La désignation de Laurent Dooms pour arbitrer la rencontre Gantoise-Daring a suscité de la part de plusieurs personnes une interrogation, formulée comme suit « Le président d’un de nos concurrents directs pouvait-il diriger notre rencontre ? »
Les faits
Depuis la fin de l’année passée, la présidence d’Uccle Sport a changé de main : Luc Depré a cédé sa place à un duo composé de Laurent Dooms et de Marie Bouillez. Dooms, qui est un des arbitres certifié DH, s’est enquis auprès de la Fédé d’une possible incompatibilité entre sa fonction de président et celle d’arbitre. Il lui a été répondu que non et qu’il pouvait continuer à être placé sur les listes de disponibilité. Ce dimanche, il était donc désigné par le responsable des désignations pour la rencontre Gantoise-Daring avec Magali Sergeant. La rencontre ne fut pas de tout repos et, ainsi que le relevait le journaliste de La Libre présent sur place, la fin de rencontre fut chahutée : « Ce que l’on retiendra aussi, malheureusement, c’est la fin de match tendue entre les deux équipes, catalyseur d’une frustration envers le corps arbitral qui a voulu trop laisser jouer et dont les désignations laissèrent perplexes les Bruxellois. » C’est alors sur Facebook que des échanges assez courtois mais en forme d’interrogation se multipliaient pour débattre de la question de la double fonction président de club/arbitre.
Toujours existé
Les observateurs du hockey belge ne sont pas étonnés de cette situation. Il y a toujours eu ce genre de proximité entre les arbitres et les clubs. Patrick Dekelver, qui fut président du comité d’arbitrage il y a deux décades, connaît ce problème. « Cela a toujours existé et la cellule de trois personnes qui désignait les arbitres (de mon temps, c’était Jean-François Stappaerts, Sébastien Duterme et moi) tenait compte de cette proximité; un arbitre ne sifflait jamais son club et on évitait trop de proximité. Si on avait 30 arbitres désignés DH, on pourrait plus facilement désigner en évitant les possibles conflits d’intérêt. Aujourd’hui, on est à peine à la moitié de ce chiffre, ce qui limite les choix. » L’ancien président du CA souligne que si un arbitre est désigné pour un match de DH, c’est que les deux équipes peuvent compter sur un arbitrage de qualité et qu’elles seront « bien traitées ». « Laurent Dooms est un des meilleurs et on ne peut pas se passer d’un tel arbitre. Je trouve que le procès d’intention qui est fait n’a pas lieu d’être. Un Dooms est au-dessus de la mêlée. »
Des cas célèbres
On se rappellera des arbitrages qui pouvaient énerver l’un ou l’autre club. Jean-François Stappaerts arbitrait le Watducks (il était affilié au Beerschot) qui était en lutte pour le titre. On se souvient également de Fred Deneumostier qui arbitrait le Léopold alors que son frère y tenait la place de gardien. Ces cas datent et les différents comités n’ont pas relevé de cas flagrants de favoritisme. Certes, certains arbitres étaient réputés comme n’aimant pas tel et tel club; des clubs avaient également écrit à l’ARBH pour récuser tel ou tel arbitre. Aujourd’hui, les arbitres du top et les nationaux en général, sont visionnés par les coachs d’arbitres : ils n’ont pas intérêt à siffler de travers. Au plus haut niveau, on n’entend plus dire qu’un arbitre est partial.
Ca devient compliqué
Le niveau de notre championnat est devenu tellement élevé et la pression sur les équipes et les staffs forte, au point que ces derniers exigent une qualité arbitrale de plus en plus pointue. Si un joueur commet une faute, c’est dans la logique des choses; si un arbitre commet une erreur, ça se voit et ça ne devrait pas arriver. Cette maxime met évidemment l’arbitre sous pression. « Aujourd’hui, on n’a plus des personnalités comme Jacky Manneback, Jean-Pierre Speleers, Georges Collignon ou Sébastien Duterme qui contrôlaient les rencontres. Nos arbitres actuels se laissent porter par le jeu et gèrent au mieux, tout en sachant qu’un match peut exploser à tout moment », constate Patrick Dekelver. Certains arbitres sont plus ronds en prônant le dialogue et la conciliation, d’autres sont plus directs et sévères en jouant de la carte. « C’est une difficulté qui est liée à l’humain. Cette cohérence est difficile à obtenir. » Il est certain que le système des cartes jaunes joue dans la tête de certains et que le principe de la 4e jaune (et suivantes) signifiant rouge pèse lourd.
Le public a également son mot à dire : certains arbitres ont arrêté de siffler sous la pression de supporters trop véhéments. Le plan arbitrage est d’ailleurs occupé à « traiter » le sujet.
Vaste sujet.
Déjà l’idée de soupçonner qu’un arbitre, surtout à ce niveau-là quand sa prestation sera visionnée, épluchée, commentée et filmée à chaque match, puisse faire autre chose qu’arbitrer (donc impartialement) me révolte.
Dans ce cas précis j’assistais en tant que ‘‘spectateur intéressé’’ au match à la Gantoise car j’avais coaché auparavant les arbitres du match Dames Honneur.
Ceux qui ont vu ce match ou ceux qui pourront en voir la vidéo (HUDL) prise par la Gantoise vous diront qu’en fait les deux arbitres qui ont fait sur le plan technique un match presque irréprochable ont par contre été trop laxistes avec certains gestes et surtout un volume verbal bien trop élevé.
En cela, les joueurs du Daring n’ont pas laissé leur part aux chiens et peuvent s’estimer bien heureux de ne pas avoir pris verte et jaune qui auraient été bien méritées. Le ton hyper agressif de l’interpellation envers Laurent Dooms par le capitaine du Daring (suite à un PC sifflé par Magali Sergeant) en est un exemple.
Aussi, en toute fin de match, un incident impliquant un joueur du Daring aurait normalement dû se terminer par une exclusion mais l’arbitre bien conscient du pourrissement de l’ambiance a préféré une stricte réprimande envers ce joueur.
Le Daring a aussi bénéficié de la « clémence » de Magali Sergeant en laissant un avantage malheureux à l’attaquant gantois au lieu de siffler un Penalty Stroke assez facile.
Enfin, en toute fin de match Laurent Dooms a accordé un Penalty Stroke au Daring lors d’une des rares entrées du Daring balle au stick dans le cercle gantois.
Je mets au défi quiconque de me démontrer honnêtement le moindre début de décision des arbitres qui aura été ouvertement défavorable au Daring.