C’est un parent qui nous pose la question concernant son enfant qui a été appelé à jouer dans une équipe supérieure.
« Plusieurs équipes jeunes de mon club se posent la question d’aller plus vite en U14 pour des U12 et plus vite en U12 pour des U11. Ma fille joue dans une série U10 où les meilleures de la saison passée sont allées directement en U12; on y perd au niveau qualité du hockey. Je connais plusieurs clubs où on anticipe aussi la montée. Je me suis replongé sur votre article de l’index et finalement, comme parent pour mes enfants, je n’y trouve pas mon compte. Que préconisez-vous pour faire monter un enfant alors qu’il n’a pas (encore) l’âge ? Est-ce qu’il y aurait moyen d’en savoir plus sur les avantages à rester dans sa catégorie d’âge tels que décrit à l’article qui se base sur des études? Formulé autrement, en quoi rester dans sa catégorie est-il bénéfique précisément ? »
Le principe de la Fédé
L’ARBH a sorti en préambule de son étude sur l’index le principe suivant. Il est important d’inscrire ses joueurs dans la catégorie correspondant à leur âge. « Les études réalisées lors de la rédaction du Hockey4life ont démontré l’importance de respecter le développement psychomoteur des enfants en les inscrivant dans leurs catégories d’âge. C’est d’ailleurs une des bases du calcul de l’index. »
Les clubs sont donc mis au courant des principes de base. Mais que font-ils dans la réalité du terrain. 3 responsables de Jeunes nous ont répondu; s’ils ne couvrent pas toutes les possibilités et les manières d’appréhender cette matière, ils sont en tout cas intéressants à écouter.
Les qualités au Watducks
Au Waterloo Ducks, on tient compte des capacités des joueurs. Gaëtan Dykmans est directeur de l’école des jeunes. « On a des des U14 qui vont en U16, U16 vers U19 et U16 – U19 qui vont jouer avec la DH. On estime que les joueurs un peu plus talentueux, qui jouent mieux que les autres (pour l’instant) doivent sortir de leur zone de confort pour progresser et ne pas stagner. Cela apporte aussi une certaine concurrence qui fera progresser les autres. La concurrence attire tout le monde vers le haut. » Actuellement, ce passage vers le haut se passe plus particulièrement dans la filière fille. Cela ne risque-t-il pas de brûler certains talents ? « Tout est une question de balance. Non, on regarde bien que chacun ait bien les bases acquises pour chaque niveau. Un gars qui joue en U16 et à qui il manque les bases de U14 ne restera pas en U16. De toute façon, on y va progressivement en mettant d’abord un entraînement avec la catégorie supérieure, puis deux et puis si ça va, on l’essaye en match. » Un joueur qui part trop vite au niveau supérieur ne risque-t-il pas de passer à côté d’un rôle de meneur dans l’équipe de son âge ? « De toute façon, il continue à jouer dans sa catégorie d’âge; et s’il ne preste pas comme il faut dans sa catégorie, s’il n’y prend pas ses responsabilités, s’il ne se met pas au service de l’équipe, il ne montera pas. »
Rare au Léo
Thibaut Collin, ancien international, a été président des jeunes au Léopold et peut parler de ce qui se faisait en son temps.
Faire monter un jeune dans la catégorie au-dessus de son âge est resté rare. « Cela s’est joué à la taille du joueur. Il y a des jeunes qui grandissent plus vite que les autres et qui deviennent des obstacles dans une équipe car ils accaparent toute l’attention et le jeu ; cela se voit surtout à partir de l’âge de 10-12 ans, au moment de la croissance. Cela se lisse plus tard vers 16 ans où le lissage de la taille se produit entre tous les jeunes. Mais attention, il faut aussi que le joueur ait la qualité pour jouer dans une catégorie au-dessus, qu’il soit d’accord, que les parents adhèrent à la décision. Et c’est vrai que cela libère certains joueurs quand ces ‘stars’ s’en vont. Une chose à rajouter également qui est délicate et parfois compliquée, c’est la gestion des amitiés en jeunes qui évoluent ensemble depuis de années et qui sont séparés. » Thibaut Collin souligne également qu’à Uccle, une commune qui compte près de 6.000 pratiquants et une demi-douzaine de clubs, la concentration des bons joueurs est différente qu’ailleurs et que cela joue également sur la gestion des jeunes. « Chez nous, on ne parle de compétition qu’à partir de l’âge de 12 ans. »
Le Parc développe
L’approche du Parc est intéressante à plus d’un égard. Maxime Bergez est directeur sportif du Parc et fut en charge de l’école des Jeunes (qu’il a confié aujourd’hui à Juan Garreta).
« Nous visons le développement du joueur. C’est l’approche du club que d’offrir au jeune un environnement où il puisse se développer selon son désir. » Maxime Bergez tient compte bien sûr de l’entourage du jeune où les parents peuvent aussi influer. Cela peut mener à des départs du club. « Certains ont des qualités hors normes et veulent malgré tout rester dans leur équipe sans vouloir monter de niveau, d’autres qui n’ont pas le niveau, quittent pour un club plus compétitif. Pour ce qui est de faire monter un joueur dans une catégorie supérieure, nous en mettons pas en avant la raison de la compétitivité. » Là où le club a joué le surclassement de joueurs au niveau de l’âge, c’est la question du nombre. « Nous avions un noyau trop large pour rester en U12 et nous avons fait monter toute l’équipe en U14; autrement, nous avions des joueurs qui seraient restés sans équipe ou alors auraient eu trop peu de matchs à disputer chacuns. Cela nous a coûté cher car, du coup, avec le fameux calcul de l’index, cette équipe a été rétrogradée d’office dans une division inférieure où elle a trouvé un hockey de moindre qualité. »
La philosophie du Parc est de faire jouer le hockeyeur là où il est le mieux. « Je trouve d’ailleurs que le hockey belge doit proposer plusieurs alternatives et que chaque club doit avoir son identité propre, que ce soit le côté compétition, le côté familial ou le côté loisir pur. Quitte à orienter le jeune vers d’autres clubs plus en accord avec sa volonté et/ou ses capacités. Il nous arrive de faire monter des U12 en U14 pour préserver un environnement suffisamment challengeant pour chaque joueur/joueuse. En effet, leur développement est important et nous sommes attentifs à celui de chacun. »
Chaque club a sa propre philosophie, sa propre manière de travailler et les réunions de début de saison avec l’encadrement des clubs permettent aux parents et aux jeunes de se faire une idée de la politique suivie. Chacun devra y trouver son bonheur.