Suite de l’entretien avec Robert Lycke qui avait réagi à l’éditorial : il faut faire quelque chose. Dans la première partie de cet entretien, il avait expliqué l’importance de la géopolitique qui a influencé l’élection du nouveau président de la FIH, la différence entre nos pays riches et les autres dans la perception du développement de notre sport. Il avait aussi souligné l’importance des JO et les dangers de voir hockey disparaître de ces JO.
Pas l’Europe seule !
Si l’Europe a semblé esseulée dans le vote pour le nouveau président, c’est bien parce que la compréhension de ce que veut le reste du monde n’a pas été bonne. L’Europe seule ne peut rien sans les autres continents. Si l’Europe organise son championnat d’Europe, c’est bien avec le soutien de la FIH. « Et c’est bien ce que l’EHF doit faire : organiser au mieux ses événements, avec l’aide des pays les plus riches. Sans s’occuper des autres continents. Mais elle doit aussi faire en sorte que les autres continents continuent à exister. C’est la même chose pour la Belgique qui hélas n’a plus de représentants dans les fédérations internationales. Il fut un temps où nous étions 6, avec des postes importants. Dans les années 80-90, nous étions 3 à la FIH avec Claire Monseu, Maurice Fraikin et moi-même. La présence de la Belgique a toujours été importante à ce niveau. »
Mauvaise communication
L’ancien président de l’Association n’est pas tendre avec l’ARBH concernant sa communication. « Nous avons une équipe Messieurs championne olympique, du monde et d’Europe. Et que voit-on dans notre pays ? Effectivement, le hockey à la TV et dans quelques journaux, mais très périodiquement. Mais rien, absolument rien en ce qui concerne les championnats nationaux. A un ou deux journaux près. Il y a un seul pays en Europe où on voit du hockey tous les dimanches dans les journaux télévisés sportifs : chez nous c’est zéro ! Et ce n’est pas les matchs que l’on voit sur des chaînes payantes qui font l’affaire. On est les meilleurs au monde, on mérite bien plus. » Même pour la future coupe du Monde qui va se dérouler en Inde début janvier, Robert Lycke ne voir rien venir. « Regardez le rugby qui a sa coupe du Monde : deux ans avant la coupe, les pubs arrivent dans les médias. Pour notre hockey belge, on n’en parle que par hasard. Heureusement qu’il y a eu le Mondial de foot et que la RTBF a invité Jill Boon, Victor Wegnez ou Aisling D’Hooghe pour glisser un mot à ce sujet. Je constate d’ailleurs que le hockey a beaucoup de choses à apprendre au foot et qu’il est en avance au niveau sportif avec des règles comme la self-pass ou celles très strictes du VAR, uniquement à la demande des joueurs. Mais donc, on ne voit pas de hockey sur cette même RTBF. Vraiment, notre marketing est mal fichu. J’ai l’impression que la seule chose que la Fédé a sortie ces derniers temps, c’est la désignation d’un steward du fair-play pour les parents : et même ça, on n’en parle pas dans les médias. »
Les remous à l’ARBH
Robert Lycke n’est pas non plus très tendre avec l’organisation de la Fédé. « Je vois l’arrivée de la THL : il s’agit là d’un appauvrissement pour le reste du hockey. De mon temps, il y avait diverses commissions qui représentaient toutes les catégories de pratiquants. Aujourd’hui, il y a une grande force, c’est celle des équipes nationales. Plus tard a été créée la THL qui représente les clubs de DH et quelques-uns de Nationale 1. Que fait-on pour tous les autres? Et puis ce que je vois, c’est que pour plusieurs problèmes qui semblent la dépasser, on engage des managers pour régler ces problèmes. A quoi servaient les commissions dans le temps ? Justement, à cela. » Et de soulever le problème des employés de l’ARBH qui doivent défendre certaines choses tout en devant être prudents par rapport à leur statut de salarié.
Revenir aux bases
Robert Lycke veut également revenir aux principes de base du hockey. Non seulement pour l’organisation mais aussi pour la compétition. « Prenons ces premiers tours de compétition qui sont suivis par des quarts de finale. On fait 3 matchs de poule qui ne servent à rien et on donne aux perdants les mêmes chances qu’aux gagnants en les opposant en un match éliminatoire. On oublie ce qu’est un championnat. Pourquoi redonner une nouvelle chance au perdant : ce n’est pas un principe sportif sain. Le gagnant a prouvé qu’il était le plus fort. Point. » Il n’est pas favorable aux changements de formule chaque année et estime qu’il faut revenir aux principes de base.
Suite et fin de l’entretien vendredi
» Les remous à l’ARBH » : soulagé mais pas satisfait pour autant de savoir que je ne suis pas seul surtout sur la problématique ( car c’est une problématique ) de la THL …JFB.
Robert Lycke a été mon mentor lors de mes « prestations » à la Fédé (Comité Arbitrage, Coaching Arbitres, Président Hockey Indoor.
Ses conseils ont toujours été frappés au coin du bon sens. Le Challenge « Robert Lycke » pour les équipes d’âge Indoor ont été , brièvement, un exemple d’organisation et de compréhension des besoins des clubs inscrivant leurs jeunes hockeyeurs.
Le présent passage en revue de la situation à travers la FIH, l’EHF et les divers championnats nationaux européens est un nouvel exemple de sa clairvoyance. Puisse nos dirigeants en tirer quelque engrais afin de développer une saine culture de notre sport.
René DAUTEL