Nous avons retrouvé un spécialiste banquette des années 70 que nous appellerons Jean-Philippe.
Né en 1952, il a connu le hockey à l’âge de 16 ans dans un grand club bruxellois. Débutant par hasard, il s’équipait rapidement pour jouer avec des Scolaires pas tous très adroits. Il se montrait rapidement efficace grâce à son physique et sa rapidité. Mais techniquement, il était à côté de la plaque.
« J’avais débuté au tennis. J’aimais bien jouer au jokari dans ma rue et un ami m’a invité au club où j’ai tenté de taper sur la balle; malgré quelques cours payés par mes parents, je n’arrivait pas à contrôler cette balle. Le même ami m’a alors amené au hockey qui se jouait en hiver alors que le tennis se jouait de mai à septembre. J’ai beaucoup aimé cette ambiance de groupe. »
Jeanfi était intégré en suite dans une équipe réserve où il donnait le meilleur de lui-même pendant une saison. Cela ne fut pas suffisant et il était dégradé en Mineure. « C’est à ce moment-là que cela a dégénéré pour moi. Mes équipiers ne m’ont pas considéré comme utile et m’ont boudé car je venais de Réserve. Il n’y avait pas de coach dans cette équipe et c’est le capitaine qui faisait les désignations. Nous étions 16 dans le noyau et on faisait un roulement. après l’entraînement du mercredi soir, on savait si on jouait le dimanche; J’ai roulé quelque fois. Mais quand j’étais au terrain, on était 13 et il y en avait deux qui faisaient banquette. Pour effectuer un remplacement, il fallait attendre qu’un joueur se blesse ou que le capitaine effectue un remplacement : le gars qui sortait avait terminé son match. Il n’y avait pas de roulement comme aujourd’hui. Et je peux vous dire que c’est un calvaire que d’être banquette. On attend tout le match que le changement se fasse et c’est décourageant. On sait qu’on ne jouera que les dernières 20 minutes. Ou moins. Il y a même des rencontres tendues où finalement le capitaine oublie d’effectuer ces changements. C’est dur d’aller à la douche alors qu’on n’a eu en tout et pour tout que les 5 minutes d’échauffement et un peu de cooling-down, quand il y en a un. J’ai vécu une période d’enfer pendant deux ans avant de décider d’arrêter le hockey et d’aller faire un autre sport. »
Jean-Philippe est revenu au hockey un peu avant ses 40 ans lorsqu’il a décidé de mettre ses filles au hockey. Il a connu alors les Vétérans et il a retrouvé sa banquette avant de bénéficier des montées et descente à volonté. Il n’en a pas voulu à son capitaine des années 70, mais il a regretté que l’actuelle règle ne soit pas appliquée alors. « Combien de joueurs ont souffert comme moi; c’est dommage,non ? »