Grégory Gucassoff pose un oeil averti sur l’arbitrage après une longue carrière (qui ne semble pas encore prête à s’arrêter) qui l’a amenée à des sommets. Il a été interpellé par les incidents d’arbitrage et la campagne médiatique sur la Tolérance Zéro à laquelle nous avons fait écho. « Je suis contre ce principe. Si on applique cela, les choses vont dégénérer. La communication entre les arbitres et les joueurs est importante et même parfois fondamentale. S’il n’y a plus de communication, cela va apporter encore plus de problèmes. Imaginons que les arbitres appliquent la politique zéro mot, on voit tout de suite ce qui pourrait se passer une fois les matchs terminés et les petites vidéos assassines qui vont fleurir sur le web. Les arbitres vont être démolis. »
Le crowding
Un chose que l’on doit absolument interdire, c’est le crowding (les joueurs qui foncent sur l’arbitre pour aller lui signifier un désaccord). « Ca, on ne peut pas tolérer. Je suis d’accord qu’un joueur puisse s’adresser à un arbitre et lui demander poliment pourquoi il siffle ou sanctionne. Et cela peut être le joueur incriminé, et pas nécessairement le capitaine. Cela se fait en international, notamment pour l’appel à la vidéo. Si c’est un problème général, alors c’est le capitaine. En tout cas, un joueur, pas plusieurs. Et l’agression non. Je me souviens d’un incident il y a quelques années avec Maxime qui m’a donné une carte jaune. C’était une faute inexistante. Après on s’est expliqué et je me suis d’ailleurs excusé auprès de lui. Il m’a dit : oui, c’est vrai, je crois que j’ai fait une erreur en sifflant cette faute; mais j’ai du te donner la carte pour la façon dont tu t’es adressé à moi. Et là je suis d’accord, je n’aurais pas du réagir comme cela. Mais il faut aussi voir, et c’est valable pour tout le monde, on est au maximum de notre adrénaline et donc les réactions peuvent venir plus vite et plus fort. C’est un élément dont il faut tenir compte. »
Les consignes
Dans chaque équipe, les consignes sont données pour éviter les heurts avec les arbitres. « On a des consignes du staff. Il faut essayer de ne pas faire attention à cet aspect. Cela dépend évidemment de beaucoup de facteurs et de la tension qui règne. On peut avoir des discussions respectueuses, mais cela ne doit pas dégénérer : communiquer mais raisonnablement. Le pire, c’est de demander le pourquoi et ne pas recevoir de réponse; cela peut démontrer que l’arbitre ne sait pas lui même ou ne peut pas justifier. » Ce sont des choses qui se passent effectivement, avec parfois la paire d’arbitre qui siffle différemment : « C’est l’appréciation qui peut faire qu’une même phase (surtout pour les louches) ne soit pas sifflée de la même manière. Maintenant, il faut une cohérence entre les deux arbitres : ils doivent siffler de la même manière et cela ne se passe pas toujours. Je suis d’accord que chacun est différent, mais les règles sont les mêmes pour tout le monde. » Une cohérence indispensable qui est difficile à obtenir et pour lequel le joueur du White prône pour plus de liberté dans le jeu à partir du moment où le jeu n’est pas dangereux.
Eviter les tensions
Grégory Gucassoff répète encore l’indispensable nécessité de communiquer, mais aussi du respect. « Si les enfants voient cela, c’est un très mauvais exemple. Et les jeunes arbitres doivent absolument apprendre à communiquer avec les joueurs. Ce n’est certes pas facile, les anciens arbitres ont plus de facilité grâce à leur expérience et leur âge. Je répète encore, s’il y a une incompréhension des joueurs, l’arbitre peut expliquer et c’est même souhaitable. Mais pour le reste, il n’a pas à se justifier de ce qu’il siffle. »
Greg souligne enfin qu’il considère les arbitres à leur juste valeur et qu’ils doivent être protégés.
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