Lettre ouverte d’une médecin en milieu hospitalier et responsable d’un club sportif
L’heure de changer de paradigme n’est-elle pas arrivée ?
Pour une gestion de la crise sanitaire ciblée en fonction des catégories de population dans le sport
Depuis un an, nous luttons contre la pandémie de Covid-19 afin de ne pas propager le virus, de ne pas saturer nos hôpitaux et services de réanimation.
Un an après, nous mesurons différentes évidences :
- Il existe maintenant une souffrance majeure de la population entière dont on ne prend pas encore toute la mesure ni les effets à court, à moyen et à long terme :
- Sur le plan économique. Cf r le dernier rapport de l’ERMG (https://www.nbb.be/fr/articles/les-entreprises-belges-voient-2021-comme-une-annee-de-transition-tandis-que-les ). Derrière les chiffres et les statistiques, n’oublions pas que l’on parle d’hommes et de femmes qui, aujourd’hui, sont empêchés de gagner leur vie (fermés ou mis au chômage) sans aucune perspective à ce stade.
- Sur le plan psychologique (taux élevé de stress et d’anxiété, solitude, dépression, …).
Avec une inquiétude particulière pour les adolescents et les jeunes adultes pour qui, le contact social, est essentiel à ce stade de leur vie.
Soulignons également la situation d’adultes sont, soit privés de leur travail, soit contraints de faire du télétravail depuis un an.
Sur le plan social, soulignons que la crise renforce les inégalités sociales existantes. Notamment pour les adolescents et les jeunes adultes (décrochage scolaire, …).
- Constats en tant que médecin :
- Les services hospitaliers et de réanimation ont été saturés par des patients âgés de plus de 50 ans (et souvent beaucoup plus) ou avec comorbidités. Les décès sont directement proportionnels à l’âge et aux comorbidités.
- Les personnes de moins de 50 ans en bonne santé (sans comorbidité) ne seront vaccinées qu’après l’été 2020.
- Aujourd’hui, le port du masque, et plus largement le respect des règles de distanciation sociales, est la norme pour la majorité de la population.
- L’expérience nous a (dé)montré que l’adhésion aux règles sanitaires passe par la compréhension de celles-ci et non la culpabilisation des citoyens. Singulièrement auprès des jeunes.
Il est difficile aujourd’hui d’expliquer aux adolescents qu’ils peuvent être réunis en classe (espace fermé même si aéré) en respectant certaines règles mais pas sur un terrain de sport extérieur.
- Est-il nécessaire de rappeler les effets positifs du sport sur la santé ? Que ce soit pour renforcer l’organisme, pour réduire de nombreuses maladies ou améliorer le moral. (https://www.pourlascience.fr/sd/medecine/les-bienfaits-du-sport-sur-la-sante-7684.php)
Face à ces différents constats, face à l’évolution actuelle des chiffres du Covid-19 en Belgique et en tenant compte du programme de vaccination lancé dans notre pays, il nous semble qu’aujourd’hui, nous pouvons envisager la prise d’un risque mesuré avec la reprise des activités sportives amateurs d’extérieur pour les personnes considérées comme peu à risques (selon le calendrier de vaccination), selon des protocoles sanitaires établis avec les fédérations sportives sur base des recommandations des experts.
Au-delà des bénéfices pour les membres en termes de santé (mentale et physique), cette réouverture est sans doute la seule voie pour permettre aux clubs (des ASBL gérées majoritairement par des bénévoles) de ne pas sombrer dans des difficultés financières insurmontables. Et mettre en péril, à moyen terme, le tissu associatif sportif de notre pays. Et donc, la pratique du sport.
Je ne dois pas vous rappeler les chiffres :
- Sans reprise rapide, les cotisations devront être en partie remboursées
- Les cotisations annuelles sont de 200 à 500 €/ personne selon les clubs, une aide venant des gouvernements via la fédération qui représenterait 15€ / personne est dérisoire, à la limite du ridicule…
Alors que :
- Dans notre club de 821 membres : 93% ont moins de 50 ans
- Dans le hockey belge (50 000 membres) : plus de 90 % ont moins de 50 ans
- Le sport francophone pratiqué en clubs sportifs qui représente 700.000 affiliés et 120.000 bénévoles connait les mêmes proportions d’affilés/ âge (source AISF)
Au niveau du hockey, nous attendons la confirmation, dès ce 25 janvier 2021 :
- De la reprise des matchs en plus des entrainements pour les moins de 12 ans
- De la reprise de la compétition DH selon le protocole Covid déjà établi
- De la pratique sportive libre extérieure à 4, avec plusieurs bulles de 4 séparées sur terrain de 50 ares.
Et nous demandons, à partir du 22 février 2021 : une reprise de la pratique sportive normale pour tous les moins de 50 ans (qui , pour rappel, sont considérés non à risque pour la vaccination).
Nancy PAUWELS
médecin en milieu hospitalier et responsable d’un club sportif
Un commentaire