Voici donc les clarifications que Laurent Colemonts souhait apporter après les articles (dont celui-ci)sortis au moment de la bombe déclenchée par la lettre ouverte des arbitres de DH.
Les 11 travaux de Laurent
La cellule Officiels a réalisé toute une série de travaux et mis en place des règles et règlements. Voyons donc ces 11 sujets auquel il a été confronté.
1. Tests physiques
« On a mis en place des tests par catégories d’arbitres (U14, U16, U19, D1 Dames, Open League, D2 Messieurs, D1 Messieurs, DH Dames et DH Messieurs). Pour chaque catégorie, il fallait dorénavant atteindre un niveau physique déterminé et décrit dans un règlement. Il fallait que chaque arbitre atteigne le minimum pour la catégorie de son classement le plus élevé ; en cas d’échec, il ne pouvait pas arbitrer à ce niveau en attendant de repasser les tests 6 mois plus tard. Vu le manque de disponibilité, il y a eu des exceptions, mais rares. Nous avons organisé des tests à Tubize en disposant des installations spéciales du foot ; En ce qui concerne les tests, ceux-ci étaient contrôlés par des personnes neutres. Plus questions d’avoir des tests de complaisance. »
2. Le bonus-malus
Chaque club doit mettre à la disposition de la Fédé un nombre d’arbitres en fonction de son nombre d’équipes dans les diverses catégories arbitrées par des arbitres nationaux. Un des reproches fait sur cette règle est l’arrangement qui peut exister sur la réalité de ces mises à disposition, des transferts d’arbitres avec rémunération et versatilité du système. « Je ne vise personne mais on m’a exposé les problèmes et nous avons travaillé sur un système qui est basé sur la disponibilité réelle des arbitres et non sur des chiffres théoriques. Ce nouveau Bonus-Malus a été présenté lors de l’AG en juin 2023 Ainsi, un arbitre renseigné par un club est attaché à ce club pour 3 ans. Ce système a été validé par un groupe externe à la Fédé. Il y a eu des réticences, non seulement de l’ARBH qui y a vu des problèmes financiers mais aussi du corps arbitral qui ne voyait pas bien comment cela allait être appliqué. Le plus gros problème de l’arbitrage est la disponibilité des arbitres et il fallait trouver un moyen de le régler. »
3. La gestion des jeunes
L’arrivée d’un nombre impressionnant de jeunes arbitres a en même temps créé des problèmes de disponibilité de ces jeunes. « Au foot, les arbitres ne font pas partie d’un club : ils se consacrent entièrement à l’arbitrage. Au hockey, ce n’est pas le cas. Les jeunes (et moins jeunes) continuent à jouer et il arrive très fréquemment que ces arbitres se déconvoquent car ils doivent jouer avec leur équipe. Il faut en tenir compte mais c’est un phénomène qui est propre au hockey. Autre souci à gérer, c’est la promotion d’un arbitre vers un catégorie supérieure : il faut pouvoir « évaluer un arbitre et dire à quel moment il peut évoluer dans une catégorie supérieure. Cela doit être fait avec prudence et nous avons des fiches pour gérer cela, un travail que les coachs d’arbitres doivent réaliser. Dernier point, il faut pour certains de ces jeunes tenir compte de leur avancement vers l’international.»
4. Les coachs d’arbitres
L’ARBH dispose de très peu de superviseurs des arbitres. Seulement 12 coachs reconnus et dans différentes catégories. « C’est très peu et il faut aussi tenir compte de leurs disponibilités. Nous avons des catégories de coachs : certains peuvent coacher des jeunes mais pas encore des arbitres confirmés ; tout cela doit être géré. Nous nous voyons deux fois par an pour faire le point sur ce travail délicat mais super important. »
5. Le trajet de formation
La cellule des Officiels a sorti une bible de l’arbitre, un document de 20pages rédigé en collaboration avec Germain Boutte, lu et relu par Laurine Delforge et Vincent Loos, et qui a été validé par une cellule d’arbitres seniors. « Nous avons également un document en phase de finalisation pour le trajet des coachs ; ce sont des documents indispensables pour aider les gens à se former. Tout cela a été validé par des cellules ad hoc. »
6. Les désignations d’arbitres
Sur papier, la Fédé dispose de 250 arbitres. « A mon arrivée, on avait une pyramide inversée au niveau des âges et de l’ancienneté. On a réussi à quelque peu inverser la tendance avec des arbitres plus jeunes. Le plus gros problème est la disponibilité des arbitres. Au bout de cette dernière année, j’ai fait le calcul et nous avions 54 arbitres qui auront été moins de 25% du temps disponible. On peut imaginer les soucis de mettre des arbitres là où c’était normalement prévu. Si tout le monde était disponible, on aurait pu placer des arbitres nationaux jusqu’au Dames Nationale 2. » Les désignations sont faites en fonction de plusieurs critères ; la complexité des championnats a fait que cela devenait très difficile. « Avec le top 8, les play-offs, les play-down, on doit faire attention de ne pas mettre des arbitres dont le club est impliqué dans la poule : cela limite les choix. Il y a aussi le problème des déconvocations. Je me souviens avoir été réveillé à 4 heures du matin par un arbitre qui me téléphonait d’une boîte de nuit pour dire qu’il ne serait pas en état de siffler ! Un autre s’est déconvoqué pour aller chercher son chat… Je suis tombé sur un truc historique avec les désignations qui étaient publiées de manière ouverte ; les arbitres s’arrangeaient entre eux pour interchanger leurs matchs, ce qui est en contradiction avec les règles de désignation. Nous avons supprimé ces désignations mises de manière publique et avons repris le système de déconvocation en interne. Celles-ci ont diminué de plus de la moitié. Les désignations des MO se fait aussi en tenant compte de leur neutralité par rapport aux clubs d’appartenance. » Colemonts souligne également qu’il s’est toujours retiré des discussions de désignations lorsque son fils Antoine était concerné. « Je ne voulais pas influencer en quoi que ce soit. Antoine a d’ailleurs souffert du fait que j’étais responsable de l’arbitrage ; il a été souvent houspillé à ce sujet. C’est d’ailleurs une des raisons qui m’a fait quitter rentrer ma démission. »
7. Les défraiements
Les indemnités des arbitres ont été revues suite aux différentes instructions financières du ministère des finances. « On a dû retirer les arbitres du statut de bénévoles suite à l’article 17. On n’a pas d’accord avec les Finances. Il y a un plafond à ne pas dépasser et cela implique de ne pas toujours pouvoir siffler deux fois par week-end par exemple. » Le sujet est donc délicat et ne dépend pas vraiment de la cellule des officiels. Et puis il y a aussi la relation de dépendance si on est défrayé : « On a proposé de défrayer les gens pour les missions qui leur étaient confiées ; mais cela impliquait qu’ils rentrent des rapports et qu’ils présentent leurs travaux et rendent des comptes. C’est ce qui se fait au niveau des équipes nationales et cela fait peur. On dirait qu’on touche à un jardin secret. »
8. Le budget
Les capacités financières de la cellule arbitrale est en partie responsable du déclenchement de la grogne des arbitres qui ont sorti leur lettre ouverte et la menace de grève en septembre. L’incapacité de la cellule de prendre en charge les rémunérations des MO est la goutte qui a fait déborder le vase.
« Notre budget est de 120.000 euros et le montant pour couvrir les frais des MO mangeait 1/5 de ce budget. Un MO était payé 42 euros par match, il est désormais payé 35 euros et son second match est rémunéré 14 euros. Le budget fédé de l’arbitrage couvre toutes les rémunérations des officiels, toutes les réunions, les déplacements des arbitres et officiels à l’international, le fonctionnement des cellules, les entraînements et les tests physiques. Dommage que l’arbitrage n’ait pas de sponsor propre pour améliorer son budget. »
9. Les entraînements physiques
La fédé organisait les entraînements des arbitres. « Ces entraînements ont été revus et on en a placés à Tubize, dans un environnement professionnel, là où les arbitres de foot en bénéficient, avec des entraineurs pros. Cela a un coût mais cela en vaut la peine. Mais il faut que tout le monde y vienne. La dernière fois, on a eu 55 inscrits et finalement, on a eu 25 présents : de l’argent jeté par la Fédé qui prenait tout en charge. Nous avons aussi pris en charge les entraînements de préparation à certains grands tournois de nos élites internationales. Nos arbitres ne sont pas encore tous prêts à rentrer dans l’optique pro ou semi-pro ; il y a un réel décalage par rapport à ce qui se fait au foot ou dans d’autres fédérations. »
10. La communication
Un des gros soucis fût aux yeux de certains notre communication : il existe depuis toujours ou presque. « On ne peut pas me reprocher de ne pas avoir communiqué. Pour tout ce qui se faisait au bureau, dans la cellule Officiels, on envoyait un mail pour communiquer sur les sujets importants, demander des avis ou communiquer des décisions, des règles, des convocations ou invitations, etc. On nous a reproché d’en envoyer de trop : on a diminué et alors on nous a reproché de trop peu communiquer. Moi, ce que je constate, c’est aussi que tout n’était pas lu, ou pas avec assez d’attention. On convoquait les arbitres aux tests physiques, avec toutes les spécifications : arrivés sur place, des arbitres ne savaient pas ce qu’ils devaient faire ! On a envoyé des drafts de projet en demandant des avis, on avait peu ou pas de retour. On a proposé de rémunérer les membres des différentes cellules, mais la réponse a été que s’ils étaient payés, cela les liait et « ça, on ne veut pas … » A la cellule Officiels, on devait avancer et attendre continuellement des réponses était lassant. »
On a aussi, comme demandé dans le MasterPlan, régionalisé les réunions d’arbitrage. « La réunion à Hannut qui était centrale pour Namur, Liège et une partie du Brabant Wallon n’a réuni que… 4 personnes ! On veut beaucoup de choses mais cela ne génère pas plus d’effet. Il y avait plus de monde dans la réunion centralisée d’avant qu’avec le total des réunions décentralisées. »
11. Le Master Plan
L’idée du Master Plan a démarré juste après la fin du Covid. « Ce qui a déclenché la mise en marche de ce Plan, ce n’est pas vraiment qu’à cause de l’arbitrage. Ce sont des choses comme la mauvaise tenue autour du terrain, celle-ci due à plusieurs paramètres comme la consommation d’alcool, et ceci comme dans d’autres sports. Ce sont des phénomènes sociaux qui ne relèvent pas directement de l‘arbitrage. Je me demande comment Fred Ferrard va pouvoir résoudre ce problème. »
Content mais déçu
Laurent Colemonts regrette que tout ce qu’il a pu apporter à l’arbitrage belge du hockey soit trop peu reconnu. « Certaines choses ne sont pas assez transparentes et c’est vraiment dommage… Je suis heureux de ce que j’ai pu apporter tout en étant déçu de ne pas toujours avoir eu les moyens et le soutien pour arriver aux différents objectifs fixés La centralisation voulue par l’ARBH a apporté d’excellentes choses. Dans tout ce que j’ai lu au travers la crise actuelle qu’on a rapporté dans les médias et au travers la lettre des arbitres, on ne voit pas tout ce qui a marché et les importants pas en avant réalisés. Mettre de l’ordre ne fait pas toujours plaisir. Des gens ont regretté mon départ. Je regrette de ne pas avoir pu expliquer tout ce qui s’est passé. Mais je ne me plains pas : mon départ est mon choix et je l’assume pleinement. Je suis depuis 30 ans dans le hockey ; certaines choses que j’ai vécues ou dû subir m’ont dégoûté du monde du hockey, et ça c’est malheureux. »
Le monde du hockey ne doit (heureusement) pas être comparé au monde du foot. Espérons que cela ne change pas !
C’est bien la première fois que la division des officiels communique de façon aussi détaillée.
Le monde des arbitres est un monde plutôt silencieux et je suis très étonné d’apprendre tout ce que les arbitres ont réalisé ces derniers temps. Les arbitres doivent faire des efforts comme le font les joueurs.
Si le public est pas très discipliné, il existe des règles et des obligations pour les clubs de remédier à ce problème. Je suis aussi étonné qu’ il y ait si peu d’arbitres et que des phénomènes comme cet arbitre bourré qui téléphone à 4h du matin puisse exister : cela va dans le sens du laxisme général de la Fédé. La leçon est claire il faut plus communiquer et les arbitres doivent suivre les directives de la cellule des Officiels.
Monsieur Colemont, nous ne sommes pas au football, mais j’apprécie votre manière de voir en apportant plus de discipline au hockey.
Le hockey c’est justement un monde plus laxiste et plus permissif, alors oui des règles mais il faut l’apporter avec beaucoup plus de tact que dans le monde du foot où finalement c’est à peu près la même chose au niveau débordement sauf qu’on est beaucoup moins
Arbitrage Dames Je constate qu’en Belgian league D2 les messieurs bénéficient d’arbitres nationaux mais pas les dames dans c
ette même division.. Je comprends qu’il y a une pénurie d’arbitres mais qu’est ce qui justifie cette différence. Serait-il possible de connaître la logique derrière cette décision ?
Belgian league fiche explicative :
ARBITRAGE
1. DH – D1 : arbitres nationaux
D2 Messieurs : arbitres nationaux
D2 Dames – D3 Dames et Messieurs : 1 arbitre de chaque club 2. Absence d’arbitre club : le club en défaut doit désigner un joueur pour arbitrer. Interdiction pour ce joueur de participer à la rencontre.
3. Interdiction de changer d’arbitre en cours de rencontre.
L’explication est assez simple : Il n’y a pas assez d’arbitres nationaux.
mais c’est vrai qu’on fait passer les Dames en second…
PhD