint ou même en individuel. C’est ainsi qu’Isabelle Dumont coache deux Red Panthers.
Rattrapées par leurs peurs
A propos de Red Panthers, la coach uccloise a assisté comme tout le monde au naufrage de l’équipe belge en qualificatif olympique. Lorsque l’équipe a subi une remontée au score dans les 5 dernières minutes de son match retour face à la Chine, puis à nouveau échoué aux shoot-out, nombreux sont ceux qui ont relevé l’absence de force mentale de l’équipe. « Oui, vu de l’extérieur, c’est clair, elles ont flanché mentalement. Elles avaient déjà connu des situations semblables et j’ai senti qu’elles étaient rattrapées par leurs peurs. On voyait qu’elles n’avaient pas le mode d’emploi pour tenir le challenge jusqu’au bout. Elles ne géraient clairement pas les moments clés. Utilisaient-elles toutes le même langage ? Cette équipe possède indéniablement un très fort potentiel et il faut le mettre en valeur. » Un indice ?