Après l’échec dramatique du hockey club de Coxyde, un autre club de hockey est venu compenser l’absence de notre sport du côté du Westhoek. C’est à Furnes qu’a été créé le Sporkings, du nom d’un personnage ancien local.
Il faut continuer tout au bout de la Noordstraat pour tomber sur un centre sportif en plein essor, avec salle, terrains de foot et un terrain synthétique de football avec un poil court et des petites boulettes de composite caoutchouteux stable. Un lieu très ouvert, en bordure des grandes étendues de polders.
Sur le terrain où ne sont marquées que les lignes du foot, sans club house mais avec des vestiaires neufs et très propres, jouent une trentaine de garçons et filles qui manient le stick avec un certain bonheur. Le tout sous l’oeil d’un président parfait bilingue et qui n’hésite pas à changer de langue lorsqu’il rencontre un jeune francophone. Pierre De Schepper règne désormais sur plus d’une centaine de membres âgés entre 6 et 46 ans. « Nous sommes partis de 60 membres en 2014, à 85 en 2015 et nous sommes aujourd’hui 122. Nous avons récupéré une partie du club de Coxyde, une partie seulement. Seul club du Westhoek (Veurne, La Panne, Koksijde, Nieuwpoort), nous ne sommes pas dans un environnement où il y a une grande concentration de population. Avec pour Furnes 11.000 habitants et pour Coxyde une population de 12.000 dont 50% qui aura en 2020 plus de 65 ans. Les clubs les plus proches sont l’Eclair et Knokke, et à l’intérieur du pays Roulers, Ypres et Courtrai. »
Il est vrai que ce club est le plus éloigné du pays et le Sporkings a conclut des accords avec le club français de Malo qui n’est situé qu’à 20 kilomètres de Furnes. « Nous avons constitué un pool de joueurs qui sont volontaires pour participer à la compétition française. Nos joueurs sont volontaires, ont un bon niveau et acceptent de participer à la compétition avec tout ce que cela comporte comme obligation. »
La philosophie du club est interpellante pour tout qui vient du centre du pays et est habitué à l’image compétitive du hockey belge. A Furnes, rien de tout cela. » Nos enfants s’amusent, sont à l’aise. Le hockey est avant tout un jeu. Il n’y a ici personne qui a de passé hockey. Ici, il n’y avait rien, le hockey était un sport inconnu. Et quand il était connu, c’était comme un sport élitaire. Nous avons fait un sondage chez les enfants et les parents. Ils sont tous d’accord pour ne pas faire de compétition. Il n’y a ainsi aucun stress. Nous avons deux entraînements par semaine et une fois par mois, nous nous rassemblons pour disputer des matches entre nous. Alors, nous organisons un mini-club house mobile, avec bar. C’est très difficile de faire venir les autres clubs ici car nous sommes très loin de tout. »
Le salut vient donc du Nord de la France, et plus particulièrement du club de Malo Dunkerque, lui aussi isolé dans le coin haut de la France. L’avantage pour le Sporkings Westhoek est que les équipes sont encore mixtes en France et que des filles ou garçons isolés dans une catégorie peuvent être intégrés dans des équipes. « C’est pour nous un avantage et il y a d’ailleurs plus de clubs en Flandre française qu’en Belgique. Ils rêvent de créer une équipe régionale de Flandre à laquelle nous participerions. Lille, Amiens ne sont pas loin. Malo va avoir son terrain synthétique mouillé au mois d’août; cela nous manque et jouer sur le terrain actuel est faisable mais trop dangereux pour les catégories âgées. Si nous avions un mouillé, je suis certain que nous progresserions encore plus. Aujourd’hui, nous sommes encore trop petit pour participer à la structure de l’ARBH : la scission par années des jeunes est terriblement handicapant pour des petits clubs, il faudrait être deux fois plus pour penser à pourvoir composer des équipes complètes. En fille par exemple, ce serait possible car entre 12 et 16 ans, nous avons 60% de filles ! Le plus gros souci est de trouver des entraîneurs. »
Au niveau entraîneur, le Sporkings a trouvé en Anne Nottebaert une perle. « Je m’étais décidé d’abandonner le hockey après l’expérience malheureuse de Coxyde. On était monté à 100 membres (c’était en 2009) puis on nous a refusé le terrain pour en faire profiter le foot. Lorsqu’il y a eu une porte ouverte à Furnes, je suis évidemment venu voir et quand j’ai vu ces jeunes tenir leur stick à l’envers, mon sang n’a fait qu’un tour. Les anciens m’ont reconnu et j’ai été relancée. J’ai accepté mais de façon limitée. J’ai pris les filles mais en voyant leurs résultats, on m’a mis les garçons en plus. Je me suis alors concentrée sur les entraîneurs. Il y a deux profs en éducation physique qui ont été suivre une formation à l’Eclair. Il y a cinq autres entraîneurs qui ont déjà leur premier diplôme d’initiateur. Il y a des parents qui suivent et on avance bien. Mais il n’en reste pas moins qu’on n’a pas d’aide extérieure car Furnes, c’est loin : personne ne vient aussi loin ! »
Pour revenir sur la philosophie du club, le président insiste sur l’égalité entre tous les membres. « Chacun paye sa cotisation et a droit à jouer autant que l’autre. Il n’y a pas de distinction entre un bon et un moins bon joueur. Ici c’est un club d’amis : ils sortent ensembles, célèbrent les anniversaires, font des activités communes, etc. La cotisation est démocratique : de 180 euros pour les jeunes à 220 pour les membres plus âgés qui peuvent se le permettre. Cela paye la location du terrain, les entraîneurs et c’est tout. Si on devait participer à la compétition, outre le stress mais aussi le plaisir de perdre 20-0 qui est frustrant et démotivant, ce serait plus élevé. On est heureux ainsi ! »
Un président qui laisse entendre qu’il pourrait poser sa candidature à un poste à la Ligue ou plus haut pour faire passer l’idée que les clubs peuvent aussi être gérés comme le sien et que le hockey loisir doit avoir une place dans le paysage de la fédé. « Surtout dans une phase de développement. Bruxelles a en vue la gestion des grands clubs et l’habitude du haut niveau. Mais là où le hockey débute, sans antécédent et sans culture du hockey, il y a un autre modèle à suivre qui ne nous est pas toujours proposé. »
Le club connaît un taux de satisfaction de 92% (de très bien à excellent) et compte sur un développement dans les années futures qui devra passer par l’acquisition d’un terrain synthétique et un plus grand encadrement. Toute une histoire !
Les futurs jeunes sont prêts à prendre le stick en main !
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