C’était il y a 47 ans. Débutant alors ses études à l’université, il avait pris rendez-vous avec Albert le maire qui cherchait des correspondants sportifs pour le journal.
ALEM (c’est ainsi qu’il signait) était le chef du service sportif de La Libre Belgique et avait composé une rédaction riche de trois permanents : André Falque s’occupait du football, Charles Mortier du cyclisme et lui coordonnait tout en couvrant les événements sportifs importants. Il pouvait compter sur des journalistes maison qui avaient d’autres responsabilités comme Michel Rosten (tennis) ou Michel Theys (Anderlecht). Il pouvait compter également des correspondants extérieurs comme Jean-Paul Colonval (le joueur de foot) ou l’oncle de Gilles Milecan (basket). S’ajoutaient à eux une série de correspondants régionaux qui dictaient leur papier par téléphone aux gens de la rédaction.
Le journalisme, mon rêve
Ce jeune étudiant, c’est Jean-Claude Matgen, qui prend sa pension aujourd’hui. « Mon papa avait pris rendez-vous pour moi avec Monsieur le maire début juillet. Ce serait pour début septembre. A peine retourné chez moi, je recevais un coup de fil pour remplacer au pied levé un journaliste qui devait suivre un concours hippique. Ce fut mon tout premier papier. Et il fut prometteur semble-t-il, car j’étais confirmé pour le job. Mon rêve de devenir journaliste allait peut-être se confirmer. En septembre, j’allais couvrir le hockey avec 5 autres correspondants : les 6 matchs de D1 étaient suivis. »
Jean-Claude Matgen avait touché au hockey pendant une très courte période alors qu’il avait 12 ans : c’était à Uccle Sport. Il changeait de direction pour le foot, à la Forestoise. « Je suivais déjà l’Union avec mon papa depuis mes 8 ans. On avait des gros matchs Union-Anderlecht ou Union-Standard. Je commençais donc à suivre le hockey tous les dimanches avec le peu de hockey que j’avais joué et mon expérience du foot. La rédaction était composée d’une kyrielle de collaborateurs de tous bords, des passionnés, comme ce fabricant de cuberdons, Monsieur Warnimont, qui suivait le SC Charleroi, ou cet Emile Verteneuil qui couvrait les tournois de golf. On avait une page complète de golf le lundi ! La Libre Belgique assurait une couverture très exhaustive de tous les sports, jusqu’aux petits tournois où on n’avait parfois que 5 lignes, mais on y était. Albert Lemaire avait réussi à créer une rédaction incroyable qui couvrait tout, et même les courses hippiques. »
Van Rode-Bulens
A la rédaction, il y avait deux personnages importants qui prenaient le téléphone pour tout noter. Bernard Van Rode était employé de rédaction et était un des 6 qui suivait le hockey. Il allait sur le terrain et une fois rentré à la rédaction, encodait les résultats. Il était aidé par Emile Bulens, un instituteur retraité travaillant jusqu’à ses 80 ans, qui suivait tous les tournois de tennis du pays, du plus grand au plus petit. C’était eux qui s’occupaient de tenir à jour (manuellement bien sûr-on était dans les années 70-) les classements de toutes les compétitions de hockey. Les contacts avec l’ARBH le dimanche, et plus particulièrement Georges Molhant, étaient intenses. « La pression pour ce travail était forte et je dois dire que ce fut une excellente école, notamment pour apprendre la rapidité. J’ai débuté par les petits matchs, puis tout doucement j’ai eu à couvrir les plus gros et même, lorsqu’Albert le maire partait pour les gros tournois de tennis en Europe, je le remplaçais. J’ai été engagé à La Libre après mes études et j’ai débuté au secrétariat de rédaction, un travail du soir où il fallait boucler l’édition. Puis je créais les pages régionales du journal à partir de 82, puis passais aux pages société avant d’en devenir chef de service. Je revenais comme chef du sport en 94, au moment où il a fallu réorganiser le sport avec le début des mesures d’économie. En sport, j’ai couvert le sport équestre avec des compétitions internationales, le foot avec le Racing de Malines que je suivais en D2 et plus tard les grands clubs belges en coupe d’Europe. Le hockey restait mon rendez-vous hebdomadaire. » En 98, il devenait chroniqueur judiciaire et cet expert qui était régulièrement appelé sur les plateaux de télévision. Il était encore appelé sur les grands événements sportifs pour aborder les sports sur les côtés plus analytiques et historiques.
Une grosse équipe hockey
La Libre a toujours connu une grosse équipe pour suivre le hockey. « Je me souviens bien sûr de Jean-Claude Crustin. Jean-François Jourdain est arrivé ensuite. Mes grands souvenirs sont la qualification de l’équipe national pour les JO de Montréal (malheureusement, je n’ai pas pu y aller, on sortait rarement d’Europe). Et puis ce magnifique reportage à Barcelone en 84, au club de Terrassa, où Uccle est arrivé en finale, battu par les Allemands de Frankenthal. »
De tas de souvenirs dont il va pouvoir se remémorer pendant une retrait qu’on lui souhaite heureuse.
Que de souvenirs. Lors de la Première Coupe du Monde dames à Mandelieu (pendant laquelle j’arbitrais) Bernard Van Rode me téléphonait à 18 h30 précise à mon hôtel et, depuis ma chambre de l’hôtel Majestic, je lui dictais mon article sur la rencontre des l’équipe belge. Difficile à comprendre à l’heure des ordi, des GSM mais…. l’article paraissait dans La Libre du lendemain matin. Bien cordialement.
Une anecdote d’Adrien P. qui nous souligne qu’on écrit Albert le maire sans majuscule !
Match Dames Victory/Antwerp fin des années 60 que j’arbitre avec Alem et ses gants blancs.
Toutes les voitures sont garées à 14h50 le long du terrain quand éclate un terrible orage (fin septembre)
Tout le monde attend dans les voitures que l’orage passe sauf Alem qui se rend au milieu du terrain où il comment à siffler pour faire sortir les joueuses des voitures.
Ceci prend au moins 15 minutes, toujours sous la drache, et le match commence.
Il continue à pleuvoir et 10 minutes plus tard, le terrain est sous eau et devenu impraticable. Alem arrête définitivement le match et tout le monde rentre aux vestiaires.
Le problème : il y avait le soir même le bal annuel du Victory et toutes les filles des deux équipes avaient fait leur permanente le matin même.
Plus jamais de sa vie, Alem osa encore arbitrer les 2 équipes concernées.