René Pirlot, ex-international belge aux 25 capes et qui compte 500 matchs en équipe première dont 400 avec le Léo, a toujours regretté de ne pas avoir été aux Jeux Olympiques. Alors qu’il aurait pu aller à Munich, son père lui a sommé de donner la priorité aux études. « Je suis allé trouver Roger Goossens qui était le patron de l’équipe nationale pour lui dire que je renonçais aux JO. J’ai toujours regretté cela. C’est pourquoi je me suis dit que je n’allais pas manquer ceux de Paris. »
Volontaire
René Pirlot a donc posé sa candidature avec CV et motivation. « J‘ai eu 3 interviews, puis suis allé à Paris pour passer des tests, puis finalement été au stade Yves du Manoir pour des matchs d’entraînements à encadrer au mois de juin. Nous devions être présents dès le 18 juillet. J’ai reçu la mission d’officier de liaison pour les deux équipes belges de hockey. Nous étions deux pour faire ce job et il consistait à satisfaire toutes les demandes des équipes : vestiaires, besoins en nourriture, eau, glace, essuies, etc. C’était un boulot fatiguant, on se levait tôt et se couchait tard. »
Pour ce travail, différent de celui des bénévoles qui étaient rémunérés, le volontaire recevait son équipement t-shit, chapeau, montre connectée qui permettait de payer via notre carte Visa: un équipement qu’ils devaient conserver et qu’on peut retrouver maintenant sur des sites de revente avec des prix fous qui vont jusqu’à 1.000 euros le package complet. « Il y avait 48.000 volontaires et 48.000 tenues, pas une de plus; du coup on a de la demande pour ceux qui veulent trouver un souvenir; moi je garde la mienne ! Ce qui n’est pas le cas pour les tenues belges qui sont en vente libre sur le webshop du COIB. Pour le reste, on recevait un pass pour les transports en commun et l’accès au restaurant des volontaires où la nourriture était végan. Tout le reste, mon logement, les voyages vers Paris, je devais le payer de ma poche. »
Au stade
Pour le hockey, 800 volontaires étaient assignés au hockey. René Pirlot était avec les équipes de hockey sur le terrain avant et après le match, ainsi que pendant les mi-temps, de quoi être prêt à répondre à toute demande des managers avec lesquels il était en contact permanent. « Avec Eric Pirenne et Muriel Peché, les contacts étaient excellents. J’ai fait ce boulot avec mon âme de joueur de hockey. Et avec plein d’autres gens, j’ai eu des contacts privilégiés. On me demandait un peu de tout; la chasse aux pins était une des choses amusantes. On m’a demandé une balle de match, mais malgré que je me sois trouvé dans une salle pleine de ces balles officielles (des milliers), je n’ai pas pu en obtenir car elles étaient destinées à être redistribuées après les JO entre les clubs de hockey français; c’était des balles avec le logo des JO… et pas moyens de les acheter quelque part sur le site des Jeux. »
Des rencontres
Au début des Jeux, alors que les délégations arrivaient petit à petit, notre volontaire a fait plein de rencontres. Il est bien sûr tombé sur quelques anciens étant passé par la Belgique comme Colin Batch.
Il a rencontré Matthew Dawson, le joueur australien qui s’est fait amputer un bout de doigt pour participer aux Jeux : « Son doigt était cassé et il se l’est fait couper. Un peu fou ça, mais ces Australiens sont capables de tout : ce n’est pas en Belgique qu’on aurait trouvé un gars capable de s’amputer. (rires) » Au début du séjour, il était à l’accueil des Belges et s’est trouvé avec les 3 joueurs du Léopold Gauthier Boccard, Nelson Onana et Tom Boon. « Je leur ai dit que j’étais leur officier de liaison et j’ai plaisanté sur ma fonction. Ils ne me connaissaient pas, je leur ai dit que j’avais mes 7 titres de champion de Belgique avec le Léo et que je leur donnais rendez-vous dans 8 ans (je leur laisser une année de rabiot) avec le même nombre de titres. (rires) »
Ses contacts avec les joueurs et joueuses étaient forts. Avec Victor Wegnez, qui avait reçu une balle sur le pied lors d’une sortie de pc, il discutait sur la possibilité de le soigner. « Son pied était bleu et pas moyen de lui donner une piqûre pour atténuer la douleur pendant le match, c’était interdit. Le pauvre Victor a dû jouer quelque peu amoindri. »
Il a également rencontré José Basterra, la vedette espagnole qui sera au Léo dès la semaine prochaine. « Avec Nelson et José, nous avons eu des conversations très intéressantes. Je comptais aussi rencontrer Thomas Detry lorsque j’ai été suivre une session de golf; je l’ai raté de peu. J’ai rencontré son équipe le lendemain de la fin de la session de golf à la maison belge: son coach -Jérôme Theunis- est mon neveu, mais pas Thomas avait déjà dû repartir pour un autre tournoi. »
Avec Céline
Avant le début des Jeux, René Pirlot a eu l’occasion d’aller dans le centre de Paris pour voir la maison belge et s’est retrouvé par hasard face à l’hôtel Royal Monceau. « Il y avait un gros attroupement et je me demandais ce que c’était. Il a commencé à pleuvoir et tout le monde s’est dispersé au point que je me suis retrouvé au premier rang contre les barrières à côté d’un monsieur avec un bouquet de fleurs. Il me disait attendre Céline Dion qui allait chanter le soir même pour la cérémonie d’ouverture. Céline est sortie avec son gsm pour filmer les gens qui l’attendaient et s’est dirigé vers le monsieur au bouquet de fleurs : elle a alors pris le bouquet et fait un selfie avec moi à côté de lui; Céline doit donc avoir ma photo sur son gsm (rires). »
Avec le roi d’Espagne
La rencontre la plus improbable qu’a faite René Pirlot est celle avec le Roi d’Espagne. Il assistait et travaillait avec les Red Panthers pour leur quart de finale face à l’Espagne. « A la fin du match, c’était la folie avec cette qualification pour le top 4. Un délire et je me suis mis à filmer avec mon gsm les spectateurs sur la rambarde contre la tribune et puis ensuite la tribune officielle avec tous les gens du COIB et de l’ARBH, et à un moment donné, je me suis retrouvé avec une personne très grande qui semblait attendre l’équipe d’Espagne qui s’était mise au milieu de terrain ; il ne bougeait pas, restait très calme : je me retourne et je me trouve devant le Roi Felipe VI : il se penche vers moi avec un sourire pour un selfie que je n’oublierai jamais. »
J’y étais
René Pirlot ajoute en riant qu’il a désormais une ligne de plus sur son CV : « J’ai été aux JO ! Ce n’était pas la même chose et les mêmes conditions. De mon temps, quand j’ai été en finale de la coupe d’Europe à Frankfurt, on payait tout soi-même : le fameux tout premier survêtement Adidas blanc avec les bandes rouges, nos équipements, nos déplacements – on payait nos cotisations à ce temps-là-! Mais à Paris, quelle chouette expérience ! » On veut bien le croire…