A 30 ans, Barbara Nelen est la plus capée des Red Panthers. Elle file vers les 300 capes et peut se targuer d’avoir joué dans tous les grands événements sportifs mondiaux. A commencer par les JO de Londres en 2012. Elle a donc connu les Red Panthers en mode mineur, moins bonnes, mais aussi brillantes jusqu’à cette 5e place mondiale d’aujourd’hui.
Ambitieuses
L’équipe belge est plus ambitieuse qu’elle ne l’a été dans le passé. Barbara Nelen parle de l’influence de Raoul Ehren : « Oui, le coach parle de gagner et dans le passé ce n’était pas vraiment le cas. Les jeunes sont aussi arrivées avec un culture de la gagne. Quand on menait 1-0, on défendait; aujourd’hui, on va chercher le deuxième but. »
Les Panthers ont été annoncée régulièrement comme enfin fits, enfin arrivées au niveau physiquement; ce qui n’était finalement pas le cas dans les communications précédentes faites par l’équipe. Nelen explique les différentes étapes réalisées par le noyau. « Les autres équipes que nous rencontrions étaient toujours plus fits que nous; aujourd’hui ce n’est plus le cas. On a commencé à travailler il y a 10 ans sur le physique. C’est en allant aux JO qu’on a vu qu’on était nulle part. Aujourd’hui, il y a encore quelques nations qui sont meilleures que nous mais cela devient rare et c’est le top 3. On va 3 fois par semaine au fitness et ça se voit. »
Style de vie
Le hockey féminin belge est devenu professionnel et les joueuses se soignent. Elles suivent les directives strictes du staff. « Avec le centre de Wilrijk, c’est plus facile. Il y a des gens qui sont là pour cuisiner pour nous. Le style de vie est pro et c’est un choix qu’il faut faire. Quand on réalise ce dont on dispose, c’est chouette et c’est unique. Oui, c’est vrai que mentalement, c’est parfois compliqué car on doit combiner club, championnat, études, équipe nationale. C’est juste que le passage du championnat est délicat pour certaines, cela dépend des circonstances. » Physiquement les Red Panthers doivent arriver à des pics de forme suivant les objectifs. Hannes Agache étudie et planifie les schémas pour chaque fille. « Tout est calculé, on fait ce qu’il demande. Le corps de chacune est différent. Moi, je connais très bien mon corps et je sens ce qui se passe. L’ancienneté est un avantage sur ce plan. Les jeunes doivent encore s’habituer. On a un gps qui suit nos performances et on est prévenu quand on est dans le rouge. Je me souviens d’un entraînement où il m’a arrêté parce que j’avais trop couru. On voit aussi une fille qui n’avance pas, son souffle est limité et on constate bien sa fatigue. Il faut beaucoup boire. »
Pas regarder la Pro League
Les attentes de la coupe du Monde sont évidemment grandes pour tous; les indications de la Pro League sont intéressantes. « Non, il ne faut pas trop regarder les résultats de la Pro League; récemment, l’Allemagne avait mis une équipe B. Ce qui va se passer à Terrassa ne sera sans doute pas similaire à ce qu’on a vu en Pro League. Notre premier match contre l’Afrique du Sud pourrait être une surprise. Moi je regarde match par match. » Barbara Nelen connaît la coupe du Monde, ce sera son 3e mondial. D’autres en sont à leur première expérience. « C’est un bon mix, certainement en attaque. Les jeunes joueront à l’instinct. On a un milieu qui joue ensemble depuis longtemps. »
Raoul très humain
Babs est très surprise par le caractère humain de Raoul Ehren. « C’est le premier coach qui parle de médaille. Il dit ‘je ne vois pas pourquoi on ne pourra pas viser une médaille’. Il croit dans notre équipe et a signé jusque 2024, cela nous donne confiance. Il nous a repris après la grosse déception et depuis les choses sont positives. Mentalement, il nous amène vers le haut. » Pas de coach mental donc dans le staff, mais bien des présences si besoin d’un soutien sur ce plan. « Il y a moyen de se faire aider et il y a plein de filles qui en profitent; cela se fait à la demande. »
Ca ne sert à rien
Si on demande à Nelen son objectif pour ce Mondial, elle ne se laisse pas emporter par la question. « On a un objectif interne, mais on ne le communique pas vers l’extérieur. On pourrait dire les quarts, puis après on laisse tomber. Notre premier match pourrait être mauvais aussi. Je prends match par match. On a démontré qu’on peut gagner contre n’importe quel pays. Si tu te donnes un but (un quart), et qu’on y arrive, ça donne ensuite un sentiment d’y être arrivé et on n’a plus d’énergie pour après. Il y a des objectifs collectifs et individuels. Le premier focus est de gagner contre l’Afrique du Sud. Prévoir la suite, ça ne sert à rien. »
Barbara Nelen parle avec l’expérience d’une grande joueuse mondiale … sa parole est d’or.