Nous évoquions hier la manière dont avait obtenu l’équipe belge de hockey ce trophée en 1959.
André Muschs était une des protagonistes de l’épopée de l’équipe belge dans ces années de gloire du hockey belge.
« Boule » Muschs se félicite de la nomination des Red Lions 60 ans après la sienne. « C’est un renouveau pour un nouveau jeu. Aujourd’hui, il faut avoir tout, c’est-à-dire la tête et les jambes… la vision du jeu, ce que tout le monde n’a pas. C’est beaucoup plus spectaculaire qu’avant. Le hockey est devenu superbe à voir et le football ferait bien de s’inspirer du hockey. Je ne parle pas du hors-jeu : Guy Thys avait essayé cela en junior et cela avait amené à ce qu’il n’y ait plus d’entre-jeu. On balançait tout vers l’avant. Mais bien pour les cartes : le hockey est bien plus correct et moins vicieux, avec ces tirages de maillot par exemple. Le hockey de mon temps était un jeu d’adresse; les milieux étaient des constructeurs. On mettait les moins bons derrière, qui savaient bien bloquer et envoyer des grands shots vers l’avant. Les deux intérieurs faisaient des va et vient et faisaient la transmission vers les 5 avants. C’était un autre jeu. » Et de se rappeler des types de joueurs d’alors : « Il y avait des gars comme Michel Vander Borght (que j’adorais) qui était hyper adroit sans avoir beaucoup de technique : il marquait dans n’importe quelle position. L’Allemand Wolter faisait 10 »8 aux 100 mètres. Philippe Collin, que j’ai sélectionné quand j’étais coach, était très rapide sur l’aile. Chez les Maroye, Jean-Louis était très technique, Bobob moins. Mais chacun dans sa spécialité était indispensable. » Boule Muschs fut coach des Dames en 1981 et des Messieurs après Mexico.
Pourquoi ce titre en 59
Les Belges avaient réussi une série de 12 rencontres sans défaites, avec en exergue un nul contre l’Inde (deux buts de William Hansen) et un autre contre l’Allemagne. Ces résultats avaient été acquis au tournoi pré-olympique de Munich. Cela avait marqué les esprits. Le dernier de la série était un Belgique-France joué au Standard et qui s’était terminé par un 3-3, les Belges ayant mené 3-0. L’Inde était dans ces années le pays dominateur au niveau mondial. « Quand l’Inde venait en Belgique, cela se terminait par un 0-8 bien tassé. Le hockey était surtout technique et ils disposaient de joueurs au-dessus de tout. Le physique était moins important à ce moment-là. L’Inde a été battue aux JO par le Pakistan; ce dernier terminait toujours juste derrière les Indiens et au moment où les Pakistanais se sont inspirés du jeu allemand (qui était au top en Europe), ce mélange leur a permis de les battre. L’Inde n’avait pas évolué et l’a payé pendant longtemps; et je dirais même encore aujourd’hui. Les Allemands étaient athlétiques, soudés, rigoureux, avec des vedettes comme Budinger et les frères Nonn (un derrière au libéro -c’est lui qui m’a cassé le nez- et Wolfgang qui jouait devant). L’Allemagne, c’était un bloc. Les Hollandais, c’était aussi des gars super; j’ai eu la chance de jouer contre le père Kruize et contre le fils Kruize : eux s’entraînaient. Nous, le hockey nous coûtait de l’argent, on devait mettre de sa poche pour tout. Les étudiants Hollandais avaient des facilités, nous pas du tout. Pour préparer un tournoi, une compétition, on faisait un effort pendant un mois. On s’entraînait une fois par semaine, parfois deux, on s’imposait un entraînement individuel supplémentaire. Aujourd’hui, tous ces joueurs se valent, sont polyvalents et respectent des consignes. C’est parfois un peu stéréotypé: il faut garder de la créativité, surtout dans les 25 yards adverses. On a vu ça dans la finale olympique des Belges à Rio : les Argentins l’ont fait et ça a payé. »
Le dîner du Trophée
L’Association avait organisé un dîner en l’honneur des 17 joueurs qui avaient décroché le trophée. D’où ce menu humoristique dont vous avez la photo en tête de l’article.