Il est de tradition de laisser 100 jours à une nouveau premier ministre ou président avant de lui demander comment il va et comment il a pris ses fonctions. A-t-il trouvé des cadavres dans les placards, lui a-t-on offert un siège empoisonné. Rien de tout cela avec Patrick Keusters qui est dans la place depuis plus de 9 années, dans la fonction de président de la VHL et de vice-président de l’ARBH. Après 10 jours, nous aurions pu lui demander tout cela. La pandémie a beaucoup occupé tout le monde, le redémarrage des activités et un semblant de retour à la normale nous a soufflé de reporter cette interview à un inédit « 200 jours après ».
Directement en route
« Pas besoin d’état des lieux, je le connaissais; je connais la maison, les équipes et ma présidence va et ira dans la continuité. En plus nous avons connu l’euphorie du 5 août avec l’Or olympique. Suite à l’assemblée générale de juin, nous avions promis aux clubs d’être plus à l’écoute et je me suis attelé à mettre en route un plan sur 4 axes : être à l’écoute des clubs et se rapprocher d’eux, se maintenir au top au niveau international, travailler à la cohésion entre les 3 entités de la Fédé et garder intactes nos valeurs. » Et effectivement les chantiers sont déjà en route.
La Belgian League
On se rappellera les sérieuses confrontations qui ont eu lieu pour tenter de défendre la solution à 14 clubs en DH. L’ARBH a confié à la société de consultance Roland Berger une étude pour sonder les clubs quant à la meilleure formule de championnat. « On progresse bien. On aura une réunion mi-janvier pour tous les clubs avec Roland Berger pour que les consultants nous fasse un état des lieux; ce sera suivi par 4 soirées dont on tirera des solutions concrètes pour ensuite les traduire en texte à insérer dans les règlements. L’ambition est de proposer ces modifications de règlement à l’Assemblée Générale du 22 mars. Il faut savoir que cela n’impactera que la saison d’après, soit celle de 2022-2023. » D’autres chantiers sur les championnats sont en cours et qui concernent l’Open League Dames (est-ce que ça répond encore à l’ambition de départ ou est-ce qu’on doit aller comme en Messieurs vers des Mineures Dames avec le nombre de jeunes qui arrivent) et l’Open League Messieurs.
L’Arbitrage
Patrick Keusters a été tracassé par les événements qui ont touché l’arbitrage en ce début de saison. « Ce n’est pas mon idée de défense de nos valeurs que de voir tout cela arriver. Et pas seulement en DH ou en Belgian League. Mais aussi chez les grands-parents qui accompagnent leurs petits-enfants le samedi matin. Ils sont là pour encourager leurs enfants et petits-enfants, et pas pour crier sur les managers ou les arbitres ! » La Fédé a eu beaucoup de personnes qui se sont engagées à venir donner leur avis ou participer aux groupes de réflexion. « Plus de 60 candidats qui vont participer aux 4 groupes. »
Le calendrier
Un des futurs chantiers du président est le calendrier. « Il va s’imposer rapidement avec l’enseignement francophone et néerlandophone qui ont choisi des périodes de vacances différentes. Cela va être un cauchemar ! Les jeunes veulent jouer de plus en plus mais aussi partir de plus en plus en vacances : il va falloir qu’ils choisissent. »
Autre gros problème du calendrier, celui que l’international impose aux championnats. L’abandon d’une participation à la Pro League a-t-elle été envisagée ? « Non, personne ne veut voir ça. Quand on constate la superbe fête qui s’est déroulée à Uccle avec les doubles confrontations face à l’Allemagne, on voit combien c’est une propagande pour le hockey. On a un contrat de 4 ans et on est dans la 3e année. Cela a failli capoter avec le retrait de l’Australie et la Nouvelle-Zélande; heureusement que le Canada et l’Afrique du Sud sont venus se rajouter en remplacement. Il y a actuellement des négociations entre les pays européens (qui représentent la moitié des participants) et la FIH pour trouver des aménagements. Pour le nouveau cycle (s’il y en a un), il faudra que la Pro Legaue préserve les championnats nationaux, qu’elle diminue les longs déplacements (voir nos Red Panthers se déplacer en 2 semaines en Chine puis aux USA, c’est tout sauf raisonnable) et qu’elle effectue des regroupements : on veut garder le spectacle que ces rencontre offrent, et les voir se dérouler en Belgique. »
La Covid
La crise sanitaire a durement touché tout le monde. Les clubs ont souffert, la Fédé aussi. « Effectivement, et on peut se réjouir que cette saison a redémarré sans trop de problèmes. Croisons les doigts pour que ça continue. De mes contacts avec les clubs, je n’ai pas connaissance de graves problèmes. Je n’ai pas encore vu les chiffres 2021 : nous serons en déficit, les budgets seront dans le rouge mais ce ne sera pas dramatique. Il y a eu des interventions des pouvoirs publics, nous avons également fait des gestes; mais il n’y a pas d’alertes graves. Et heureusement aussi que les clubs ont pu construire des salles pour l’indoor. »
La salle
Justement, la salle sera un des prochains souci du président.« Nous sommes un très mauvais client pour louer des salles; on est là pour les réserver pour pas plus de 2 mois et on vient s’imbriquer dans les locations, avec en plus une réputation qui ne nous sert pas : les sticks et les balles font des dégâts. Pour moi, les salles temporaires ( je n’aime pas le mot éphémère qui se rapporte à ce papillon dont la vie ne dure qu’un seul jour) sont l’avenir. Les clubs ont beaucoup de choses à nous dire sur la salle et les envies ne sont pas les mêmes partout. »
La communication
« Dans toute société, la communication a toujours été le premier point critiqué. Je trouve qu’on ne s’est pas mal débrouillé pendant la pandémie et que notre discours a été cohérent et rapide. La com, c’est dans les deux sens et j’ai créé des canaux de communication avec les chantiers pour communiquer davantage. » Le président vient d’adresser un courrier aux présidents de clubs pour ses voeux de fin d’année et pour leur faire part de l’avancement des travaux en cours.
La THL
La Top Hockey League a été considérée comme un contre-pouvoir face à l’ARBH trop énergivore pour les clubs. « Ils font du bon travail. Nous avons des réunions pour l’avancement du 2e cycle d’octroi de la licence. Ca se passe bien; ce n’est pas parce que l’on ne les entend pas dans la presse que ça ne va pas bien. Ils ont négocié un bon nouveau contrat de diffusion des rencontres de championnat ; il faut espérer qu’il donne aux chaînes nationales l’occasion de reprendre les images. C’est effectivement dommage qu’il n’y ait pas d’intérêt pour nos championnats sur les TV nationales. Le processus est assez lent. »
L’Inde
Un des couacs auquel le nouveau président a dû réagir est la fameuse lettre du président de la fédération indienne à propos de la réaction de l’ARBH aux FIH Awards. « Nous avons réagi avec une lettre à la FIH en soulignant les propos excessifs et déplacés du président indien; il n’y a pas eu de suite. Nous n’avons pas voulu mettre de l’huile sur le feu. Je n’ai pas eu d’échos négatifs sur des gestes antipathiques lors du passage de nos U21 à la coupe du Monde en Inde : je m’en réjouis.. » Patrick Keusters revient tout de même sur l’emprise de l’Inde sur le hockey mondial. « L’équilibre est en train de bouger et je pense que c’est un gros souci pour les pays européens qui doivent s’inquiéter. L’Inde est un grand pays mais cette main-mise sur le hockey est ennuyante. C’est de la géo-politique. »