06/09/2016 Soutenir le hockey au Burkina Faso, voilà l’idée de Gabriel Tuscher alors que le directeur de l’école des jeunes du Well se donne un nouvel élan à Namur. Gabriel Tuscher a quitté le Wellington après neuf années de direction de l’école des jeunes du club.
La naissance de la fédération de hockey du Burkina a donné l’idée à Gab de soutenir cette fédération et de donner une nouvelle direction à sa vie.
Né à Genève en 1974, Gabriel Tuscher a eu la chance d’avoir un voisin hockeyeur. » Quand les beaux jours arrivaient nous jouions tous les jours dans la cour de l’immeuble, foot, rugby, et hockey ! A l’âge de 14 ans j’ai décidé de rejoindre un des deux clubs de la ville, le Servette HC. J’y ai joué jusqu’à mes 19 ans, puis je suis parti au Black Boys HC, l’autre club de la ville qui possédait une équipe Messieurs avec des joueurs de mon âge, contrairement au Servette. A 16 ans j’ai commencé à entraîner, puis j’ai suivit le cursus de formation de la Fédération Suisse. Saison après saison j’ai entraîné de plus en plus, des jeunes, des dames, les messieurs avec qui je jouais. Puis j’ai suivit les sélections comme T1, T2 ou videoman. En 1999 j’ai occupé le poste d’entraîneur cantonal à Genève, ce fut ma première expérience comme professionnel du hockey. »
En 2005, Gab signe au CA Montrouge dans la banlieue parisienne; il y reste deux ans et travaille avec les équipes Messiers 1 et Dames 1. » A ce moment le Well s’agrandissait, Lucas Santurio proposa au club de m’engager. J’ai rencontré Marc van der Haegen, il m’a engagé pour la saison 2007-2008. Je suis finalement resté 9 ans au Well, jusqu’à la fin de la saison passée. Les nouveaux dirigeants ont choisi de changer de politique sportive et décidé d’arrêter notre collaboration. Pendant toutes ces années j’y ai rencontré pleins de super personnes, belles et agréables, que j’aurai toujours du plaisir à revoir au bord du terrain ou pour un verre. Ce n’est pas facile de quitter un club comme le Well, mais les changements peuvent apporter du bon. »
Tuscher a trouvé de l’embauche à Namur : » J’y travaillerai cette saison et qui sait peut-être pour les neuf prochaines années ? Je suis très heureux de rejoindre ce club qui met en avant les valeurs du hockey, qui souhaite avoir un esprit familial tout en permettant au top hockey d’exister, d’avoir l’encadrement nécessaire pour essayer de jouer au plus haut niveau. En plus j’y retrouve de vieux amis avec qui j’ai fait quelques tournois il y a plusieurs années. »
Le Burkina
Tuscher part au Burkina Faso pour la première fois en 1995 avec la Maison de Quartier de St-Jean (centre de loisirs) à Genève. » Nous démarrions un échange avec le village de Kotoura au Burkina Faso. Depuis j’y ai effectué plusieurs voyages privés pour y voir notamment ma filleule Tiomitio, ses parents et des amis. »
La machine est lancée. Depuis quelques années, il souhaitait le même genre d’échange que celui qui lui avait permis de découvrir le Burkina et d’ouvrir les yeux sur les réalités de ce pays d’Afrique. » J’avais envie de permettre à des jeunes de vivre des expériences similaires. Chaque année beaucoup de groupes partent au Burkina, pour construire des écoles entre autre. De mon côté je ne voulais pas faire la même chose, je cherchais un autre thème pour mettre sur pied ces échanges. Maintenant qu’ils ont créé leur fédération de hockey, je n’ai plus besoin de me creuser la tête… L’idée serait lors de ces stages que les jeunes aient un rôle de moniteur et aident les enfants sur place à apprendre à jouer alors que certains entraîneurs m’aideraient à former d’autres entraîneurs. »
Tout débutait en mars dernier lorsque le Burkina annonçait sur Facebook la création de sa fédération de hockey. » J’ai pris contact avec Idrissa Kaboré, Président de la fédération burkinabé. En juin, ils auraient dû accueillir un cours level 1 de la Fédération Africaine. Pour différentes raisons, le cours a été annulé, j’ai alors proposé à la Fédération Africaine de donner un cours en juillet vu que je partais en vacances au Burkina. Ils ont accepté et pour la première fois j’ai pu réunir mes deux passions, le Burkina et le hockey. »
Lors de la première semaine à Ouaga, Gab tenait quelques réunions afin d’organiser la semaine de cours. La complexité de la tâche était d’apprendre à des non-hockeyeurs les bases techniques et leur apprendre à les enseigner…
» Ce ne fut pas facile mais très enrichissant, le travail effectué lors du cours avec une vingtaine d’adolescents m’a montré les capacités d’enseignement de chaque entraîneur. Et la vitesse d’apprentissage des jeunes démontre que le hockey a sa place au Burkina. Ce cours fut un one-shot qui débouchera peut-être sur des formations dans d’autres pays francophones du continent africain. De leur côté les dirigeants burkinabés souhaiteraient me voir à nouveau sur place rapidement pour continuer le travail entrepris, passer dans chaque club un ou deux jours en tournant à travers le pays pendant deux semaines : ils sont occupés actuellement à chercher le financement. Jeune retraité le Président est super motivé, très actif, c’est grâce à lui que la fédération est née et que le cours s’est tenu. Il avait organisé une couverture médiatique impressionnante, presse écrite, radio et TV nationales. »
Le projet d’échanges de Tuscher est un projet sur le long terme. Il souhaiterait trouver en Belgique, en France et en Suisse des clubs qui deviendraient parrain d’un club burkinabé. En plus de l’organisation de voyages dans un futur plus ou moins proche avec des jeunes de ces clubs parrains, il attend de chacun d’eux qu’ils l’aident en récoltant du matériel et en trouvant des moyens de financer l’envoi de matériel.
» Avant mon voyage, les membres du Well et certains amis d’autres clubs avaient répondu favorablement à mon appel aux dons ce qui m’a permis de partir au Burkina avec plus de 200 kg de matériel. Grâce à l’aide de deux amis, Michaël Bolen et Bernard Vanhove j’ai eu la possibilité de faire acheminer ce matériel sans frais via Brussels Airlines. Je sais que je pourrai compter sur leur aide dans le futur, mais l’idéal serait de pouvoir envoyer un container marin. J’ai encore plus de 200 kg de matériel dans mon garage et chaque semaine j’en reçois ! »
Après avoir d’abord logé dans un hôtel de Ouagadougou, il prenait une chambre airbnb proche de la famille de sa filleule. C’était chez une danseuse, comédienne, avec qui il organisera très prochainement des stages de danse : danse et hockey, avis à ceux qui voudront l’accompagner au Burkina.
Quel est le soutien apporté au projet du hockey burkinabé ?
» Le cours a été financé par les fédérations africaine et burkinabé. Comme dans beaucoup de pays, ce sont le Comité Olympique national et le Ministère des sports qui aident les fédérations économiquement. J’ai d’ailleurs été agréablement surpris de me retrouver avec les membres de la fédération burkinabé dans le bureau de la cellule budget du Comité Olympique burkinabé le lendemain de mon arrivée. La fédération devait défendre son projet pour se voir octroyer un budget. J’ai dû de mon côté me présenter et expliquer le projet de développement du hockey dans le pays. »
Tuscher souhaite gérer son projet sans les aides publiques. » J’espère trouver des financements avec l’aide des clubs parrains, de groupes comme le Rotary Club ou de généreux donateurs. Si des lecteurs sont intéressés qu’ils n’hésitent pas à prendre contact avec moi. »
Lors de la formation des entraîneurs, Tuscher a pu jouer sur un synthétique de football. » Nous étions en salle de théorie de 8h à 10h puis sur le terrain jusqu’à ce que le soleil nous chasse. Les températures avoisinaient les 35 degrés certains jours…A Bobo, j’ai donné deux entrainements sur le terrain en gazon naturel du stade de football de la ville. Retour aux sources ! Techniques à adapter continuellement. »
Pour la suite, la plupart des clubs joueront sur des terrains en terre, parfois sur du gazon naturel. Il y a aussi beaucoup de « plateaux » comme ils les appellent : ce sont des terrains en bitumes ; chaque quartier en possède au moins un, on y trouve des lignes et des goals de handball ! De qui jouer un mixte de hockey d’extérieure et de salle.
Le hockey en rue est-il faisable ? » Oui, j’espère qu’un jour il y aura assez de sticks au Burkina pour que les jeunes puissent en posséder et jouer dans la rue ! Pendant l’été dans chaque quartier sont organisés des tournois de foot appelés « Maracaña », je rêve de voir d’ici quelques années des tournois de hockey. Cela permettra aux enfants d’avoir une activité pendant l’été, seule une infime partie de la population part en vacances, et quand ils partent c’est souvent juste un séjour au village afin voir les anciens ou dans une autre ville chez un oncle, une tante. »