A 60 ans, Pierre Géruzet n’est pas le plus jeune des officiels de la planète hockey belge. Il est même arrivé très tard dans la sphère arbitrale, débutant sa carrière d’arbitre national à 53 ans en arrivant au Watducks. Il avait auparavant joué et sifflé au White Star, au Lara et à l’Ombrage, atteignant son pic en Réserve du White. Et il avait contribué à l’arbitrage depuis toujours.
« Ce n’est qu’au Watducks qu’on m’a incité à devenir arbitre national. »
MO par le plus grand des hasards
« Puis, un jour, en posant des questions à Caroline van de Leur, cette dernière m’a embrigadé et j’ai suivi des formations théoriques et pratiques : j’en suis à ma 4e saison de MO. J’ai récemment suivi une formation à Breda avec la fédération européenne comme officiel international. Et là, j’ai vu qu’on était bien préparé en Belgique. C’est vraiment un hasard que je sois entré dans ce job. »
Au niveau EHF, Pierre Géruzet a officié comme juge dans un tournoi européen U18 et plus récemment au championnat d’Europe U21 à Gand. S’il est MO en Belgique, au niveau international, on passe dans les catégories TD ot TO (juges). « Au départ en 2014, il y avait 1 MO et aujourd’hui, on est 22. Cette progression nous a fait aussi grandir au niveau international puisque nous sommes 11 Belges inscrits officiellement comme TD ou TO. On est même pris en exemple puisque les Pays-Bas et la France nous ont copié. A la baguette, il y a Caroline et aussi Vincent Loos qui nous poussent. »
Jamais sans mon MO
Aujourd’hui, le rôle de MO est devenu indispensable et une rencontre au plus haut niveau ne peut plus se dérouler sans MO. « Il m’arrive souvent que les arbitres me remercient : heureusement que tu étais là!, me disent-ils. C’est vrai qu’aujourd’hui, on remplit toute une série de petites tâches qui auparavant été remplies par les arbitres. Ce sont plein de petits détails qu’on ne voit pas. On fait aussi un boulot avec le responsable au terrain, une vraie collaboration. Des exemples : je prends toujours des feuilles de matchs supplémentaires pour les journalistes, je fais bien attention à savoir qui est le capitaine en cas de carte jaune capitaine, je veille à programmer l’arrosage, c’est important pour la TV : les mi-temps durent 10 minutes et pas une de plus. Et puis, il faut connaître les staffs, pour pouvoir intervenir avec les bonnes personnes. »
Un rôle mal perçu
Au début de la mise en place des MO, le rôle a été mal perçu, certains MO confondant ce rôle avec celui d’un gendarme. Certains exagéraient dans ce sens. « Notre rôle est d’essayer de faire respecter les règles. On décharge les arbitres de nombre de choses comme la gestion des cartes, la tenue de la feuille de match, le maintien de l’ordre des bancs. C’est vrai qu’il faut calmer les ardeurs de certains. Nous sommes des facilitateurs. Avant, pendant et après le match. On a des coachs qui sont parfois très expressifs. Il faut apprivoiser les personnes, créer une confiance. Si je vais chez certains coachs, eux viennent aussi chez moi : on est aussi à leur service. J’ai des tas d’exemples amusants : certains s’emportent pendant le match, il faut les canaliser. Après le match on se voit et ils rient de leur propre attitude. Ces gens sont charmants mais une fois le match en marche, c’est parfois autre chose. Ce qui me fait rire, c’est quand un T1 vient me dire ‘je resterai calme aujourd’hui !’ On se revoit à la fin du match … »
Une expérience humaine
Pour Pierre Géruzet, ce rôle de MO l’a fait grandir, même à son âge respectable : « C’est une expérience humaine intéressante : elle m’a aidé même dans mon parcours professionnel. Il faut se jouer de situations tendues, sans posséder de pouvoir, créer un climat de confiance et de compréhension. Et puis les relations avec les arbitres sont très fortes. J’apprécie chaque arbitre et sa façon de travailler. J’ai eu plein de bonnes expériences. Mais aussi une très dure quand j’ai dû accompagner un arbitre en pleurs à la sortie du terrain : c’était dur et en plus cet excellent arbitre a rangé son sifflet suite à ce match houleux. Un très mauvais souvenir. »
Pierre Géruzet insiste pour que le rôle de MO soit bien compris et apprécié à sa juste valeur. « Il ne faut pas nous voir comme des gendarmes mais bien comme des gens au service du bon déroulement de la rencontre. »
Au service de… !