Régulièrement, les « petits » clubs se plaignent que leurs meilleurs jeunes sont débauchés par les « grands » clubs. Les écoles de jeunes ne sont pas protégées contre les aspirateurs de talent.
Nous avons rencontré Isabelle Logé, responsable de la filière fille au Léopold et membre de la commission des jeunes. Fort de sa longue expérience, elle nos éclaire sur le sujet.
« Avant tout, je pense que jusqu’ici, on est allé trop sur les symptômes, pas assez sur les causes d’un changement de club. Il faut se poser deux questions. Pourquoi les jeunes quittent un club : manque de formation, pas d’accès au niveau supérieur des championnats, nombre de joueurs de niveau insuffisant. Le jeune doit se demander jusqu’où il veut et il peut progresser. Et puis pourquoi le joueur reste dans un club : la formation est bonne, l’attachement affectif est important, l’image du club est bonne, il y a des activités hors du terrain, une progression est toujours possible, les places en District sont suffisantes, le joueur a un rôle qui lui convient et qui est important dans l’équipe, le stress créé par la montée dans les catégories est bien géré. »
Le jeune qui a de bonnes possibilités et qui peut envisager une carrière nationale se retrouve à un moment donné repris dans le vent des sélections en District, puis en U14-15-16. Il est alors confronté à d’autres jeunes, à des entraîneurs et à la vie dans d’autres clubs. C’est à ce moment-là que les sollicitations commencent. « L’ARBH a mis sur papier une Charte pour les clubs et les entraîneurs qui vise à ne pas aller vers le joueur pour l’attirer hors de son club. Tous les clubs ne l’ont pas signée. Du côté du Léo, nous la respectons. Et personnellement, je la respecte scrupuleusement. Je suis connue et des jeunes viennent chez moi pour prendre conseil : à aucun moment, je ne les attire; après, il y en a qui dosent avoir été contacté… Ceci-dit, cette Charte n’est pas efficace à partir du moment où certains ne l’ont pas signé, et ou d’autres ne la respecte pas. Mais il faut aussi reconnaître qu’il y a des entraîneur qui rayonnent et qui ont très bonne réputation, il y a des écoles de jeunes qui performent et qui ont bonne réputation. Oui, le Youth Performance Index a une influence. Dans les grands clubs, on vient frapper à la porte : c’est un fait. La communication sur les bonnes écoles joue à plein. Et puis il y a le problème des entraîneurs Be Gold qui sont aussi entraîneurs dans les clubs pour les mêmes catégories : cela ne devrait pas exister. »
Améliorer son école de jeunes
Pour obtenir un environnement favorable qui fera réfléchir le jeune et l’amènera à rester dans son club, Isabelle Logé voit plusieurs choses à faire. « Il faut d’abord travailler à offrir une meilleure formation. Les meilleurs entraîneurs doivent travailler à tous les niveaux, dès le plus jeune âge. Il faut commencer dès les U7 et le faire savoir. Au sein du club, il faut faire connaître sa méthodologie, aux joueurs et aux parents. Les outils de formation existent et sont disponibles pour tout le monde. Si certains clubs se plaignent d’avoir des trous dans les générations, sachez que c’est valable pour tous les clubs; mais il y a des clubs qui parviennent à gommer ces trous en appuyant plus sur ces « trous » et en exploitant mieux leur potentiel. »
L’environnement du club est important. « Pour les top hockeyeurs, il faut être plus attentif. Il faut leur offrir un encadrement plus spécifique, le soigner. Mais si le club n’est plus à même de lui offrir suffisamment de qualité, il faut le conseiller et parfois le lâcher. Il n’y a pas de honte à voir partir un grand talent, plutôt une fierté. »
Un des problèmes qui touche le jeune ambitieux, c’est de ne pas pouvoir jouer en division Honneur de sa catégorie. « Une équipe forte peut être pénalisée par le fait que l’équipe des années précédentes n’a pas réussi à monter de division. Une idée est en cours d’étude pour permettre à une équipe forte de monter de division plus vite qu’aujourd’hui. Il ne sert à rien de laisser une équipe gagner 20-0 dans sa division : c’est improductif pour tout le monde. C’est valable dans l’autre sens. Une équipe faible qui bénéficie du classement favorable d’une génération passée doit pouvoir être replacée plus bas aussi vite que possible. Aujourd’hui, on constate que plusieurs joueurs peuvent partir en un coup parce que la division dans laquelle ils vont jouer est trop basse. La nouvelle formule devrait éviter cela. »
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