Les deux équipes de France Messieurs et Dames viennent de réussir à monter de division dans leur championnat d’Europe respectif.
Les Messieurs ont peiné en demi-finale face à une Autriche très fermée mais se sont retrouvés en finale en balayant les Russes 4-0. Les Dames n’ont pas connu de problème en poule, ni en demi-finale où elles ont battu la Suisse 4-0, mais ont quelque peu peiné face à la Lituanie qu’elles ont battu 4-3.
Bertrand Reynaud a donc connu un week-end faste. Le directeur technique national pour le hockey a la lourde mission de mener ses deux équipes aux Jeux Olympiques de Paris en 2024. La chose n’est pas simple et malgré une qualification pour la coupe du Monde via la World League 3 à Johannesbourg en 2017, l’équipe menée par Gaël Foulard a ensuite déçu en championnat d’Europe B : « On s’est fait piéger par le fait que cet Euro se déroulait une semaine après la World League et les joueurs étaient fatigués. Heureusement, on s’en sort ici et on remonté en division A européenne où on espère bien rester. » Après la coupe du Monde de 2013 où les Juniors Français avaient atteint la finale, le noyau de ces jeunes est arrivé à maturité : « Oui, même ceux qui n’étaient pas au départ en A y sont arrivés petit à petit et nous avons aujourd’hui une équipe jeune mais avec déjà plusieurs années d’expérience au haut niveau. »
La majorité de l’équipe de France se trouve en Belgique. « Les jeunes d’aujourd’hui ont envie de voyager, de connaître le monde. Et de connaître un autre hockey. La fédération française ne préconise pas un départ vers d’autres championnat, mais nos joueurs sont attirés par ces expériences. Ce qu’on souhaiterait, c’est les rapatrier en 2023 pour nos Jeux et les avoir sous la main pour bien préparer Paris. » La France monte dans le classement mondial et se rapproche du top 10. « Quand on voit le classement de la coupe du Monde on est 5e européen. On a battu l’Irlande en finale des Hockey Series. On est dans une phase de construction avec un staff important; après le beau travail de Gaël Foulard, Jeroen Delmee a repris le flambeau. On doit continuer à construire : on est maintenant dans le pot 3 du qualificatif olympique et on peut rêver d’une qualif pour Tokyo. Cela fait 42 ans qu’on n’y a plus été (Munich). Bien sûr, on devrait être à Paris, mais il faut être dans le top 20 pour revendiquer une place comme nation hôte. Pour les garçons cela devrait aller (mais méfions-nous!) et pour les filles, on fait tout pour remonter. »
Une jeune équipe dames
Dirigée par Foulard, l’équipe Dames est à la 28e place mondiale. « Nous n’avons pas le droit à l’erreur. Dans deux ans, on doit monter en A. Actuellement, on a 14 juniores et 6 anciennes. Cela fonctionne bien. On a beaucoup de joueuses qui partent à l’étranger pour progresser au contact des championnats plus forts, comme celui de Belgique. »
Un championnat de France rajeuni
Avec tous les internationaux qui partent à l’étranger, le championnat français devient un peu plus faible. « Pas nécessairement, car cela laisse la place aux jeunes. Et ces jeunes percent. Notre équipe junior a tenu récemment la dragée haute aux Belges et aux Néerlandais. Jeroen Delmee peut maintenant compter sur ces jeunes et son noyau est passé de 20 à 22 puis à 25. Il y a de la concurrence et cela devient intéressant. »
De moyens qui diminuent
Depuis Londres, les équipes de France ont perdu 20% de leur moyens financiers. « On ne nous donne des finances que lorsque nous avons des résultats. Mais la coupe du Monde Junior a éveillé l’attention, de même que notre quart de finale à la coupe du Monde. Nous avons en France une nouvelle institution qui remplace le Ministère des Sports : c’est l’Agence du Sport qui est un organisme indépendant et qui réunit des spécialistes du sport. Il nous suivent de près, étaient au Touquet, et attendent avec intérêt le QO où nous devrions tirer un gros morceau : l’Espagne, le Canada, la Nouvelle-Zélande et la Grande Bretagne. »
Les joueurs français sont loin d’être aussi riches que les Belges. « Il y a surtout la famille qui aide. Le comité olympique aide les meilleurs à raison de 3.000 euros par an : ce sont des aides personnalisées. Quelques ingénieurs par mi nos joueurs ont créé une grille avec des coefficients et des logarithmes (rires) et nous les rétribuons à raison, au grand maximum, de 3.000 euros par an ; cela de notre enveloppe équipe nationale. Il est vrai que ce sont les clubs dans lesquels ils évoluent qui leur permet de vivre leur sport. » Les joueurs français peuvent aussi trouver des aides via l’embauche dans des sociétés : « C’est de la débrouille ! »
Le budget de l’équipe de France est nettement moins élevé que celui que nous connaissons en Belgique. « Pour 2018 où nous avons connu le Mondial pour les Messieurs, le budget s’est élevé à 500.000 euros, salaires compris. Pour les Dames, cela aura été de 250.000 euros. » Frapper à la porte de la Pro League est donc impossible pour la France compte tenu de l’enveloppe qui est attribué au hockey français.
Des différences avec les Belges
« On ne peut pas encore nous comparer avec les Belges. C’est au niveau de la puissance que vos Red Lions sont plus forts. Allié à une belle technique individuelle, ils nous sont supérieurs. Mais au niveau physique, tactique, au niveau des pc, on se rapproche de vous. Quand on regarde les détails, c’est là qu’on doit progresser ; et la Belgique a un réservoir que nous n’avons pas. »
Bertrand Reynaud se montrait optimiste, surtout après son week-end à Cambrai. « Mais on en peut pas se reposer, il faut continuer. »