25/08/11 Les Red Lions iront aux JO
Il fallait éliminer l’Espagne, les Belges l’ont fait. Tout était écrit dès avant ce championnat d’Europe, il restait simplement à réaliser le scénario d’une merveilleuse histoire. Les dates, les heures, les protagonistes de ce championnat était connus ; il suffisait de tout mettre en place et de faire jouer la pièce. Oh que tout est simple quand on est bien préparé.
Les acteurs du terrain.
Les 18 joueurs ont parfaitement préparé leur jeu. Quel travail harassant, éreintant. C’est ici qu’on doit parler de professionnalisme du grand noyau des joueurs qui ont intensifié leur préparation jusqu’à consacrer tout leur temps au hockey. Les deux mois précédents le tournoi auront été intenses. Chacun aura passé de longues heures à répéter son rôle sur le terrain, dans les multiples combinaisons possibles qu’offre un match de hockey. Chacun aura soigné ce corps qui crie au secours lorsqu’il est poussé dans ses dernières limites. Chacun aura répété mentalement le parcours de trois fois septante minutes qui devait le conduire au cri de victoire. Fin du préambule.
L’Allemagne toute puissante
L’Allemagne ne s’est plus fait prendre par surprise. Maxime Luycx : « Ces Allemands-là étaient vraiment très forts, bien plus qu’à Manchester. Nous n’avons pas fait un bon match et en contre-attaque, nous avons trop porté la balle. Paradoxalement, c’est en première mi-temps que nous avons le plus d’occasions sans marquer alors que c’est en seconde période que nous avons mieux joué et que nous encaissons les buts. Les erreurs que nous avons commises se sont payées cash. » Effectivement, les Allemands sont impressionnants et ne voulaient plus connaître les affres d’un qualificatif olympique, comme celui auquel les Belges les avaient poussés à Manchester. Les Belges vont alors faire le carton plein contre des Russes au hockey encore trop rustique. Une victoire suffisamment large qui leur permettait de se contenter d’un match nul lors du match décisif contre l’Espagne. En hockey, jouer le nul, cela n’existe pas. Xavier Reckinger : « Nous ne partions pas favoris face aux Espagnols. Mais nous avions décidé de jouer notre hockey. Même à 0-2 à la mi-temps, nous n’avons pas changé d’optique. Colin Batch nous a simplement dit de continuer comme nous avions joué en première période. Les Espagnols ont bénéficié à 100% de leurs occasions, cela ne pouvait pas continuer. » Et c’est ce qui s’est passé. Max Luycx s’est offert un splendide but dès le début de la seconde mi-temps. Puis Tom Boon a marqué son pc comme à l’entraînement. Et enfin un héroïque Jérôme Dekeyser, avec un ligament rompu, a offert le but de la victoire à quelques minutes du terme. Pleurs de joie, longue effusions, embrassades émues, sourires illuminant le stade.
Le 17e homme
La grande surprise des organisateurs de ce championnat en Allemagne, ce furent les spectateurs belges. On ne peut pas dire que la première partie du tournoi a drainé la grande foule. Le Warsteiner Hockey Park peut accueillir 9.000 spectateurs et rares furent les matches où on comptait plus du tiers du stade rempli. Seuls l’Allemagne et les Pays-Bas attirent ses fans. Près de 2.000 Belges le samedi contre l’Allemagne, plus de 1.200 contre l’Espagne. Un stade rouge. « On est chez nous » scandaient les spectateurs. Et puis surtout ce chant « Waar is da feestje, hier is da feestje ! » repris en chœur par tous, y compris les francophones ; un beau pied de nez à ceux qui continuent à faire croire que le hockey est un sport de bourgeois francophones. Une étiquette qui reste collée au hockey, mais que la réalité du terrain a fait disparaître depuis longtemps.
Les spectateurs belges ont réellement joué leur rôle de dix-septième homme. Tous les joueurs étaient là pour le dire, la présence et le soutien vocal a été d’un grand apport. Même si le samedi s’était soldé par une défaite, l’engouement ne s’est pas délité. L’ARBH avait mis sur pied une grande opération pour amener toute la Belgique du hockey à Monchengladabch. Concentré essentiellement sur le samedi, c’est finalement le match du mercredi – qu’on savait décisif dès avant la compétition – qui devait attirer le plus de supporters.
Et ces derniers ont répondu à l’appel, massivement. Il s ont été certainement les plus énergiques ; leur force a été déterminante, faisant même peur aux organisateurs qui ont mobilisé quelques chiens de garde face à la foule déchaînée – une présence peu conforme à l’esprit du hockey, mais passons -. Même à 0-2, ils n’ont pas perdu leur voix. La « holà » a parfaitement réussi, preuve d’un bel esprit de corps. Maxime Luycx : « Cette présence nous a fait du bien. C’était fantastique et cela nous a portés. »
Les médias en force
L’enjeu du ticket olympique n’avait pas échappé aux médias habitués à suivre le hockey. Jamais ceux-ci n’avaient rassemblé autant de forces vives pour couvrir l’événement. Chaque jour, plusieurs pages entières dans les journaux, y compris dans ceux du nord du pays qui ont enfin donné au hockey sa vraie place. La bonne surprise vient de la VRT qui avait envoyé un correspondant radio pour donner en direct les matches Messieurs ET Dames. Mieux encore, Sporza a retransmis en direct le match contre l’Espagne ; la VRT n’en était d’ailleurs pas à son premier essai et c’est un nouveau succès. Le signal était envoyé par l’Allemagne qui a mis les gros moyens pour assurer une retransmission de très haut niveau. L’expérience de l’EHL a servi et fait du hockey un des sports le mieux mis en scène de tous ceux disputé dans l’espace fermé d’un stade (on ne voit pas encore ce genre de retransmission en football, c’est dire !). Le spectacle offert par l’Allemagne était donc de qualité et la Belgique néerlandophone – et bruxelloise – ont pu en profiter. Quant aux télévisions francophones, c’est le néant. L’incompréhensible absence de la RTBF attend toujours son explication.
Les leçons de Colin Batch
L’entraîneur australien forme avec le néerlandais Jeroen Delmee un duo inattendu qui trouve sa complémentarité sur plusieurs plans. Les deux nations australiennes et néerlandaises ont une tradition sportive bien ancrée. L’Australie et son sport à l’école l’après-midi, les Pays-Bas et sa mentalité particulière qui fait que ce pays de moyenne taille remporte entre 10 et 20 médailles par Jeux Olympiques ; dont celles en or pour le hockey. Delmée et Batch ont tous les deux une carrière « énorme » dans le jeu et font donc profiter les joueurs de leur acquis. Batch analyse à longueur de journée les matches. « Nous progressons sur tous les plans et l’équipe arrive maintenant à battre toutes les équipes qu’elle rencontre. Néanmoins, on voit que de mauvaises prestations comme contre l’Allemagne peuvent encore arriver. Si l’objectif de la qualification pour les JO est dans la poche, mais le travail n’est pas fini : il y a un résultat à réaliser dans ce championnat. Puis il faudra aller au Champions Challenge et le gagner : c’est mon objectif déclaré. Puis, comme nous n’aurons pas le qualificatif olympique à jouer, nous devrons aller affronter les nations du top mondial pour encore élever notre niveau. Il n’y a pas de limite à nos ambitions et j’y crois avec le groupe que nous avons. Et il faut également continuer à développer une structure verticale qui va nous faire dénicher de nouveaux talents ; c’est pour cela que Jeroen a les U21 sous sa responsabilité. Petit problème, le championnat des U21 a lieu deux semaines après les JO de Londres ; il faudra jongler avec nos effectifs. »