25/08/11 Un nouveau palier franchi
Cela aura été l’histoire de l’été. Celle de l’ascenseur pour nos Red Panthers. Lorsqu’elles se sont qualifiées il y a deux ans à Rome pour la division A européenne, la joie était immense et les espoirs étaient déjà fous. « Nous sommes en route pour les Jeux de Londres ». Il y a deux places à prendre à Monchengladbach, l’une des deux sera pour nous ! Un espoir fou que le staff a tenté de canaliser en préparant un programme ambitieux, fait de travail dans l’ombre et de matches lors de stages et autres compétitions.
Las, il fallut bientôt déchanter, notamment lors du stage en Afrique du Sud où les claques furent sévères, même si elles furent étouffées par la distance qui séparait Johannesbourg de Bruxelles. Quelques tempêtes plus loin, c’est la prise en main de l’équipe par Pascal Kina, avec l’intérim de Zoulou Brulé à Vienne. Parlons-en de Vienne, pour comprendre la suite. Tous les matches joués dans la capitale autrichienne furent disputés, avec des petits scores, certes chaque fois à l’avantage des Red Panthers. Le hockey pratiqué par nos Dames fut supérieur en qualité technique à pratiquement toutes les équipes. Il faut dire que ces équipes étaient proches ou inférieures au niveau classement à nos Red Panthers. Les problèmes relevés à Vienne étaient le manque d’efficacité en zone de conclusion, et une certaine fébrilité en défense, avec des relances parfois très approximatives. Au niveau physique, il était clair que les Belges manquaient de puissance et devraient fort travailler leur physique.
C’est sur ces bases que Pascal Kina a concocté un programme d’enfer pour les joueuses. Charlotte De Vos : « C’est la préparation la plus dure, la plus exigeante et la plus complète que j’ai jamais connue. Nous en sommes sorties liquidées, mais heureuses et conscientes d’avoir progressé d’une manière très substantielle. » L’observateur averti aura constaté ces progrès de match en match. Au menu, l’Allemagne – avec de belles prestations- , l’Afrique du Sud -avec un apprentissage en dent de scie-, l’Italie – avec en face d’elles un adversaire qui refuse le combat et agit uniquement défensivement- et les USA – avec la prise de connaissance du hockey physique-. A chaque match, de nouvelles leçons à tirer, une prise de confiance qui fait que les joueuses belges ont appris tout doucement à jouer vers l’avant. Pascal Kina : « A ce niveau, il faut aller de l’avant, éviter de porter la balle et augmenter la vitesse d’exécution. Nous sommes dans une phase d’apprentissage, sur tous les plans et chaque match apporte son lot d’enseignements. » Un Kina conscient que son équipe n’est pas au niveau des équipes du top sur le plan de la puissance. « C’est un long processus et il demande beaucoup de travail. Nous avons rencontré des nations comme les Etats-Unis et mes joueuses ont pu relever la différence avec la stature des joueuses d’en face. Nous possédons un hockey intelligent et sur ce plan, nous pourrons rivaliser avec beaucoup de pays lorsque tous les éléments seront réunis. »
Un premier tour réussi
Le match contre l’Irlande sera LE match de référence de ce premier tour. Face à des joueuses professionnelles, réunies depuis un an pour tenter d’arracher une qualification olympique, les Red Panthers ont joué un match exemplaire. Prenant très tôt les Irlandaises à la gorge, elles réussissent à mener grâce à deux buts d’anthologie de Charlotte De Vos. La meneuse et capitaine des Belges est peut-être l’attaquante qui manquait. Sa détermination aura été importante mais on ne doit pas oublier la solidarité de tout le groupe. En cela, le team building de début juillet fut une réussite pour fonder un groupe uni. La confiance est également une de clés du succès. Elle a été de tous les instants dans ce match contre les Irlandaises. Et même lors des deux autres matches contres ces monstres du hockey mondial que sont l’Allemagne et l’Angleterre. A aucun moment, nos Belges ne furent ridicules, loin de là : elles ont offert un jeu digne de respect. « Il y avait match ! » déclaraient à l’unisson les journalistes allemands et anglais qui suivent leurs équipes respectives depuis des lustres. Les Belges ont entrées de plain-pied dans le top 6 européen, il leur reste à confirmer.
Un président confiant
Marc Coudron était heureux de la tournure prise par la compétition des Dames. Les Dames ont réussi un parcours tel que les optimistes et réalistes le souhaitaient.
Coudron : « L’objectif final est bien sûr de se qualifier pour les Jeux Olympiques. Nous devons procéder par étape et, tout en restant ambitieux, être mesurés. Aujourd’hui, la Belgique doit battre des pays comme l’Irlande, l’Espagne, les Etats-Unis, l’Azerbaidjan. L’Espagne monte mais les battre n’est pas impossible. »
Lorsqu’on demande au président si le noyau des dames n’est pas trop étriqué, il dément : « le noyau n’est si petit que cela ; certes, il est moins large que ce que les messieurs peuvent offrir. Nous avons aujourd’hui des joueuses de moins de 21 ans qui viennent d’arriver en A et c’est positif. »
C’est physiquement que les Belges doivent progresser : « C’est le plus facile à terme. Les Belges possèdent la technique du hockey. Les filles doivent s’investir, s’engager, travailler. Cela sera dur mais tout à fait faisable. Je pense qu’il faudra être plus efficace au niveau du travail effectué pendant l’année, sans vraiment en augmenter la charge. »
La bonne nouvelle de ce tournoi est que les Belges vont se maintenir assez facilement en division A européenne. La fédération va continuer à investir dans son équipe Dames ; on en est à un budget qui représente déjà les deux tiers de celui des Messieurs. Ce qu’espère Marc Coudron, c’est que les joueuses continuent à s’entraîner et à jouer en club au même rythme qu’en équipe nationale. « C’est pour cela que je pense que le passage à 12 équipes en division Honneur intervient quatre ou cinq années trop tôt. Mais c’est la volonté des clubs et je la respecte ; les clubs ont peut-être raison, on verra. Je pense toute fois qu’il n’y a pas encore un nombre assez grand de joueuses pour mettre sur pied un championnat de qualité. »
Au niveau des entraîneurs, Coudron souligne que la qualité est là : « C’est vraiment ce qu’il nous faut ; nous avons des Reckinger, Goldberg, Pètre qui arrivent comme entraîneurs. Ils connaissent le hockey de haut niveau et se recyclent pour entrer vraiment dans le métier de coaches. Je pense que la qualité d’encadrement est là au niveau des Dames. »