(photo D.R. – Gallica)
C’est une lectrice française qui nous contacte pour s’étonner du retard et de la non-reconnaissance du hockey féminin, notamment en France, mais aussi dans le monde.
Une première chose dont s’étonne cette ancienne joueuse est que la recherche sur les médias en général se rapporte toujours prioritairement vers le hockey… sur glace. Chose que nous avions signalée à la FIH pour qu’une différentiation soit faite sur les moteurs de recherche : un joli travail à réaliser mais qui ne sera réellement utile que lorsque le hockey sur gazon aura pris de l’importance un peu partout dans le monde; les derniers chiffres parus récemment soulignent que le fieldhockey n’est présent que de manière parcellaire dans de nombreux grands pays…
Peu de publications
Caroline Jacquier, notre lectrice, a recherché en France et au travers de son métier de bibliothécaire, des publications et parutions sur l’historique du hockey. Elle est tombée sur ce genre de publication (l’histoire du hockey féminin-1889-1950, des origines-à l’oubli) où le hockey est sur glace, pas sur gazon… Peu de publications existent dans le monde sur notre hockey. « En France, le seul ouvrage de référence sur l’histoire du hockey et le hockey est celui écrit par Claude Windal « . En Belgique, plusieurs livres sont sortis à partir du moment où les Red Lions ont commencé à performer. On notera principalement le livre de Jean-François Jourdain « de Ground Zéro à l’argent olympique » en 2017 qui retraçait 25 ans de progression du hockey belge et celui de Michaël Van Cutsem « Sueur pour un rêve olympique » en 2008. Les récents Game One et The Wall sont venus compléter la littérature hockey belge.
En outre, il faut souligner qu’un nombre élevé de mémoires de fin d’étude ont été réalisés sur le hockey dans les universités belges.
Et les femmes ?
« Ce qui m’interpelle c’est l’évolution historique du hockey féminin. Comment expliquez-vous, hormis la montée de l’individualisme dans les années 1970, que les femmes aient dû attendre 72 ans pour jouer aux J.O. Le hockey féminin et masculin doit beaucoup aux Anglais qui ont su transmettre cet esprit convivial dans les matchs. Les femmes ont subi le discours misogyne de Coubertin et dans le hockey étaient peu nombreuses à vouloir combattre pour être reconnues sauf par le biais de l’association internationale, la IFWHA, de 1930 à 1973, autonome et gérée par des femmes. Les objectifs de développement du hockey féminin étaient une évidence. Grandir et exister dans le Monde entier. Des femmes remarquables (hockeyeuses confirmées) ont ainsi contribué à donner ses lettres de noblesse au hockey féminin : les premières compétitions internationales ont ainsi vu le jour. »
Sous l’ancienne fédération internationale féminine de hockey, un Festival Mondial avait été organisé à Amstelveen en 1948 : ce championnat du Monde rassemblait l’Angleterre, l’Autriche, la Belgique, l’Ecosse, l’Espagne, les Etats-Unis, la France, Galles, la Hollande, l’Irlande, la Tchécoslovaquie, l’Australie et l’Afrique du Sud. La première coupe du Monde féminine FIH a eu lieu en 1974 à Mandelieu et la première participation du hockey féminine aux JO a eu lieu en 1980 à Moscou. Un média français titrait alors : « Fort essor du hockey féminin à partir de 1980 puis déclin; j’ai l’impression que la période d’or du hockey féminin en France est passée. Avec l’évolution des nombreux choix de notre société, nos clubs peinent à augmenter le nombre de pratiquantes. Cependant, si chaque club avait une personne dédiée uniquement à ce secteur, on peut penser que tout repartirait. Les expériences l’ont montré. » Un média peu optimiste, reconnait Caroline Jacquier. « Notre sport plaît beaucoup aux filles« , témoigne Micheline Courjeau sur le site internet de la Fédération française. Caroline Jacquier se réfère à des témoignages sur le développement du hockey féminin en France qui, effectivement, ne va pas connaître une période faste. Mais ces dernières années, ce n’est plus le cas, la France étant inspirée par son voisin du nord. La participation de l’équipe Dames aux JO est un grand défi pour cette équipe qui ne se pointe qu’à la 23e place mondiale. Ses progrès sont nettement perceptibles et la migration des joueuses françaises vers la Belgique est un signe qui va dans le sens de celui que les Messieurs ont réalisés ces dernières années.
Devoir de mémoire
Caroline Jacquier s’est interrogée sur l’existence d’archives sur les grandes joueuses de hockey françaises et n’a pas trouvé grand chose. Au sein de la FFH pourtant, une série d’articles sont sortis à l’occasion des 100 ans de la fédé française sur son site internet. Ainsi, la France se place au niveau féminin en créant dès 1922 un championnat Dames. Le premier titre sera décerné au Racing Club de France. La même année, le 3 février 1923 se jouera le premier match international féminin. Cette rencontre se déroule à Londres et voit l’Angleterre battre la France par le score de 23 buts à 0. Les témoignages de l’ancienne arbitre Micheline Courjeau viennent prôner plus d’efforts au niveau du hockey féminin. Outre la défense du hockey chez les filles, elle raconte 50 ans de son histoire, une mine d’anecdotes.
Reste à sauver tous ces articles qui, sur Internet, sont appelés à disparaître dans le fouillis des informations qui inondent la toile : un joli travail, par exemple, pour un étudiant en quête d’un travail sur la communication au sein du hockey… Un devoir de mémoire.
.: « A la fédération, ils n’ont pas le temps de s’intéresser à l’histoire et c’est dommage. Il y a eu deux articles dont un sur une ex-arbitre internationale, mais ce serait intéressant aussi d’interviewer des jeunes joueuses ou des ex-joueuses passionnées de hockey pour recueillir des archives et témoignages. » L’arrivée des JO en France a suscité un mouvement pour revenir sur les exploits du passé. Notre interlocutrice a elle-même commencé à rassembler des documents et articles sur son grand-père et sur sa maman, ex-joueuse joueuse de l’équipe de France. Son travail sera publié, reste à savoir comment il sera conservé. A ce titre, l’histoire du hockey français réalisée par Claude Windal reste exemplaire. »