Nous l’appellerons Céline. Cette jeune fille de 13 ans joue en équipe première de son club, dans sa catégorie d’âge.
Son coach est un étranger venu d’un grand pays du hockey et joue également en première. Un type sympa, qui connaît bien le hockey, qui a un grand sens d’organisation et de mise en valeur des ses joueuses. Il parle anglais avec un fort accent différent; nous l’appellerons Pablo.
Le problème est qu’avec ses filles, il ne parle qu’Anglais. Ou alors son autre langue qu’aucune des filles ne parle. Céline est du genre plutôt timide. Elle entre en 2e année d’humanité et l’anglais n’est pas son fort; elle ne comprend pas trop les mots de son coach. « Il est sympa, il nous a dit que si on ne comprenait pas, on devait demander de l’aide. Je n’ose pas demander aux copines. Bon, j’essaye de comprendre… », dit Céline qui insiste bien pour rester anonyme.
Le président du club a parfaitement connaissance du problème, mais il a bien soupesé les côtés positifs et négatifs de l’inconvénient de la langue. « Je suis persuadé que les enfants peuvent rapidement assimiler le vocabulaire anglais. Si vous tombez sur une jeune fille comme Céline, il faut que l’équipe soit attentive à résoudre le problème. Cela fait partie du jeu, l’esprit d’équipe doit jouer. Et puis à la fin, vous aurez un enfant qui connaît une autre langue. Notre projet éducatif comprend cette option et nous en sommes fiers. »
Les parents sont partagés sur la question. Celui-ci est formellement favorable à l’ouverture vers une autre langue : « C’est un plus incontestable. Nous sommes assez proches de l’équipe pour faire en sorte que l’obstacle de la langue ne soit pas un désavantage pour l’enfant. Notre fils a appris grâce au hockey : il était un peu nulle part et a suivi un cours en parallèle avec le hockey pour pouvoir suivre les instructions du coach. Nous sommes dans un grand club et lorsque vous voyez à la télévision les joueurs de l’équipe première parler dans un anglais impeccable, nous sommes fiers d’être de ce club. »
Tout autre son de cloche chez les parents de Céline : « Notre fille est réellement handicapée par ce problème de langue; elle a de bonnes capacités en hockey et le fait de ne pas tout comprendre fait qu’elle est parfois pas à sa place sur le terrain. Je trouve que le club doit faire un effort et mettre un traducteur. Ou encore mieux, exiger que les coachs parlent la langue de l’équipe. C’est le minimum, non ? On paye assez cher la cotisation que pour que les enfants soient formés dans leur langue. Et j’ai très peur qu’en District, elle soit handicapés par cette faiblesse en anglais car j’ai entendu que tous les cadres parlaient anglais. »
Céline a eu le courage de nous parler de son problème. Toutes les Céline seront désormais entendues par les clubs.