La vie de l’Old Club ne fut pas un long fleuve tranquille. Après une période faste avec l’arrivée de Vitali Kholopov et son court séjour en division Honneur, le club cher à Jean-François Bourlet retombait dans un certain anonymat avec un séjour jusqu’en division 2. Et des années douloureuses par manque d’un terrain mouillé. Terrain qui arrivait il y a deux saisons avec le bonheur que l’on peut deviner. Un terrain qui connut des soucis : le club est toujours en procès avec la société qui l’a construit. Un énorme chantier qui a coûté 1,4 million d’euros, surcoût dû à sa configuration très particulière. Pendant cette absence de terrain, les équipes premières du club ont dû jouer à l’extérieur (à Wavre, à Louvain-la-Neuve et Leuven), se coupant de son public et de la vie du club.
Une montée foudroyante
Puis est venue la saison 2019 et le titre en Nationale 2, suivi une saison plus tard par la montée en DH, tout-à-fait inattendue. « Le plan à moyen terme était de monter, mais pas aussi vite. On avait connu deux défaites contre le Well, mais pour le reste, face aux gros bras, on a tenu la route, avec par exemple un 4 points sur 6 contre le Pingouin. Puis la saison a été arrêtée à 6 matchs de la fin, une fin de compétition qui ne nous aurait pas empêché de monter régulièrement. » Le club n’a pas voulu verser dans le professionnalisme en s’offrant des renforts à coup de milliers d’euros et a conservé son noyau tel quel. Seule exception, Ali Mubashar qui est tombé du ciel : l’international pakistanais a voulu jouer à Liège en touriste. « Ce qui n’est plus permis cette année selon les règles de la THL. Mais nous avons trouvé dans notre noyau de quoi le remplacer, même si sa force de frappe sur pc restera unique. Le noyau ne contient que des gens de la région : 10 Old Club pur jus, 3 Verviers et 3 Huy; en plus nous avons les frères Geurts qui viennent de la Rasante et Victor Van Erkel qui vient de l’Amicale et du Lara. » L’Old Club garde son statut d’amateur pur, par choix et également par manque de moyens : « Nous avons d’autres objectifs budgétaires et le terrain était le principal. La suite, ce sera le remplacement du tapis du tout premier terrain. »
Triste sans public
L’Old Club s’est présenté il y a un mois avec un noyau purement liégeois. Et il a fait bonne figure. Chaque rencontre aura été disputée et les scores, à l’exception du tout premier, aura été assez équilibré. La main de José Braga, l’entraîneur espagnol n’y est pas pour rien. « Mais nous avons aussi quelques excellents joueurs. Et notre école de jeune, maintenant qu’elle peut évoluer sur un mouillé, connait des progrès importants. Le fait d’évoluer en DH est une belle récompense sportive pour nos gars. Maintenant, nous allons jouer sans public et ce sera triste. Ils ne pourront pas lui montrer son savoir-faire et en plus jouer sans lui est un désavantage. Avec public, il y avait toujours une bonne ambiance. La moyenne de ce début d’année, c’était 300 personnes, avec un pic de plus de 400 lorsque Louvain est venu. Avec en plus un résultat de 3-6 qui tint les spectateurs en haleine jusqu’au bout. L’apport du public est énorme. »
Un impact énorme
La montée de l’Old Club a eu un impact significatif pour le hockey à Liège. Bien plus qu’attendu. « On s’est fait connaître de la Ville, de la Province. Dans les médias, nous sommes partout. RTC, la télé locale, est très présente ; cela bénéficie aussi aux autres clubs de la région. On a eu plus d’articles dans la presse en 18 mois que sur ces 20 dernières années. La Belgique et les Red Lions sont au top mondial et l’Old Club est le représentant du hockey dans la région. Quand on est allé trouver la Ville pour proposer l’organisation de la coupe du Monde en salle, ils nous connaissaient et ça a été plus facile. Autre attrait, celui du sponsoring. On a tout simplement doublé le nombre de nos partenaires : les portes s’ouvrent plus facilement. »
Le futur
Il y a peu de chance que l’Old Club parvienne à se maintenir en DH : il lui faudra aller chercher le Daring, le Racing, l’Antwerp ou le Braxgata. Mais cela ne fait pas peur aux Liégeois. « Bien sûr, on a attiré l’attention de la DH sur nos qualités et sur nos meilleures individualités. Mais ils vont nous rester fidèles et je pense que nous n’aurons pas de départs ; mais rien n’est jamais acquis. Cette montée en DH, c’est une arrivée dans un autre monde. Cela bonifie l’environnement du club, on a des gens qui, au sein du club, se révèlent dans les diverses tâches que l’on doit remplir aujourd’hui. On est dans un statut d’une demi douzaine d’équipes qui font des aller-retour avec la Nat 1 comme le White, le Daring, le Well, Namur, le Pingouin. On reste dans ce statut amateur tout en pouvant goûter à la DH. Et si on descend, on ne va pas retomber dans le petit confort sympa où on se trouvait : on va vouloir remonter, on en a les capacités. »
Le danger du professionnalisme
Les moyens des clubs du top et ceux du fond du classement ne sont pas les mêmes. L’Old Club ne paie pas ses joueurs, il en a fait le choix. « On veut rester actuellement dans ce statut, comme d’autres clubs style Namur. Il faut garder ce mix. On est pas au foot. Si on pousse trop haut, alors on aura une DH à 6 ou 8 et ce n’est pas une bonne solution pour le hockey belge. Que fait-on avec tous ceux qui sont juste au-dessous de ce statut. On voit ce que la montée de l’Old Club a apporté à la région. Dans cette crise de la Covid-19, nous n’aurons pas d’impact financier négatif, ou très léger. Mais ceux qui ont des gros budgets, comment vont-ils faire ? On est parti pour une période financière difficile. L’incertitude est grande. Nous, nous pouvons facilement repartir sur nos bases. » Les échos de clubs qui ont dû se restructurer financièrement sont multiples : ils donnent raison au président liégeois qui considère que c’est une grosse question pour la suite. « Faire cohabiter des clubs pros, semi-pros et amateurs doit rester une des richesses de notre hockey. »