C’est une lettre bien singulière que nous avons reçue ce matin.
Ecrite au stylo-plume, postée dans la région bruxelloise, cette missive nous explique comment Yves a été choqué par ce qui est arrivé à sa petite fille il y a deux semaines. ET comment il s’est rappelé ses propres errements comme arbitre.
Un témoignage que nous publions.
Cher Monsieur Demaret,
Je suis le grand-père de deux jeunes filles, une de 8 et une de 10 ans. Samedi passé, j’ai assisté au match de l’aînée et j’ai été scandalisé par les décisions de l’arbitre de l’équipe adverse; il a été tellement partial qu’il a fait pleurer ma petite fille (..).
J’ai été arbitre aussi il y a 30 ans, lorsque je suivais mon fils dans son équipe de Minimes à Cadet. Je connais bien la manière d’avantager l’une ou l’autre équipe. Ce qu’a fait cet arbitre était correct dans la manière absolue de siffler. Mais dans l’esprit, c’était totalement anti-sportif. Lorsque nous sommes rentrés à la maison après le match, j’ai vu les yeux pleins de larmes et de détresse de ma petite fille et j’ai eu honte.
Honte de cet arbitre, honte de leur coach, honte qu’il n’y ait eu personne pour rectifier le tir. ET honte de moi.
Car il y a 30 ans (enfin, je ne sais plus bien), c’était moi qui était derrière ce sifflet. Je me suis retrouvé dans la situation de cet arbitre qui, je pense, a cru bien faire en sifflant de manière anormale. Il trichait. Et moi aussi, j’ai triché. J’étais un père, un supporter, un partisan de cette équipe. Et il fallait absolument de nos enfants gagnent. Je n’avais rien compris à mon rôle d’arbitre, d’éducateur. Que les enfants en face soient désavantagés, je m’en foutais. Que mes enfants, notre équipe, gagne sans le mériter, je ne remarquais pas qu’ils en avaient honte. J’étais satisfait des chiffres et fiers de nous. Et c’était facile après le match de convaincre les joueurs de notre équipe qu’ils étaient les plus forts. Quand on est un bon arbitre, il est facile de laisser des avantages, de siffler des fautes insignifiantes, d’imaginer des hors-jeu, des obstructions : mon autorité d’alors ne pouvait pas être mise en cause, en doute. Aujourd’hui, quand j’ai vu les yeux de ma petite fille, j’ai compris le mal que j’ai fait il y a 30 ans ou plus. Et j’ai honte.
A y revenir, je me désole que personne du club, de la fédé, ou un parent sur le côté, n’ait pu un jour me prendre à part et me dire que j’étais sur la mauvaise voie. Alors je vous adresse cette lettre aujourd’hui pour éviter que cela se passe encore comme samedi passé. Et qu’il se trouve des gens qui puissent prendre à part les arbitres et les mettre devant leur attitude de manque de respect par rapport à ces jeunes qui ne méritent pas un tel traitement.
Yves
Malheureusement cela se produit chaque semaines à tous les niveaux de jeunes. Triste …