Plusieurs analyses ont été faites dans les médias. Voici celle, sans langue de bois, de Baudouin Peeters, commentateur hockey sur Voo Sport, qui suit le championnat chaque semaine. Il pointe 5 raisons pour l’échec de Changzhou.
1. un noyau trop juste
5 joueuses parmi la sélection n’ont pas le niveau du top 8 mondial.
Plusieurs joueuses reprises dans la sélection ont réalisé une année 2019 faible : il suffit de regarder leurs statistiques. Buts marqués et assists pour les flancs et attaquantes, PC transformés, fautes concédées dans leurs cercles… Certaines doivent faire leur auto-critique et en tirer les conclusions qui s’imposent.
2. le duo Thijssen-Letchford a une vision court terme
Pascal Kina, avec son charisme, avait réussi à faire franchir un palier à son noyau et à s’affirmer comme le référent de l’équipe, la conduisant vers un top 10 mondial. Il y avait chez lui et son staff (John Goldberg notamment) une analyse minutieuse de tous les points d’efforts avec un plan d’action pour progresser.
Le duo de coachs actuel n’a pas réussi en 2 ans à mettre en place un système de jeu attractif et à faire émerger une nouvelle génération, à l’exception d’Ambre Ballenghien. Ils ont raté une belle occasion de lancer dans le bain de la Coupe d’Europe des jeunes talentueuses comme Englebert ou Rasir. On a vu l’apport et la fraîcheur d’Ambre : c’était 3 ou 4 jeunes comme elle dont on avait besoin sur le terrain.
Je pense aussi qu’ils ont commis des erreurs en éliminant trop tôt du noyau des joueuses comme Louise Cavenaile (qui a un placement impeccable) et Anouk Raes (qui a une vista incroyable) : elles auraient pu être utiles au groupe dans sa progression.
3. La gestion des moments clés reste aléatoire
L’équipe finit souvent mal ses quart temps. Le PC offensif est très faible, les contres sur PC défensifs trop lents. Quand l’équipe encaisse dans le money time, c’est le hockey panic !
Tous ces moments doivent faire l’objet d’une analyse minutieuse avec une réponse bien expliquée à donner aux joueuses pour progresser.
Lors du match décisif de qualification, notre équipe n’a jamais été dangereuse. Il fallait les secouer à la mi-temps ! Le coach devait avoir prévu au briefing le cas de figure du but encaissé dans les 5 dernières minutes et chacune devait savoir exactement ce qu’il fallait faire. Or, qu’a-t-on constaté ? On recule et on fait bloc devant notre gardienne alors qu’en pressant haut, les Chinoises n’auraient pas pu développer leur jeu.
Quand aux shoot-out, elles devraient l’entraîner avec nos Red Lions pour gagner en vivacité et en vitesse, afin de laisser ce blocage psychologique au vestiaire.
4. Le jeu développé est stéréotypé
C’est le gros point faible de l’équipe : trop de passes latérales, pas assez d’accélérations, un jeu trop souvent subi, des occasions pas transformées, des espaces trop importants entre les lignes…
Le jeu de l’arrière n’apporte pas grand chose, le PC est prévisible et manque d’une tueuse en zone de conclusion… Le jeu développé par nos Lions est enthousiasmant, offensif et efficace !
Je peux comprendre que contre les Pays-Bas, nos Panthers ne peuvent pas faire le jeu pendant 60 minutes mais alors travaillons la vitesse et la technique pour planter des contres. Certaines joueuses se cachent : il faut qu’elles accompagnent beaucoup plus le jeu offensif, par exemple quand Alix accélère ou Barbara part en contre dans ses dribbles déroutants.
5. Une bande de copines, pas des killeuses
Cet aspect « bande de copines » est finalement une faiblesse aussi à ce niveau : peu de joueuses s’affirment et prennent réellement leurs responsabilités. Elles ont du plaisir à être ensemble mais ne sont pas prêtes à tout pour y arriver. Regardez les Néerlandaises : il y a une vraie rivalité dans le vestiaire pour gagner sa place et une fois sur le terrain, ce sont des killeuses prêtes à tout pour leur équipe, qui laissent de côté leurs ego. La solution passera sans doute par le transfert de jeunes et talentueuses joueuses belges vers le championnat des Pays-Bas pour s’aguerrir à cet esprit de compétition professionnel…
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