A 38 ans, Emilie Sinia est toujours active à la pointe de l’attaque, stick en main. Madame 3e minute ( c’est en général à ce moment-là que la joueuse marque son premier but en match de championnat avec la Gantoise) va entamer une nouvelle saison avec les triples championnes de Belgique.
En route pour le Daring
Mais elle a également des occupations en dehors de la Gantoise puisque, titulaire d’un master en éducation physique, elle est professeur en secondaire supérieur, assistante à l’université de Bruxelles et responsable du développement à la Ligue Francophone de hockey. Après 15 années de Red Panthers avec lesquelles elle a accumulé 251 sélections, elle aspire à retrouver un peu plus de « calme » et va changer de direction. A la fin août, elle quittera la LFH, se consacrera à plein temps à l’enseignement et se dirigera vers le Daring où elle intégrera la direction sportive du club. « Je vais faire bénéficier le club de mes conseils, surtout sur le plan formation. » Le club avait d’ailleurs annoncé son arrivée à Molenbeek.
C’était pour moi
Emilie Sinia avait été engagée en mai 2016 à la LFH pour s’occuper du développement du hockey et également de la compétition, notamment pour les jeunes. « J’étais prof, je voyais le hockey se développer et un projet d’intégration du hockey dans le cursus scolaire me semblait évident : c’était un projet pour moi. » Le projet Hockey2school est né d’une évidence : « Faire des initiations, c’est bien mais en général, cela n’a que peu de lendemain. L’idée était de proposer aux école un parcours avec une collaboration entre la LFH, un club et les écoles. Nous avons édité un manuel explicatif pour les profs, créé des kits de départ pour permettre aux enfants de jouer sans danger. Les sticks sont plus légers, en plastique, les balles également plus légères; ainsi les enfants n’ont pas besoin de protège-dents qui sont compliquées à mettre en oeuvre. Nous trouvons un club qui parraine l’action. On a eu pour l’année scolaire 2022-2023 plus de 8.000 enfants qui ont suivi le cours de hockey (le double de ce qu’on avait fait l’année précédente). »
Le hockey dans le parcours
Le hockey est dorénavant proposé dans le parcours scolaire. Non seulement dans les écoles, mais aussi à l’université qui forme les professeurs en éducation physique. Le hockey est enseigné à l’ULB, l’UCL, l’ULg, Condorset, Enalux (Namur), la Haute Ecole Beeckmans, etc. « Les professeurs ainsi formés sont également d’excellents formateurs qui peuvent être intégrés dans les clubs, avec en plus le fait que ce sont des professionnels du sport en général. Avec une bonne base donnée à l’école, les enfants peuvent plus facilement intégrer les clubs. »
Créer des clubs
Parmi les tâches qu’Emilie Sinia avait sous sa responsabilité au sein de la LFH, la création de clubs était un des points importants. « Nous avions pour objectif d’avoir au moins 3 clubs par Province. Seul le Luxembourg rencontre des difficultés. Depuis 5 ans, les clubs suivants se sont créés : Chessy, Bayard, Andenne, Anhée, Neuprez et Peruwelz; hélas, ce dernier n’a pas duré. Le gros problème est le terrain. L’infra coûte cher (en gros 1 million par terrain si on part de rien). Il y a des projets à Visé, Gembloux, Grez-Doiceau et Malmédy. A Honnelles, qui n’est pas encore affilié, il y a un club qui joue en salle. Il faut étendre le maillage. En Hainaut par exemple, on a réussi à créer un championnat au sein de la Province : les déplacements sont ainsi restreints et l’objectif est que les enfants puissent trouver un club à moins de 20 kilomètres de chez eux. A Bruxelles, c’est saturé sauf dans le Nord de la Capitale. Et puis il faut aussi assurer la pérennité des clubs. Chaque club ne grandit pas à la même vitesse; les échelles sont différentes. Il y a aussi beaucoup d’offre sportive dans toutes les directions et nous devons en tenir compte. Mais les résultats sont bons. » Il est vrai que contrairement à d’autres sports, le hockey ne connaît que des chiffres positifs en termes de croissance.
Girls Power
Une des campagnes à laquelle Sinia a participé est celle de « Girls Power ». Il s’agissait d’inviter les petites filles à venir jouer au hockey. « On a remarque que les filles viennent plus tard au hockey : en U7-U8, il y a 70% de garçons, en U10 on arrive à une équivalence. On travaille aussi sur les facteurs d’arrêt des filles. Un mémoire a été réalisé sur le sujet et on attend les premiers résultats. On remarque ce phénomène dans tous les sports. On voit que les filles sont moins considérées que les garçons. Les filles doivent être soutenues par le coach, par l’équipe. On va bientôt sortir des conseils aux clubs pour mieux les encadrer. On ne coache pas des filles comme les garçons : la cohésion du groupe est différente; on parle de hiérarchie verticale pour les garçons, d’horizontale pour les filles. »
Projets sociaux
La LFH a également des projets sociaux qu’elle a confié entre autre à Sinia. « On a donné des cours de hockey en IPPJ. L’association Growing by Hockey de Pierre Emmanuel Van Hoorebeeke est aussi un projet qui va dans le bon sens. Le street hockey permet de descendre dans les rues et rencontre un bon succès. »
Un métier passionnant
Sinia sera donc restée 7 ans à la Fédé où elle aura donné le meilleur d’elle-même. « J’aspire aujourd’hui à un peu plus de ‘calme’ dans ma vie. C’est un métier passionnant mais mon 1/3 enseignement – 2/3 Fédé était devenu un double plein-temps. Je serai dorénavant plein-temps dans l’enseignement avec en plus la Gantoise en compétition (sans doute ma x-ème dernière saison (rires)) et la formation au Daring. Et plus près de chez moi avec mon fils qui rentre à l’école. » Sinia quitte la LFH avec regret : « C’était un job passionnant et il y a encore beaucoup à faire. Mon job est repris par Arnaud Maréchal, l’ancien responsable sportif de Verviers.«
Bravo Emilie et merci pour tout … jfb 👍