La Bulgarie est une jeune nation dans le monde du hockey. Sa fédération a été créée en 1991 et compte à ce jour 23 clubs et à peine 2000 membres dont la moitié réellement actifs. Elle a aligné une équipe en coupe d’Europe C. Elle a également des équipes de club qui participent aux compétitions européennes comme The Wolves ou le FHC Akademik Plus Sofia. Tout cela uniquement en salle.
Par amour
Dimitri Dubuisson fut journaliste à Télé Bruxelles et a suivi pendant plusieurs années le hockey bruxellois, côtoyant notre sport de très prêt. « J’avais même failli suivre le hockey pour les JO à Pékin. Il y a 12 ans, j’ai rencontré ma femme en Bulgarie et j’y suis resté : c’est l’amour qui m’a conduit à Sofia et j’y suis resté, j’ai deux enfants et je me suis reconverti dans l’éducatif. Depuis 3 ans, je suis au Lycée français et là, j’ai développé des activités, notamment sportives, dont le hockey. Avec le hockey, j’ai découvert les aspects éducatifs tout en me rapprochant de la fédération bulgare pour développer le hockey dans cette école et ensuite dans le pays. »
A la BHF
Rapidement, Dimitri Dubuisson allait s’occuper au sein de la fédération bulgare de hockey du développement du projet scolaire, d’abord comme bénévole. Il devenait chef de projet à la BHF pour ce qui est du développement du hockey en Bulgarie. Le hockey ne comporte réellement qu’un millier de hockeyeurs sur le terrain, dans des clubs qui sont de toutes petites entités. Il n’y a que deux terrains sablés pour l’ensemble du pays. Le championnat national est très limité : « il se déroule sur 2 ou 3 week-end pour le hockeyà5. Il y a des matchs amicaux de temps à autre mais rien de plus. Le hockey à 11 n’existe pas en Bulgarie; nous privilégions le hockey en salle et le hockey à 5. Nous sommes allés à Budapest pour l’Euro II en salle : c’était avec une équipe de U18. On a terminé 6e en gagnant un match. La tendance de la fédé, c’est de se positionner sur le hockey à 5 qui est plus facile à intégrer et à assimiler, et qui offre plus de possibilités pour un petit pays comme le nôtre. » La fédé bulgare est une toute petite fédération avec une directeur exécutif à temps plein, une secrétaire et une comptable quelques heures par mois, et Dubuisson un jour par semaine pour ce qui est du développement.
Vers le hockeyà5
La Fédé bulgare a commandé 2 terrains de hockey à 5 qui vont être livrés incessamment. « On va l’utiliser à l’académie nationale des sports de Sofia et aussi à la côte où nous organisons des camps d’été pour les U16 et U18. Cette année, on ira à un tournoi U16 en Turquie. Notre objectif est de faire des résultats à moyen terme et, dans 10 ans, de se trouver à la hauteur de pays comme la Pologne. Après on pourra aller vers le hockey à 11 sur base de ce qu’on aura formé en hockey à 5. Pour une petite fédération, il faut passer par le petit format. »
Le hockeyID plus connu
Chose singulière, la fédération bulgare a développé la filière de parahockey. « On a obtenu la médaille d’argent aux World Games à Berlin l’été passé. On a battu l’Allemagne, le Pakistan, le Chili, l’Angleterre : des Nations qu’on ne bat jamais ailleurs. Grâce à cette équipe-là, on s’est fait connaître du public, des médias et du gouvernement. Le hockey pour les ID (déficients intellectuels) va servir pour attirer l’attention des gens sur notre sport. Au niveau des sports collectifs, la Bulgarie n’est pas dans le top mondial, loin de là; il y a une place à prendre. Il y a des sports qui brillent comme la gymnastique rythmique, la lutte, le powerlifting et quelques individualité comme Gregor Dimitrov en tennis : ils sont soutenus par le gouvernement, mais c’est tout. » La Bulgarie est pratiquement le pays le plus pauvre de l’union européenne, mais il est en plein développement. Il entrera dans Schengen cette année et passera à l’Euro l’an prochain.
Soutien de la Belgique
Le développement du hockey passe par des aides. Dimitri Dubuisson a des amis en Belgique, revient régulièrement voir sa famille et il a pu obtenir de la LFH deux kits de la cellule Hockey2School. « Nous devons passer par les écoles : c’est ce qui sera le plus productif pour développer le hockey. Nous avons, sur une période de 6 mois, formé 350 jeunes dans mon école ; ce fut un grand succès, le gouvernement bulgare est venu voir et nous avons mis en avant les valeurs du hockey, l’égalité filles-garçons (il n’y a que 5% de filles qui pratiquent le hockey en Bulgarie), et plus particulièrement ici le respect de l’autorité et la non-violence. L’intégration du hockey dans le programme scolaire sera sans doute une réalité d’ici peu. C’est un plan à 10 ans qui nous conduira à une grosse progression du hockey bulgare. »
La présence de Dimitri Dubuisson est très utile pour le hockey bulgare. « Le succès de la Belgique apporte aux Belges un respect auquel je ne m’attendais pas. Ce que j’apporte chez eux est très écouté. »
Fonds extérieur
Le pays et le gouvernement ne dispose pas de budget pour le développement du sport. « Nous allons donc chercher des fonds à l’extérieur. Notamment via ‘Erasmus+‘ ou avec ‘Mobilité du Staff‘; c’est avec ce dernier partenaire que nous avons travaillé avec le Parc pour faire venir des joueurs bulgares à Auderghem pour les former. Il y a aussi un camp à Albena qui existe depuis 20 ans où des jeunes de Turquie, de Géorgie ou d’Ukraine (Europe du sud-est) qui viennent se former; c’est un camp de la fédé européenne qui fait partie du plan de développement de l’Eurohockey (EHF) pour cette région qui est plutôt peu développée. Cette année, nous aimerions bien inviter une équipe de jeunes du Parc. » Si la Belgique a déjà aidé via la LFH en lui donnant 2 kits Hockey2School, des kits supplémentaire seraient les bienvenus. « Ce qui serait bien aussi est que nous puissions envoyer nos meilleurs joueurs en Belgique, dans des camps ou des clubs, pour les former encore mieux : ce serait merveilleux… » Autre chose que Dimitri Dubuisson aimerait voir se produire, c’est de pouvoir envoyer des entraîneurs dans un ou des clubs belges pour suivre les méthodes belges, du job shadowing… : « ce serait merveilleux! »