L’interview qu’a donné Anouk Raes à la RTBF sous le tire Les vérités d’Anouk Raes sur la crise du hockey féminin belge sonne quelque peu différemment de tout ce qui a été communiqué jusqu’ici à propos de l’apparente tranquillité dans laquelle baigne le monde des Red Panthers.
Après la cruelle élimination des JO, la Fédé a pris le temps d’analyser les choses. Il en est sorti cette annonce pour un projet 2024 pour nos Red Panthers. La note annonçait le maintien de Nils Thijssen comme T1, et les congédiations de Boon, Sinia et Letchford. Le tout emballé dans un joli message d’espoir pour notre équipe nationale.
L’incapacité pour les Red Panthers de se qualifier pour Tokyo est malheureusement le seul point noir d’une grande année pour le hockey belge. A 4 minutes près, les Red Panthers y étaient.
« Oui, c’est ce qu’on entend, mais il faut voir plus loin que cela. Aux moments critiques, nous ne sommes plus dans les conditions pour arracher l’objectif. Lors du premier match contre la Chine, les filles n’ont pas eu peur et ont bien performé, même si je crois qu’on pouvait en mettre plus. Lors du second match, on n’a rien changé. Et ça n’a pas marché. Comme dit Marc Coudron dans l’article de la RTBF, ‘Niels n’avait pas demandé aux filles de reculer à ce point’; mais il n’a pas non plus donné les instructions pour faire remonter les filles ou pour les faire changer d’attitude. »
Anouk Raes se félicite de la condition physique des joueuses, soulignant l’excellent travail d’Hannes Agache et la mise en forme de toutes les données concernant les filles. « Mais attention, aujourd’hui, on est trop dans les datas et on oublie le côté humain et mental. On a été vice-championnes d’Europe alors que Niels Thijssen était notre T1 depuis peu. On n’avait alors pas vraiment l’équipe pour y arriver. Mais il y avait une cohésion, une bonne symbiose entre staff, équipe et joueuses. A ce moment-là, le staff, et Niels, étaient en plein accord et écoute avec les joueuses. Aujourd’hui, le temps, l’usure et la fatigue fait que ce lien n’est plus vraiment là. »
Une écoute des joueuses
Les dernières décisions du staff (et il faut prendre le mot staff dans son aspect large) ne sont pas bien passées. « Je comprends très bien qu’on aille chercher ailleurs, à l’étranger, ce qu’il y a de mieux pour en retirer tout bénéfice pour notre hockey. Mais il ne reste rien de belge dans notre environnement immédiat : il n’y a plus un belge dans notre staff et on enterre ainsi notre patriotisme. Où sont les Belges ? Le staff nous a demandé notre avis pour pas mal de choses. Nous avons donné notre avis. Mais finalement, on n’en tient pas compte. On est finalement à peine écoutées. Tout cela sonne faux.‘Et si vous n’êtes pas contentes, allez voir ailleurs’. Quand il y a eu objections concernant l’éjection de Jill et Milou, il a été répondu un truc du style ‘c’est quoi votre problème‘. Les coaches sont depuis un petit temps sur la défensive et ça se sent. Et ce n’est pas bon. »
Concernant le départ de Boon et Sinia, Raes ne trouve pas le processus normal. « Elles sont loin d’être les plus mauvaises. Jill est une tueuse dans le cercle et Milou a les meilleures statistiques du noyau. Alors, si on était dans une période de sélections et qu’on ne les prenaient pas, ç’aurait été normal. Mais hors période de sélection, c’est inconvenant. Que Marc Coudron dise qu’à 32 et 33 ans, on n’est plus l’avenir, d’accord. Il ne faut pas miser sur elles pour l’avenir; mais elles restent une plus value sur bien des plans. Le discours n’est pas pertinent. Mais qu’on réalise au moins une transmission harmonieuse. Le noyau est trop court, on n’a pas assez de filles. C’est sûr que Jill et Milou n’auraient peut-être pas pu aller jusqu’à Paris (et encore), mais elles avaient encore tant de bonnes choses à apporter à l’équipe. »
Pas pro à 100%
Raes s’exprime dans son interview à Eby Brouzakis sur le défraiement des joueuses. Il n’est pas le même que celui des Messieurs. ‘La seule différence, c’est le classement mondial et le nombre de sélections… Si les filles performent de la sorte demain, elles gagneront autant que les messieurs. C’est simple.‘ explique Marc Coudron. Et c’est là que Raes n’est pas d’accord. « Garçons et filles, ce n’est pas la même chose. Ce que les clubs apportent aux deux est complètement en défaveur des filles. Ce que je demande, c’est que nous soyons tranquilles du côté finance pour pouvoir nous consacrer à 100% à notre job en équipe nationale. Au lieu de ça, nous sommes obligées de donner des entraînements, ou d’avoir des petits boulots sur le côté. Difficile dans ces conditions de prester aussi bien que les garçons. Le sport féminin n’est pas à comparer avec le masculin. Il faut venir voir sur le terrain ce qui se passe vraiment. Personnellement, j’ai vu Adam Commens deux fois dans ma carrière : une fois pour le départ d’Ageeth, et une fois pour mon C4. C’est peu. Il y a certaines frustrations dans l’équipe qui méritent d’être prises en compte. Je ne sui pas la meilleure pour trouver les solutions mais je suis intimement persuadée qu’il y a moyen de tirer mieux de ce qu’on a. »
Anouk Raes veut poser les bonnes questions sur le management de l’équipe nationale. « ILS sont fatigués de nous entendre nous plaindre alors qu’on veut exprimer des choses. On a foiré en championnat d’Europe, on a foiré en qualificatif olympique : stop ! Je ne veux pas que ça parte en sucette. »
Le cas de Sophie Gierts n’a certainement pas été mieux géré il y a quelques années.